Le clap de fin n’a pas eu lieu vendredi comme attendu ! Est-ce que la séance parlementaire prévue ce lundi sera la dernière qui précède les vacances, permettant ainsi au gouvernement de ne plus s’embarrasser des PNQ pertinentes, à l’exemple de celle sur Kistnen (dictée par l’affidavit de Shibchurn) qui agit comme une piqûre de rappel sur un meurtre impuni et ses nombreuses zones d’ombre ?
Combien d’autres séances parlementaires reste-t-il avant la dissolution ? Le Premier ministre brouille les pistes, ne laisse pas voir son jeu et fait croire à une situation de business as usual ! Une stratégie lui permettant de gagner du temps, d’imposer un nombre de tickets à ses partenaires qui se regardent en chiens de faïence depuis le dégel des relations avec un PMSD qui attend son heure pour grimper à bord du métro de l’alliance gouvernementale.
Si toutes les spéculations sont permises autour du timing de la dissolution et de la date des prochaines législatives (qui évolue chaque semaine), en revanche, les agitations auxquelles on assiste dans tous les camps politiques témoignent d’une intense pression au niveau du choix des candidats !
Tous les yeux sont désormais rivés sur plusieurs circonscriptions où il y aurait plus de candidatures que de tickets, provoquant une lutte de places. C’est ainsi que la présence du leader Duval aux côtés de Ramano lors d’une cérémonie religieuse alimente les interrogations autour de la candidature de la députée Diolle, bras droit de Ganoo, membre fondatrice de Linite Militan et mal-aimée d’une partie des partisans MSM dans la circonscription no 18. Chez les Duval, il n’y a pas que le père – qui nie toujours avoir un pied dans le gouvernement – qui occupe l’actualité ! Voici le fils qui, à peine nommé Speaker, fait face à une motion de censure par l’opposition parlementaire après qu’il a été vu en compagnie d’un ministre et d’un potentiel candidat orange dans la circonscription de Grand-Baie-Poudre-d’or !
Certes, le jeune Duval pourra arguer que ce n’était là qu’une rencontre sociale autour d’une compétition sportive ! Mais on connaît tous les moeurs de notre pays et la capacité de transformation des activités diverses en événements politiques ! Alors qu’il se démène pour marquer la différence d’avec son prédécesseur au Parlement, le nouveau Speaker aurait pu faire l’économie des critiques s’il n’entretenait pas les doutes en se montrant auprès d’élus ou de candidats du gouvernement !
Si au niveau de la majorité, Jugnauth se garde d’évoquer la distribution des tickets (pour ne pas créer des déceptions prématurées), ce, afin de maintenir une mainmise, en revanche, on assiste déjà à des remous dans le camp de l’opposition ou plusieurs ont claqué la porte de sortie en voyant arriver de nouvelles têtes qui leur arrache l’espoir d’une éventuelle députation.
Le challenge est du coup, non seulement de répondre aux attentes de l’alliance PTr-MMM-ND, mais d’accommoder également les trois tickets attendus par la plateforme Rezistans ek Alternativ qui ne veut pas se contenter des deux investitures proposées !
Toute cette effervescence autour du choix des candidats ne fait que nous renvoyer l’image de la pratique politique locale. Les profils sociologiques d’abord ! L’imminence d’une dissolution ne dicte même pas une proposition de programme électoral au sein des deux blocs traditionnels !
Jusqu’ici, tout n’est qu’une question de promesses de changement sur tous les plans dans le camp de l’opposition ou de continuité de la politique appliquée par le gouvernement qui fait sa campagne sur son bilan jugé exceptionnel par leur porte-parole ! À écouter les propos de la ministre Dorine Chukowry, les Mauriciens «pe viv bien malgre lavi ser…». La preuve serait, selon elle, les restaurants bondés dans les shoppings malls ! Une déclaration témoignant de la fracture sociale entre ceux qui, du haut de leur tour, avec leur salaire mirobolant, émettent des opinions toutes faites, quitte à insulter l’intelligence collective des citoyens dont une bonne partie n’arrive pas à joindre les deux bouts !
Quand on pense qu’il faut, pour la énième fois, faire face à une nouvelle augmentation des prix des produits alimentaires, quand on connaît la faiblesse de notre roupie, on se demande si la ministre vit dans le même monde que nous !