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L’apprivoisement du confinement…

12 avril 2020

Quand viendra le 4 mai, les Mauriciens auront passé 46 longs jours en confinement. Est-ce que cela aura été suffisant pour arrêter, sinon diminuer, la propagation du virus sur notre sol ? Et si la courbe reste progressivement ascendante, y aura-t-il alors une nouvelle prolongation à la manière des habitants de Wuhan, qui sont restés enfermés pendant 76 jours, avant de goûter de nouveau à la libre circulation ?

 

Question impossible à répondre, tant c’est le coronavirus qui dicte ses règles et nous angoisse avec ses statistiques galopantes d’un jour à l’autre. Ce qui dérange tout un chacun, surtout les dirigeants de la planète, car cette maladie ne permet pas une projection d’avenir. Elle assombrit les perspectives malgré la volonté des gouvernements du monde entier qui souhaitent déjà évoquer la période post-Covid-19. Pour mieux tenter de prévenir des crises multiples qui pointent déjà leur nez ici comme ailleurs.

 

À Maurice, le changement de ton du Premier ministre en l’espace de 48 heures n’a échappé à personne. En venant s’adresser aux Mauriciens le mercredi 8 avril, Pravind Jugnauth avait jugé utile de communiquer à la population, non seulement qu’une décision allait être prise autour du 15 avril, date qui devait à ce moment-là signifier la fin (ou pas) de l’urgence sanitaire, mais il avait aussi trouvé nécessaire de dire que son gouvernement travaillait parallèlement sur un plan de réouverture du pays. Était-ce prudent de l’annoncer si son équipe n’avait pas alors l’intention de prendre cette direction ?

 

Que devait-on noter ce soir-là ? Que le Premier ministre était le messager des bonnes nouvelles. Dès le début de son discours, il nous annonce que notre pays avait connu un nouveau tournant dans la bataille contre le coronavirus. C’est alors qu’il communique le nombre de guéris, 19 au total. Et il devait ajouter que dix autres patients allaient quitter le centre de traitement. Les autres échos encourageants ? La technique du plasma sanguin utilisée sur un patient à Maurice avec des résultats prometteurs ; une comparaison entre les prévisions de l’OMS et nos chiffres qui sont meilleurs que ceux craints.

 

Du reste, ce mercredi-là, il n’y avait que cinq nouveaux cas. Son information était claire : grâce aux mesures prises, la propagation était contenue. N’était-ce pas trop tôt pour  crier victoire ?

 

Beaucoup avaient vu dans cette déclaration de mercredi une pression de la part des opérateurs économiques, d’autres percevaient un exercice de communication après des signaux sévères qu’envoyait régulièrement le comité spécial du Covid-19, d’autres encore y trouvaient les premiers pas d’un «déconfinement», fut-il graduel ou rapide.

 

Toujours est-il que 24 heures plus tard, une autre nouvelle allait tout bouleverser : le comité du Covid-19 entrait en isolation après que la secrétaire d’un ministre fut testée positive. Et dans le même temps, jeudi, la réalité des chiffres remettait les pendules à l’heure : 41 nouveaux cas. C’est ainsi que vendredi, Pravind Jugnauth, en visioconférence de sa maison, sur un autre ton cette fois, s’adresse aux citoyens pour dire que le confinement serait prolongé jusqu’au 4 mai. L’effet était connu : l’annonce provoqua un soulagement au sein d’une population qui en appelle à la santé collective sur l’économie, même si beaucoup reconnaissent que la reconstruction du chantier s’avérera titanesque à l’avenir !

 

Et jusqu’au 4 mai donc ? Maintenant que nous avons apprivoisé la contraignante vie en confinement, maintenant que nous avons développé nos réflexes de ce nouveau mode de vie en combattant ensemble notre ennemi commun, que les autorités assument leurs responsabilités. Il est inacceptable que certains commerçants continuent à grossir les prix de plusieurs denrées alimentaires. Il est nécessaire d’ouvrir les yeux sur toutes les problématiques de l’enseignement dont nous pouvons mesurer certains travers avec les cours en ligne. Et il est urgent que le gouvernement trouve un moyen pour que l’Assemblée nationale puisse fonctionner. Tous ceux qui travaillent de chez eux utilisent les outils technologiques. Pourquoi pas les parlementaires ? Devrait-on attendre le 4 mai pour que le temple de la démocratie rouvre ses portes ?

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