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Accidents fatals

Quatre nouvelles familles brisées par la douleur

11 février 2025

Les derniers chiffres de la police sur les accidents de la route indiquent qu’il y a une hausse inquiétante dans le nombre de victimes depuis le début de cette année. À ce jour, 17 personnes ont perdu la vie contre 14 pour la même période en 2024. La dernière victime est un motocycliste de 24 ans qui a succombé à ses blessures après huit jours d’hospitalisation. Trois autres jeunes – deux autres motocyclistes et une personne qui voyageait en croupe sur l'une des motos – sont également décédés tragiquement durant la semaine écoulée, plongeant leur famille respective dans une détresse sans précédent.

Deux amis unis dans la mort à Providence

Adèle, la compagne de Yash Issur : «Kifer polisie-la inn rod sove si li pa antor ?»

La jeune femme de 26 ans se retrouve désormais seule avec sa fille de 2 ans.

Elle reçoit une visite particulière en cette fin de matinée. Celle de deux femmes qui travaillent au ministère de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille. Elles viennent aux nouvelles après les tragiques événements survenus quelques jours plus tôt et qui ont coûté la vie à son compagnon. Assise sur les genoux de sa mère, la petite Kylie, 2 ans, ne comprend rien à la situation. Elle joue en toute innocence. Son attention est braquée sur un appareil pouvant faire des bulles à savon appartenant à une petite voisine venue lui rendre visite en compagnie de sa mère. D’autres personnes sont également présentes dans la demeure familiale pour soutenir Adèle, 26 ans, la mère de la fillette, ainsi que sa grand-mère paternelle Sangeeta, âgée, elle, de 50 ans.

Les deux fonctionnaires leur disent, entre autres, qu’elles bénéficieront d’un soutien psychologique pour les aider à faire leur deuil. Yash Issur, le fils de Sangeeta, est la deuxième victime de l’accident de Providence survenu le lundi 3 février. Ce maçon de 25 ans était le passager sur la moto de «so bon kamarad» Kaviraj Gangapardan lorsque celle-ci est entrée en collision avec une voiture. Selon des témoins, le conducteur de celle-ci effectuait un dépassement dangereux à ce moment-là. Les premiers officiers arrivés sur place, à Providence, vers 19h45, ont constaté qu’une voiture, un camion et une motocyclette étaient impliqués dans l'accident. Un policier de 30 ans, affecté à la CID de Moka, était au volant de la Mitsubishi. Un homme de 59 ans, habitant Sebastopol lui, était au volant du poids-lourd.

Le choc avait été d’une rare violence pour le motocycliste et son passager. Kaviraj Gangapardan et Yash Issur avaient déjà succombé à leurs nombreuses blessures lorsque le personnel du SAMU est arrivé sur place. La police indique que le chauffeur-policier a été transporté vers le SAJ Hospital par des volontaires car il avait également des blessures. Il a été admis dans cet établissement. Le chauffeur du camion a, lui, été relâché sur parole. Il a toutefois comparu devant le tribunal de Flacq le lendemain sous une accusation provisoire d’homicide involontaire. La police avance que son alcootest et celui du policier sont négatifs. 

L’officier de la CID a toutefois dû fournir un échantillon de son sang pour les besoins de l’enquête. Pour cause : il y a des graves allégations contre lui. «Ena boukou kitsoz louss kinn pase apre sa aksidan-la», confie Adèle qui a été informée du drame par un voisin. Elle ajoute, révoltée : «Kifer polisie-la inn rod sove si li pa antor ? Yash ti ankor pe respire kan monn ariv laba. Li tinn prozete dan enn karo kann. Songo ti fini mor. Se enn vwazin kinn amenn mwa laba sa zour-la. Ti deza ena dimounn plin lor sime. Polisie kinn fer aksidan-la inn dir mo vwazin pran mwa ale. Bel diskision inn leve apre ant polisie-la ek bann lezot dimounn ki ti la. Mo vwazin inn trouve bien kouma li ti pe zet boutey lalkol dan karo kann. Bann polisie ki ti la inn anpes mwa koz ek mo misie.» Son voisin, qui est également un ami de Songo et Yash, a, lui, pu échanger quelques mots avec ce dernier. «Linn dir mwa get so madam, so zanfan ek so mama bien», nous dit-il. Adèle, de son côté, affirme que son compagnon ne méritait pas ce terrible sort : «Li pa merit enn lamor koumsa !» Elle précise que plusieurs personnes qui auraient été témoins de l’accident allèguent que l’irréparable s’est produit lorsque le policier a fait un dépassement dangereux au volant de sa Mitsubishi noire. «Polisie-la ti pe double trwa masinn kan linn frot ek sa kamion-la ek tap anplin ek motosiklet sa de la ki ti pe roule dan lot lane. Ena plizier zimaz pou sa. Sofer-la ti rod sove apre. Bann lezot sofer ki ti la inn bizin blok li ziska lapolis vini.» 

La jeune femme avance qu’un de ses voisins aurait reçu de graves menaces de certains policiers lorsqu’il a voulu faire une vidéo d’une scène où des membres des forces de l’ordre auraient tenté d’intimider le chauffeur du camion quand celui-ci a commencé à dire que l’accident s'était produit après que le policier a fait un dépassement dangereux. «Enn bann lezot lapolis inn vinn menas mo vwazin apre, divan so laport, akoz linn dir linn trouv polisie-la zet enn boutey dan kann», allègue Adèle. Son compagnon et elle étaient en couple depuis sept ans. Le jeune homme projetait de rénover la maison familiale cette année pour permettre à leur fille de grandir dans de meilleures conditions. De plus, toute la famille avait prévu de partir en vacances à Rodrigues en août prochain. Le destin en a cependant décidé autrement. Au grand dam de tous ses proches, dont Sangeeta qui perd son fils unique dans des circonstances horribles alors qu’elle se remettait à peine du décès de son époux il y a trois ans, presque jour pour jour. Ce dernier est mort d’un arrêt cardiaque.

Kalawtee, la mère de Kaviraj Gangapardan : «Enn sel zanfan mo ti ena, la ousi monn perdi li»

Cette dame de 59 ans est inconsolable depuis le décès tragique de son fils unique.

Elle est dévastée. Le cœur de Kalawtee Gangapardan, 59 ans, est en lambeaux depuis le décès tragique de son fils unique Kaviraj Gangapardan, plus connu comme Songo. Cet homme de 37 ans est mort sur le coup dans le terrible accident de la route survenu à Providence le 3 février. L’habitant de Melrose pilotait la moto qui est entrée en collision frontale avec la voiture d'un policier. Son ami Yash Issur, 25 ans, qui voyageait en croupe sur la moto, est également décédé peu après. L’autopsie indique que Kaviraj Gangapardan a rendu l’âme à la suite d’un «shock due to multiples injuries». Son passager Yash Issur a, lui, succombé à un «shock due to injuries to abdomen».

C’est avec une peine infinie que Kalawtee a dû organiser les funérailles de son unique enfant. «Enn sel zanfan mo ti ena, la ousi monn perdi li», lâche la quinquagénaire qui est veuve depuis 19 ans. Son fils était célibataire et gagnait sa vie comme maçon. «Mo garson tousel ti pe travay pou roul lakaz», confie l’habitante de Melrose. Mère et fils vivaient dans une maison de location depuis deux ans. Le jour fatidique, elle a appris la terrible nouvelle par l’intermédiaire d’un ami de son fils. «Motosiklet ki zot inn fer aksidan-la pou mo garson sa. Li ti sorti pou al aste sigaret Quartier-Militaire. Lot garson-la so kamarad sa. Monn perdi mo zanfan, enn bel soufrans sa. Monn perdi tou zordi», pleure Kalawtee. 

La quinquagénaire semble porter tout le poids du monde sur ses frêles épaules suivant cet événement tragique qui la prive à jamais de son fils, alors qu’elle pensait qu’ils seraient tous deux bientôt délivrés d’une autre affaire qui avait bouleversé leur vie il y a quelque temps. Son fils avait été arrêté pour un délit sexuel il y a deux ans et était en liberté sous caution. L’affaire allait bientôt être appelée en cour et mère et fils espéraient un heureux dénouement. «Nou ena nou lakaz dan Montagne-Blanche. Enn vwazinn 24 an ti akiz mo garson inn fer atousman lor li. Linn touzour dir enn foss case sa ek ki sa tifi-la inn piez li. Lapolis ti aret mo garson pou sa. Mazistra ti donn mo garson kosion me ti dir li ki li bizin res lwin ek tifi la. Lerla mem nou finn pran enn lakaz pou lwe dan Melrose. Case-la ti pe vini dan mwa avril-la», précise Kalawtee.

Aujourd’hui, cette affaire ne la préoccupe plus ; le décès tragique de son unique enfant en ce début de février a pris toute la place dans sa tête et dans son cœur. «Mo pe tann boukou kitsoz lor sirkonstans aksidan kot mo garson inn mor. Bann polisie sipoze donn bon lexanp. Seki monn tande lor sa polisie-la pa bon ditou. Ena temwin inn dir ki li ti pe kondir bien brit sa zour-la. Nou anvi kone si vremem li ti bwar ek kondir sa zour-la. De inosan inn perdi zot lavi par fot sa polisie-la. Enn sel zanfan mo ti ena, la ousi monn perdi li», se désole Kalawtee d’une voix cassée et remplie d’une détresse que le temps aura du mal à guérir. 

Un jeune soudeur de 22 ans meurt après une collision mortelle à Deep-River

Dora, la mère de Ryan Peronet : Mo garson pann resi realiz so rev al Canada»

Leur cœur est en miette. Difficile de reprendre leur routine depuis le terrible malheur qui est venu bouleverser leur quotidien à jamais. Dora, 51 ans, et son époux Lewis, 55 ans, ont le visage marqué par une immense souffrance. Ils viennent de perdre leur fils dans des conditions tragiques. Ryan Peronet, 22 ans, a succombé à ses blessures après une collision mortelle survenue sur la route principale à Deep-River, le 3 février. Une vidéo du drame provenant d’une caméra de vidéosurveillance a d’ailleurs fait le buzz sur les réseaux sociaux. Le jeune homme pilotait une moto au moment de l’accident. «Motosiklet-la pou li mem sa», nous dit son père. Mais il ne sait toujours pas «kot li ti pe ale sa zour-la»

Ryan était le benjamin de sa famille. Le couple Peronet a aussi une fille aînée et un autre fils. Dora raconte qu’elle a appris la terrible nouvelle lorsqu’elle rentrait chez elle après le travail. «Mo lot garson inn anons mwa sa move nouvel-la lor telefonn. Ryan ti fek sorti travay. Ziska ler nou pa kone kot sa li ti pe ale kan linn fer aksidan. Mo sipoze linn desede dan van lapolis kan inn amenn li lopital, parski linn ariv laba bann dokter ek infirmye inn konstat so lamor», confie Dora. Sa famille et elle ne connaissent toujours pas les circonstances du drame. «Nou ousi nou finn trouv sa video kinn sirkile lor rezo sosio-la parey kouma tou dimounn. Nou pena okenn linformasion lor aksidan-la», précise Lewis. 

La seule chose qu'il sait, c'est que son fils «ti pe roul an direksion Olivia dapre bann trass ki ena lor sime». Selon les premiers éléments de l’enquête policière, Ryan Peronet roulait effectivement en direction de Montagne-Blanche lorsque l’impensable s’est produit. La police avance que l’accident a eu lieu sur la route principale à Deep-River. Les policiers se sont rendus sur place aux alentours de 16 heures et ont constaté que deux voitures et une motocyclette étaient impliquées dans cet accident. Les deux véhicules, dont l'un était conduit par un jeune homme de 28 ans, habitant Candos, et l’autre par une jeune femme de 31 ans, habitant Olivia. 

Ryan Peronet aurait d’abord heurté la voiture du jeune homme qui roulait en direction opposée, vers Bel-Air, avant d’être projeté vers l’autre voiture conduite par la jeune femme qui se dirigeait, elle, vers Belle-Rive. L’alcootest des deux conducteurs est négatif. Ils font toutefois l’objet d’une accusation provisoire d’homicide involontaire. Le rapport d’autopsie indique que le jeune soudeur a succombé à un choc dû à de blessures multiples. Ses funérailles ont eu lieu le lendemain du drame en l’église Saint-Esprit, à Bel-Air.

Ryan et les siens venaient de s’installer à Pont-Lardier. Cette famille vivait, au préalable, à Riche-Terre. «Ryan ti enn zanfan bien popiler. Li pa ti difisil pou li fer bann nouvo kamarad isi dan landrwa», soutient Dora. Le jeune homme était soudeur de profession. Il caressait le rêve de construire sa maison. «Mo garson pann resi realiz so rev al Canada. Li ti anvi al travay laba pou gagn kas pou ranz so lakaz», regrette Dora. Son fils a étudié au collège St-Gabriel où il s’est spécialisé en soudure marine. Il avait d’ailleurs fait un stage au Chantier Naval de l’océan Indien pendant ses années d’études. 

«Li ti fek aste sa motosiklet-la pou li kapav al travay pli fasil dan enn konpani prive. Li ti sipoze vann li biento pou finans so bann demars pou al Canada», se lamente Lewis. Sa famille et lui arriveront-ils à se relever un jour de ce drame qui les atteint de plein fouet ? Lewis en doute fort tant la douleur qu'ils ressentent est insupportable.

Son fils de 24 ans décède après huit jours d’hospitalisation suivant une sortie de route

Kalianee, la mère de Sunil Bhoobun : «Mo garson inn boukou soufer avan li mor»

Ishwaraj tenant dans ses mains des débris de sa moto après la sortie de route qui a coûté la vie à son fils (photo en médaillon).

Organiser les funérailles de son enfant est une expérience bouleversante. Ishwaraj Bhoobun, un pêcheur de 58 ans, et son épouse Kalianee, 48 ans et femme au foyer, en savent désormais quelque chose. Ces habitants de Melville, à Grand-Gaube, ont perdu une partie d'eux-mêmes après le décès tragique de leur fils Indrajeet, plus connu comme Sunil. Ce jeune homme de 24 ans a succombé à une infection alors qu’il était hospitalisé depuis huit jours suivant un terrible accident de la route dans la soirée du 28 janvier. Le Nordiste a été incinéré au crématoire de Daruty, le 6 février. «Linn fer aksidan dan landrwa mem kan li ti pe retourn lakaz. Fami inn gagn nouvel so aksidan par enn so kamarad», raconte Ishwaraj. 

La police s’est rendue sur place vers 19h55. Selon la police, Sunil Bhoobun pilotait une moto qui a terminé sa course contre un mur en pierre sur la route principale à Melville, Grand-Gaube, non loin de la boutique Bissoo. Le jeune homme avait plusieurs blessures graves à la tête et aux deux jambes. Le jeune homme a pu balbutier quelques mots à son père ce soir-là avant d’être transporté à l’hôpital SSRN. «Li ti dir mwa pa kit li ek res ek li avan lanbilans SAMU pran li. Li ti ousi dir mwa ki linn tap ek sa miray-la akoz enn masinn. Li dir mwa ki li ti pe roule trankil kan masinn-la inn tap li kout full phare», raconte Ishwaraj.

Il ajoute que c'est pour cette raison que son fils a fait une sortie de route ce soir-la. «Sime-la sere. Sa inn fer li derape. Linn dir mwa ki linn pez so frin me zafer-la pann trape ditou. So masinn inn saye. Lerla mem linn tap anplin ek enn miray ros ki fek ranze bor sime. Linn perdi konsesans apre. Pa ti ena plas dan ICU lopital Pamplemousses sa swar-la. Lerla bann dokter inn admet li lopital SAJ», souligne le quinquagénaire. Sunil a été placé sous respiration artificielle pendant quelques jours. Le 4 février, le jeune homme a été transféré à la salle 0.3 de l’hôpital du Nord après qu'il a repris connaissance.

«Bann dokter ti tir bann laparey ek li pou kone kouma li reazir. Linn koumans respire par limem lerla. Nou ti panse li pou korek», souligne Kalianee. Hélas, son fils a poussé son dernier soupir le lendemain matin, vers 7h20. «Mo misie ek mwa ti al rann li vizit lopital sa gramatin-la. Mo misie ti rant dan lasal pou get li avan. Linn remarke ki li pa pe respire ek pe get lao san okenn reaksion. Linn kriye bann infirmye. Mo trouv bann-la galoupe apre ek telefonn bann dokter. Zot inn dir nou kit lasal ek zot inn fer tou seki zot kapav pou reanim li», se souvient Kalianee.

Ce que le couple craignait le plus a fini par se produire. «Enn dokter inn vinn get nou apre pou anons nou dese mo garson. Pa ti ena okenn laparey ni serom ek li sa moman-la. Mo garson inn boukou soufer avan li mor. Bann dokter ti fini koup so lipie gos. Li ti azite boukou akoz sa. So de lame ti atase ek lili. Li ti ousi ena fraktir lamaswar. So figir ti defigire. Bann dokter ti ousi dir nou ki so zepol ek so bann kot ti fele», confie Kalianee les larmes aux yeux.

Sunil a fait cette sortie de route sur une Pulsar appartenant à son père. «Mo garson ti sorti karo ek okip so bann zanimo. Li ti ena bouk, kabri ek vas. Li ti sorti donn zot manze. Apre sa, linn pran mo motosiklet pou al lamer pou rod labwet pou lapes. Linn fer aksidan kan li ti pe retourn lakaz», souligne Ishwaraj d’une voix rempli d'un chagrin incommensurable. 

Réintroduction du permis à points : les experts sont d’accord, mais…

Face à la hausse préoccupante des accidents de la route, le Premier ministre Navin Ramgoolam a annoncé ce mardi 4 février, au Parlement, la réintroduction du Penalty Point System (permis à points). Supprimé en février 2015, sous l’ancien gouvernement, ce système vise à responsabiliser les conducteurs en sanctionnant les infractions tout en encourageant le respect du code de la route. Alain Jeannot, président de l’association Prévention Routière Avant Tout et ex-président du National Road Safety Council, Manoj Rajkoomar, secrétaire de l’Association des Moniteurs d’Auto-École, et Barlen Munusami, ancien sergent et expert en sécurité routière, nous donnent leur avis sur réintroduction annoncée.

Barlen Munusami : «Le permis à points pourrait évidemment réduire le nombre d’accidents sur nos routes. Entre son introduction en 2013 et sa suspension en 2015, le taux d’accidents avait diminué de 13 %. Ce système est efficace car il cible le comportement des conducteurs et les encourage à adopter de meilleures habitudes pour éviter la perte de leur permis. Toutefois, des lacunes avaient été relevées à son lancement. Il est donc essentiel de le réviser en y intégrant des stages de récupération de points, permettant aux conducteurs d’améliorer leur conduite tout en corrigeant leurs erreurs, plutôt que de simplement les sanctionner.»

Alain Jeannot : «Je suis favorable à toutes les mesures qui visent à protéger les vies sur la route. Le permis à points est un outil de répression, de dissuasion et aussi d’éducation. Il a fait ses preuves dans bien des pays, surtout lorsqu’il est implanté dans des conditions qui s’accordent à son fonctionnement optimal. Le permis à points a aussi le mérite d’être bien connu du public. Je ne peux qu’accueillir favorablement sa réintroduction. Toutefois, il serait souhaitable que nous nous rendions compte que ce n’est pas une potion miracle à toutes nos défaillances et nos faiblesses. Certains pays tels que la Malaisie, l’Inde et l’Afrique du Sud disposent de ce système, mais ils affichent un taux de fatalité par habitant très important. En Inde, où 74 % du parc de véhicules est constitué de deux-roues motorisés, il y a un mort toutes les trois minutes. À Maurice, 37 % des véhicules sont des deux-roues motorisés. Il serait souhaitable de réduire leur exposition en complément du permis à points. Il serait aussi souhaitable de mettre un accent encore plus régulier sur l’entretien des infrastructures. Si l’homme peut faire des erreurs, l’infrastructure, non.»

Majoi Rajkoomar : «Le permis à points est une mesure efficace pour dissuader les conducteurs de commettre des infractions. Toutefois, il ne suffit pas à lui seul : il doit être accompagné de mesures parallèles. Lors de son introduction en 2013, des lacunes ont été relevées. Il est donc essentiel d’apporter une version révisée afin d’éviter les mêmes erreurs. Les conducteurs doivent être informés des infractions entraînant une perte de points. De plus, ceux qui perdent des points involontairement, sans faute grave, devraient pouvoir les récupérer en suivant une formation payante, favorisant ainsi une approche pédagogique plutôt que purement punitive.»

Un permis progressif aussi à l’agenda

Les accidents sont au cœur des préoccupations en ce moment, y compris au Parlement. Outre la réintroduction du permis à point annoncée par le Premier ministre, le ministre des Transports Osman Mahomed a aussi proposé plusieurs mesures pour réduire les drames routiers, ce vendredi 7 février, en réponse à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition Joe Lesjongard. ll a, notamment, annoncé la mise en place d’un système de permis progressif structuré en quatre phases – pré-permis, permis d’apprentissage, permis probatoire et post-permis – afin que les conducteurs puissent acquérir de l’expérience sous surveillance.

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