Publicité
12 avril 2025 19:08
La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump a connu un coup de théâtre. Ce mercredi 9 avril, quelques heures seulement après l’entrée en vigueur des surtaxes douanières contre la plupart des pays du monde, le président américain est venu annoncé «une pause de 90 jours». Il ramène ainsi à 10% les droits de douane «réciproques», excepté pour la Chine, dont les produits, à l'heure où nous mettions sous presse allaient être imposés à 145%.
Il y avait, d’un côté, les États-Unis et, de l’autre, le reste du monde... Et au cœur de cette bataille commerciale lancée par le président américain Donald Trump : un conflit autour des droits de douane imposés. Une actualité pleine de rebondissements. Au milieu des incertitudes, entre les mots comme «crise financière» ou «récession» qui, plus que jamais, ont résonné ces derniers jours à la suite des mesures prises par Trump, est venu s’ajouter un coup de théâtre : le président américain a annoncé au monde, ce mercredi 9 avril, une trêve de 90 jours concernant les taxes décidées précédemment.
Ces derniers jours, Donald Trump a ainsi soufflé le chaud et le froid sur le commerce mondial. Pour rappel, le samedi 5 avril, les produits entrant sur le sol américain ont été frappés d’un droit de douane additionnel de 10 %, soit précisément 10 points de pourcentage. Ensuite, le mercredi 9 avril, des dizaines de pays devaient être visés par des surtaxes personnalisées, calculées par les équipes gouvernementales américaines, alors que les marchés boursiers mondiaux plongeaient dans la tourmente.
Mais voilà que ce même mercredi, Donald Trump a finalement annoncé une réduction temporaire des droits de douane à 10 % pendant 90 jours, applicable à tous les pays, à l’exception de la Chine. Les droits de douane additionnels appliqués aux produits chinois par les États-Unis atteignent – du moins, à l'heure où nous mettions sous presse – désormais 145%, selon un décret de la Maison Blanche publié ce jeudi 10 avril, précisant les conditions d'application de la nouvelle offensive visant la Chine. «En raison du manque de respect de la Chine envers les marchés mondiaux (...), j’augmente les droits de douane», a déclaré Trump, ajoutant : «Dans le même temps, en raison de la volonté de plus de 75 pays de négocier, j’ai autorisé une pause de 90 jours, avec des droits réciproques substantiellement réduits à 10 %, également effectifs immédiatement pour les autres pays.»
Rebondissement
Au moment où nous mettions sous presse, la guerre commerciale s’était transformée en un duel entre superpuissances. Dans un post sur Truth, son réseau social, Trump a affirmé que la deuxième puissance mondiale devait cesser de «dépouiller» les États-Unis. Il a aussi confié avoir observé les réactions à son annonce. «Je surveillais le marché des obligations. C’est un marché très compliqué», a-t-il déclaré, tout en reconnaissant que ses mesures tarifaires «effrayaient un peu». «Il faut être flexible», a-t-il justifié, en expliquant sa décision de suspendre les hausses de droits de douane, ramenés à 10 % pour l’ensemble des pays, pour une période de trois mois.
Friedrich Merz, le futur chancelier allemand, a salué la décision de Trump comme une «réaction à la détermination des Européens». Ce revirement intervient alors que les précédentes annonces sur les taxes avaient provoqué une onde de choc sur les marchés, suscitant des réactions de la Chine, de l’Union européenne et d’autres puissances économiques. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : les Bourses européennes et asiatiques ont enregistré, ces derniers jours, une chute brutale, marquée par un mouvement de vente qualifié d’«historique». Autrement dit, les nouveaux droits imposés uniformément la semaine dernière à presque tous les pays restent en vigueur. Mais ceux mis en place récemment, calculés en fonction du déficit bilatéral américain par pays, sont provisoirement suspendus.
Face à ce rebondissement, Wall Street semblait prête à rebondir après plusieurs séances chaotiques. Donald Trump, plus imprévisible que jamais, marque une pause dans cette guerre commerciale, le temps d’ouvrir des négociations. Le monde des affaires a été pris de court par cette annonce surprise du président américain. Parmi les interrogations : Trump est-il en train de reculer ? Certains experts évoquent le risque de déstabilisation économique, jugé trop élevé, ou encore la flambée des prix à la consommation aux États-Unis, conséquence directe des surtaxes, pour expliquer cette trêve inattendue. Cette actualité ne laisse personne indifférent. À Maurice également, elle suscite une vive attention. Suttyhudeo Tengur, président de l’Association for the Protection of the Environment and Consumers (APEC), suit de près ce dossier brûlant.
«Le volte-face de Trump ne signifie pas que Maurice est désormais à l’abri ou que tout est réglé. Lorsque l’UE a mis en place sa taxe réciproque, en ciblant surtout les produits issus des régions américaines dirigées par Trump et les républicains, cela risquait de les affecter directement. Trump a alors reculé, en annonçant cette pause de 90 jours. Ce qui va se passer désormais, c’est que Trump cherchera à négocier avec plusieurs pays, mais cela ne règle rien. Le problème est simplement reporté pour après les 90 jours», nous explique Suttyhudeo Tengur.Qu’en est-il pour notre île ?* «Maurice risque d’être durement touchée, car nous exportons vers les États-Unis des produits comme le textile, le sucre, le poisson, les produits pharmaceutiques, les bijoux et des sous-produits de la canne à sucre pour une valeur d’environ 175 millions de dollars américains. Après les 90 jours, que se passera-t-il ? Le temps nous le dira. Mais pour l’instant, nous ne sommes pas sortis d’affaire*», conclut-il, en réagissant à cette actualité qui secoue le commerce international, sur laquelle Trump souffle le chaud et le froid en ce moment.
Publicité