Publicité
17 mai 2025 12:48
Les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump font toujours couler beaucoup d’encre. Entre contestations en justice par douze États et habitants inquiets pour leur pouvoir d’achat, le sujet continue de préoccuper...
C’est un sujet qui intrigue et préoccupe. En effet, «la libération économique» annoncée par le président américain Donald Trump est loin de faire l’unanimité. Face aux nouvelles taxes douanières imposées par le chef d’État aux pays étrangers, les habitants du pays de l’oncle Sam sont loin d’être rassurés. Certains, comme les commerçants de détail ou les industriels, s’inquiètent des conséquences sur les prix et d’une flambée des coûts sur plusieurs produits. Ils ne manquent pas de faire part de leur tourment face à une décision que beaucoup disent ne pas comprendre.
«Ici, on est surtout préoccupés avec les tarifs exorbitants qui vont nous tomber sur la tête», nous confie notre compatriote Pascale Adelson, installée aux USA, en commentant cette actualité qui interpelle. Depuis l'annonce de Donald Trump, motivé, dit-il, par l’objectif d’enrichir les Américains, la mesure est loin d’être accueillie positivement. Dans son discours d’investiture, le président américain avait ainsi déclaré, pour expliquer sa démarche, qu'«au lieu de taxer nos citoyens pour enrichir d’autres pays, nous imposerons des droits de douane et des taxes aux pays étrangers pour enrichir nos citoyens».
Les Américains, de leur côté, ne l’entendent pas de cette oreille. Dans plusieurs médias internationaux, beaucoup disent craindre l’impact des nouveaux droits de douane sur leur pouvoir d’achat. Ainsi, ces derniers temps, craignant le pire dans les semaines à venir, certains, les plus inquiets, ont pris d’assaut les commerces pour se ravitailler en produits alimentaires, textiles et autres biens dont les prix risquent de grimper. Par exemple, de nombreux consommateurs se sont récemment tournés vers des boutiques de vêtements, la plupart de ces articles étant fabriqués en Asie, notamment en Chine, lourdement concernée par la taxe imposée par Trump.
De nombreux électeurs qui avaient voté pour Trump aux dernières élections commencent ainsi à faire entendre leur voix. Car si beaucoup avaient choisi de voter pour Donald Trump, c’était parce qu’ils jugeaient que leur niveau de vie se dégradait. Mais aujourd’hui, ils sont nombreux à ne plus être d’accord avec ses méthodes ni avec ses décisions. Ainsi, de nombreux citoyens auraient l’impression que l’administration Trump est «à côté de la plaque». D’ailleurs, selon un sondage, 64 % des Américains estiment que le président n’en fait pas assez pour faire baisser les prix. Et, dans le même temps, 55 % d’entre eux estiment qu’il s’occupe trop des taxes douanières.
Contestations
Une alliance de douze États américains a contesté en justice, le mercredi 23 avril, les droits de douane imposés par Donald Trump. «Le plan de droits de douane insensé du président Trump est non seulement imprudent sur le plan économique, mais il est également illégal», a dénoncé la procureure générale de l’Arizona, Kris Mayes, dans un communiqué. Selon la plainte déposée, la loi de 1977 invoquée par Donald Trump ne lui permet pas d’utiliser des mesures d’urgence pour imposer des droits de douane – un pouvoir que la Constitution américaine attribue au Congrès. «En revendiquant le pouvoir d’imposer des droits de douane considérables et en constante évolution sur tous les produits entrant aux États-Unis qu’il choisit, pour toute raison qu’il juge commode de déclarer comme urgence, le président a bouleversé l’ordre constitutionnel et a plongé l’économie américaine dans le chaos», lit-on dans la plainte déposée devant le tribunal de commerce international des États-Unis. «Peu importe ce que prétend la Maison-Blanche, les droits de douane sont une taxe qui sera répercutée sur les consommateurs», a martelé Kris Mayes. De son côté, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a qualifié les droits de douane de Trump de «pire but contre son camp de l’histoire de ce pays». Il l’a également pointé du doigt en l’accusant d’avoir «trahi» ses électeurs, notamment les agriculteurs, particulièrement affectés par la guerre commerciale avec la Chine.
Même si le très controversé président américain ne cesse de souligner que sa politique économique portera ses fruits et fera revenir la production industrielle aux États-Unis, ces derniers temps, les mesures annoncées ont surtout provoqué une vague d’incertitude et laissent présager d’autres problèmes majeurs à venir, selon de nombreux économistes.
À Maurice également, ce sujet est suivi de très près. Ainsi, la séance parlementaire de ce mardi 13 mai a été marquée par une Private Notice Question (PNQ) de Joe Lesjongard, leader de l’opposition, adressée au Premier ministre, et qui l’a interrogé sur l’imposition d’une taxe de 10 % par les États-Unis sur les exportations mauriciennes – une décision qui menace le secteur du textile du pays. Dans sa réponse, le Premier ministre Navin Ramgoolam a déclaré que l’imposition de ces tarifs douaniers par les États-Unis rend la situation économique du pays «very very challenging». Il a fait savoir que des consultations sont en cours sur le plan local. «Ces politiques commerciales imprévisibles provoquent une volatilité des marchés, une incertitude économique prolongée et rendent la planification extrêmement difficile», a-t-il précisé.
Navin Ramgoolam a aussi indiqué que des discussions avaient été enclenchées avec Paul Bérenger, le Deputy Prime Minister, pour étudier les possibilités et les stratégies à adopter. Il a annoncé qu’une session de travail s’était tenue au ministère des Affaires étrangères avec des représentants de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI), de la Mauritius Export Association et de Business Mauritius. Toujours autour de cette actualité, le Premier ministre a révélé avoir adressé, le 10 avril, une correspondance au président des États-Unis dans l’espoir d’entamer des négociations en vue d’un nouvel accord bilatéral. Il a également annoncé des discussions bilatérales en juin en Angola entre Maurice et les États-Unis.
Mais en attendant, à Maurice comme ailleurs, l’inquiétude continue à gagner du terrain…
Publicité
Publicité
Publicité