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18 mai 2025 08:30
Près de trois semaines après son interpellation et son arrestation du 13 mai, Nyjel Beerjeraz reste en détention. Ses proches dénoncent des lenteurs, un déséquilibre dans le traitement de l’affaire et l’absence de sanction envers les policiers concernés.
Depuis le 13 mai, Nyjel Beerjeraz, 21 ans, est toujours en détention policière. Il est accusé de tentative de meurtre, après avoir été soupçonné d’avoir volé la voiture de son grand-père et tenté d’échapper à la police lors d’une course-poursuite dans les rues de Sainte-Croix. Selon les policiers de la Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU), il aurait mis en danger plusieurs usagers de la route, percuté des véhicules en stationnement et failli renverser un enfant, avant d’être intercepté. Toujours selon le rapport de la DCIU, Nyjel aurait redémarré son véhicule pour foncer sur deux policiers, ce qui justifierait, selon eux, l’accusation de tentative de meurtre. Blessé lors de son interpellation musclée à Sainte-Croix le 30 avril –une scène filmée et largement partagée sur les réseaux sociaux –, Nyjel a d’abord été soigné à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, avant d’être transféré dans une clinique privée. Il a été arrêté à sa sortie. Nous avons pu joindre ses proches, dont son père Cédric Beerjeraz, et son grand-père Georges, qui expriment leur désarroi face au silence des autorités et à la lenteur de la justice.
Cédric Beerjeraz ne cache pas son indignation : «Il est à la station de Vallée-des-Prêtres. Je n’ai pas pu lui parler. Les policiers nous demandent juste ce dont il a besoin. Mais sa santé reste fragile : il ne peut toujours pas se tenir sur ses jambes. Il rampe dans sa cellule. La clinique a fait tous les tests Il va mieux, mais les séquelles sont bien là. Il a été arrêté le jour même de sa décharge, le 13 mai, puis présenté devant la cour intermédiaire de Port-Louis le lendemain. Je conteste fermement la charge de tentative de meurtre. C’est une manœuvre. Ils n’ont que ça pour justifier les coups qu’ils lui ont infligés. Mais on ira au bout : nous allons poursuivre la police.»
Accompagné désormais de Me Jean-Claude Bibi, Cédric explique que l’équipe légale prévoit de saisir la Bail and Remand Court. «Notre avocat nous a expliqué que cette charge a les mêmes conséquences qu’un meurtre. Nyjel repassera en cour le 21 mai. Et à partir de ce lundi 19 mai, il commencera à donner sa version des faits. Mais au-delà du combat juridique, c’est le silence des institutions qui nous interpelle. Depuis la déposition à la National Human Rights Commission, aucun retour. L’Independent Police Complaints Commission ? Silence total. Le commissaire de police ? Rien. Le gouvernement ? Pas un mot. Il a été agressé presqu’à mort ! Et malgré tout ça, les policiers ne sont même pas suspendus. Ses agresseurs sont toujours libres»
Son grand-père Georges Beerjeraz, de son côté, dénonce l’état de la voiture et l’absence d’informations concrètes : «La voiture est toujours à la Criminal Investigation Division d’Abercrombie. On l’a vue vendredi dernier. Elle est bien endommagée. Pourtant, quand elle a été stoppée, elle était intacte et légèrement ébréchée. Ce sont eux qui l’ont démolie. Et maintenant, ils parlent de tentative de meurtre ? Ça ne tient pas. Quant à l’assurance, elle a été informée par mon épouse Jeanine. Tout est en attente. Les formulaires sont remplis ; on attend la suite. Depuis le 30 avril, on revit la scène en boucle. Même sur les réseaux sociaux, il y a toujours des gens pour commenter et salir. On n’arrive pas à vivre en paix. Je fais appel au Premier ministre. Pendant sa campagne, il avait promis qu’il ne tolérerait pas les brutalités policières. Aujourd’hui, je me demande si ces policiers sont toujours en fonction. Nous attendons une réponse.»
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