Aucune honte ! Aucun respect des droits des citadins ! La dictature l’emporte !Encore ! La décision de renvoyer – pour la troisième fois – les élections municipales témoigne de l’état d’esprit du Premier ministre et de son équipe. Sous ses airs arrogants et autoritaires, Jugnauth serait donc peu sûr de lui et préfère abandonner le terrain de bataille, éliminant une probabilité d’échec. A-t-il peur d’affronter l’électorat urbain ?
Ainsi, malgré la présence du trio Ganoo-Obeegadoo-Collendavelloo censé lui garantir un certain nombre d’électeurs dans les villes, malgré toute l’assurance qu’il affiche à la suite de grandes manœuvres de débauchage dans les partis opposants, le Premier ministre fuit le rendez-vous politique le plus attendu de cette année !
Voilà donc un chef qui se cache de manière indécente derrière une soi-disant réforme des collectivités locales, en privant les citadins de leurs droits constitutionnels pour mieux assassiner notre démocratie déjà en lambeaux ! Est-ce le constat post-meeting 1er Mai (qui n’a pas attiré 20 000 personnes comme on a voulu le faire croire) ou sont-ce les rapports défavorables de ses services secrets sur le poids du MSM et ses alliés qui ont influé sur la décision dictatoriale du Premier ministre ?
Un acte anti-démocratique – avalisé par le Conseil des ministres vendredi – que le ministre Teeluck a tenté – indignement – de justifier samedi matin, sous couvert de réflexions en profondeur autour des collectivités locales. En méprisant notre culture politique, en donnant un grand coup de pied à notre démocratie, en ayant recours à ce genre de méthodes dignes d’un autocrate, Jugnauth n’a les yeux fixés que sur son seul et unique objectif : rester au pouvoir et le demeurer après les prochaines législatives !
Pendant qu’il essaie de gagner du temps, en renvoyant, sans scrupule, ce rendez-vous vital pour la bonne marche de nos institutions, le leader du MSM tente parallèlement de mettre ses adversaires à terre ! Et ce, à n’importe quel prix. Son comportement à l’Assemblée nationale, le plaisir affiché en répondant à une question (plantée) d’ordre privé pour se permettre d’évoquer la vie sexuelle de Ramgoolam, illustre la mentalité d’un Premier ministre qui est prêt à toucher le fond pour rester au sommet !
Est-ce qu’en fuyant les municipales, Jugnauth a préféré esquiver le match avec Ramgoolam, qui s’annonçait déjà comme leader de l’alliance de l’opposition pour cette joute urbaine ? Toujours est-il qu’en s’attaquant à la vulnérabilité du leader des Rouges au Parlement, en jetant en pâture les détails de son intimité, le leader du MSM confirme le rôle de Ramgoolam comme son principal challenger. L’objectif n’a échappé à personne : le Premier ministre veut montrer la différence entre lui et le leader du PTr qu’il présente comme un jouisseur sous tous les angles !
Le message ne s’adresse pas à tous ceux qui ont condamné avec raison le niveau dans lequel Jugnauth est tombé. La manière de faire du Premier ministre répond, tout comme le renvoi des municipales, à une stratégie de regagner le pouvoir coûte que coûte ! Et cette dernière salve de tirs obscènes contre Ramgoolam a pour but d’attirer l’attention d’une partie d’un électorat que le principe de vase communicant peut faire basculer du camp rouge au camp Orange (ou vice-versa) ! Ainsi, aux yeux du Premier ministre, l’électorat qui est dans sa ligne de mire ne cautionnera pas la vision d’un candidat aux mœurs libérées, s’adonnant aux plaisirs de la vie. «Après une hyperactivité sexuelle rendue possible par des produits dopants, la bête a recours à des produits pour se reposer. Même Casanova n’aurait pu imaginer un tel cocktail !» Quand on pense que le Hansard – contenant jadis des discours d’exceptionnels visionnaires – portera à jamais ce commentaire honteux d’un Premier ministre, on sait qu'on a affaire à un chef ne lésinant sur aucun moyen pour rester au pouvoir et tenter de gagner les prochaines législatives !
Le renvoi des municipales, que le Premier ministre tentera de justifier mardi prochain, entouré de son assemblée de béni-oui-oui, fait partie d’un plan d’ensemble : mainmise sur nos institutions, exercice du pouvoir dans un État policier, climat de la peur, répression, menaces sur la presse, les politiciens de l’opposition, les avocats et les citoyens qui ont l’esprit critique. La dictature l’a déjà emporté !
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