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Projet ROC (Resilient Organic Community)

Quand la résilience prend racine à Ville-Noire

21 août 2025

Sébastien Renel, tout fier de son travail au service de «mama later».

Le projet ROC (Resilient Organic Community) d’Eco-Sud, lancé en décembre 2020 à Ville-Noire, a pour but de promouvoir la sécurité et la souveraineté alimentaire à Maurice. Il agit dans trois domaines : renforcer les liens dans la communauté, encourager une agriculture durable et respectueuse de l’environnement, et promouvoir les produits du terroir. Une visite s’impose. Récit…

Sous un soleil tamisé par des nuages d’hiver en cette fin de juillet, une petite ferme pleine de vie se trouve tout près de la mer. On y entend des rires, des outils qui frappent la terre, des voix qui s’élèvent autour d’une bonne tisane maison composée d’un savant mélange de citronnelle, goyave, limon, grenadine et feuille de mangue. C’est une spécialité locale qui surprend par sa douceur. Bienvenue au cœur du projet ROC (Resilient Organic Community), une initiative de l’organisation non gouvernementale (ONG) Eco‑Sud qui réinvente l’avenir en revenant à l’essentiel : la terre, le lien humain et une assiette pleine de sens. Cet ambitieux projet a été imaginé en mars 2020 en pleine crise sanitaire et écologique, à savoir le confinement du Covid‑19 et le naufrage du MV Wakashio, et mis sur pied en décembre 2020.

Rachele Bhoyroo et Caroline Fitz-Gibbon nous expliquent cet ambitieux projet lancé en décembre 2020.

Pour Caroline Fitz-Gibbon, coordinatrice du projet, ces événements ont été un véritable électrochoc pour des familles de la région sud du pays. «Nou finn gagn lide pou fer bann dimounn vilnerab tras lavi lor later. Nou fer zot devlop enn bwat zouti pou zot pa give up», confie-t-elle. En d’autres mots : permettre aux plus vulnérables de reconstruire leur vie à partir du sol, au sens propre. Le projet se développe autour de trois axes : communauté, agriculture durable et alimentation saine. Mais plus encore, ROC est une aventure profondément humaine. Ici, on travaille ensemble, on apprend ensemble, on guérit ensemble. «L’approche est participative. Les bénéficiaires sont impliqués dès la conception des activités», explique Caroline.

Louis Gérard Monty tenant dans ses mains des grains fraîchement cueillis.

Cette méthode est connue comme community-based. Elle renforce l’efficacité du projet et le sentiment d’appartenance. La ferme ROC à Ville-Noire cultive bien plus que des légumes. Sur les parcelles ombragées, on trouve des papayers, des bananiers, du manioc et des brèdes, cultivés selon des pratiques agroécologiques. «L’idée, c’est de préserver la biodiversité locale tout en renforçant notre autonomie alimentaire», explique Louis Gérard Monty, un des fermiers. Toute l’année, des ateliers permettent aux Mauriciens et aux volontaires comprenant des familles, des jeunes, des retraités d’apprendre à composter, semer, récolter, nous dit, pour sa part, son collègue Sébastien Renel. Le compostage est d’ailleurs le dada de Léon Razafindrakoto, un autre fermier. Il est passé maître dans l’art.

Cuisine du terroir

L’autre pilier du projet ROC, c’est la cuisine du terroir – permettre aux gens de se reconnecter à leur alimentation à travers la terre. Dans un coin de la ferme, un atelier cuisine bat d’ailleurs son plein. On y prépare des plats traditionnels à base de légumes fraîchement cueillis. Mais au-delà du goût, il y a l’intention : valoriser des produits locaux, en circuit court, accessibles et sains.

La ferme a une partie réservée uniquement pour les semences.

En 2021, Laboutik Solider complète le dispositif ROC. En collaboration avec Caritas Mahébourg, Mahébourg Espoir et d’autres ONG locales, elle a proposé des produits alimentaires de base à prix réduits (jusqu’à 70 % du prix du marché) pour des familles identifiées comme vulnérables.

On trouve des papayers, des bananiers, du manioc et des brèdes, cultivés selon des pratiques agroécologiques.

«En quatre ans, nous avons touché environ 350 familles à travers Laboutik, les initiations à l’agroécologie et un soutien psychosocial», précise Rachele Bhoyroo, responsable de communication chez Eco-Sud. Aujourd’hui Laboutik Solider s’est transformée en un espace d’autonomisation à travers l’agroécologie et la transformation des produits alimentaires. Grâce à l’appui de l’Organisation internationale pour la francophonie (OIF), ROC a lancé une formation gratuite en entrepreneuriat pour les femmes. «L’objectif est de permettre aux femmes de pouvoir acquérir des connaissances en agriculture et la transformation des produits agricoles locaux afin de pouvoir générer des revenus», précise Rachele.

Léon Razafindrakoto, le spécialiste du compostage.

Le projet : Plante, Kwi, Transmet vise à former 60 femmes et les accompagner dans la mise sur pied de leur business «À travers ce projet, ROC devient un levier pour soutenir et accompagner les femmes à concrétiser leur projet d’entreprenariat», souligne Rachele. Elle explique que c’est aussi une transmission de valeurs et de connaissances pour de nombreuses femmes. «Zot transmet seki sorti dan later ziska zot lasiet», confie-t-elle. ROC n’est pas qu’un projet agricole. C’est une réponse globale à la fragilité croissante des communautés face aux chocs environnementaux et sociaux. Il incarne une autre façon de faire. Une manière d’habiter le monde avec respect, solidarité et bon sens.

Envie de participer ?

Les inscriptions pour participer au projet de formation Plante, Kwi, Transmet sont ouvertes. Aucune qualification n’est requise, juste l’envie d’apprendre et d’avancer. Les inscriptions se font sur place à la ferme. Ceux et celles qui souhaitent passer une demi-journée à la ferme ROC pour s’initier à l’agroécologie ou à la cuisine locale peuvent le faire de 8 heures à 13 heures avec déjeuner. Rendez-vous sur ecosud.mu pour plus d’infos à ce sujet.

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