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Par Elodie Dalloo
22 juin 2025 11:57
Il venait à peine de faire son entrée dans l’âge adulte. Âgé de seulement 20 ans, Andrew Roussety (photo) avait beaucoup de rêves pour l’avenir, tant sur le plan personnel que professionnel. Malheureusement, le destin avait d’autres projets pour lui. Victime d’un accident de la route le dimanche 15 juin, il a succombé à ses graves le lendemain ; un départ cruel, tragique, qui plonge les membres de son entourage dans un profond désarroi. Sur les réseaux sociaux, tous s’accordent à dire qu’«il était trop jeune pour mourir». Sans compter que, selon plusieurs témoins, il aurait pu être sauvé si les services de secours étaient arrivés plus vite sur les lieux.
La tragédie est survenue peu après 18 heures aux abords de la rue Ambrose, à Rose-Hill. Le jeune homme, un habitant de la NHDC, à Camp-le-Vieux, circulait à moto en direction de la route Hugnin lorsque son deux-roues a dérapé. Après cette sortie de route, son véhicule s’est écrasé contre un pylône en béton qui se trouvait du côté droit de la route, blessant grièvement le motocycliste. D’après Sharonne, qui vit à quelques mètres du lieu de l’accident, «il perdait beaucoup de sang mais avait encore connaissance. Lorsque nous lui avons parlé, il disait qu’il ressentait des douleurs à la tête. Nous n’avons pas pu le déplacer ou le conduire à l’hôpital de peur de le blesser davantage». En attendant l’arrivée des services de secours, un médecin empruntant cette route se serait également arrêté pour tenter de le stabiliser. «Il a fait ce qu’il pouvait, même s’il n’avait pas les équipements nécessaires avec lui.»
Notre interlocutrice déplore, cependant, la lenteur des services de secours. «Ils sont arrivés sur les lieux plus de 40 minutes après que nous les avons contactés. C’est inadmissible ! Surtout que nous leur avions bien fait comprendre qu’il s’agissait d’un cas urgent.» Avec l’aide du médecin volontaire, le jeune homme a pu être placé dans une ambulance et a été conduit à l’hôpital Victoria, où il a été admis dans un état sérieux. D’ailleurs, il était tellement blessé que les enquêteurs n’ont pas pu le soumettre à un alcotest. Contre toute attente, il a rendu l’âme le lendemain après-midi. «Je m’étais rendue à l’hôpital avec mon époux pour avoir un avis médical sur l’état de sa santé, mais c’est là que j’ai appris son décès. Cela m’attriste vraiment ; j’ai rencontré ses parents, qui m’ont fait part de tous les projets qu’il avait. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y laisse la vie, vu que j’avais pu lui parler en attendant l’arrivée des secours. S’il n’était pas resté sur l’asphalte pendant tout ce temps, il serait toujours là. Les services d’urgences ont mis beaucoup trop de temps à arriver sur place», avance Sharonne. Une autopsie a attribué le décès d’Andrew à une fracture du crâne. Ses funérailles ont eu lieu le mercredi 18 juin.
«Lenteur des secours»
Originaire de Rodrigues, Samuel, le père d’Andrew Roussety, était à Maurice pour affaires au moment où il a appris la nouvelle. «J’avais prévu de le voir à Camp-Levieux lorsque je serais venu passer quelques jours chez un ami, comme je le fais à chaque fois. Vu qu’il avait décroché son permis pour conduire une voiture, je voulais lui faire essayer celle dont je venais de faire l’acquisition», relate notre interlocuteur. Bouleversé, il raconte que «tout s’est passé très vite. Le premier jour, il a été hospitalisé, et le lendemain, il a été débranché. Cette terrible nouvelle a rendu ma fille malade».
Ayant eu l’occasion de parler à plusieurs témoins, il déplore lui aussi «la lenteur des secours, car lorsqu’un véhicule suffisamment équipé pour le prendre en charge est arrivé sur place, il avait déjà perdu beaucoup de sang». Le cœur lourd, il raconte que son fils «ti enn bon garson». «C’était un jeune avec beaucoup de potentiel et d’ambition. Il a longtemps travaillé dans le domaine de la mécanique avant de décider de changer de voie. Il rêvait de suivre les traces de son grand frère pour devenir chef et le rejoindre en France. Il suivait des cours à l’école hôtelière et venait de commencer son stage au Beachcomber». D’après notre interlocuteur, «l’erreur de mon fils a été de faire l’acquisition de cette moto. Il savait que je m’y serais opposé et ne m’a pas informé. Il n’avait pas de permis, ni de learner pour les deux-roues, mais voulait à tout prix avoir son propre véhicule. Cette moto, qu’il a achetée sur Facebook, avait été entièrement modifiée et portait même une fausse plaque d’immatriculation. Je me suis entretenu avec la police, qui m’a garanti que des arrestations sont à prévoir.»
Par ailleurs, nous avons sollicité un préposé du SAMU, qui a tenu à nous apporter des précisions sur cette intervention. «Nous avons reçu l’appel à 18h16, mais le SAMU de l’hôpital de Candos intervenait déjà sur un autre cas à La Caverne ; il s’agissait d’une patiente prise de crises et occupant le troisième étage d’un immeuble. Cette intervention a même nécessité l’intervention des sapeurs-pompiers. Faute de véhicule du SAMU, le service 114 a déployé une autre ambulance qui a quitté l’hôpital à 18h20. Lorsque la police nous a contactés à 18h37, celui-ci était déjà sur place. Le blessé est arrivé à l’hôpital à 19h05, où il a été immédiatement pris en charge, puisque nous avons des SAMU doctors aux urgences également à présent et pas que dans les véhicules.»
Notre interlocuteur précise que «les chauffeurs conduisant les ambulances ont également une formation en premiers soins. Malheureusement, même si c’est le SAMU qui s’y était rendu, la prise en charge adéquate n’aurait pu se faire qu’à l’hôpital et pas dans le véhicule». À savoir que chaque hôpital à travers l’île dispose d’un seul véhicule du SAMU uniquement après 16 heures, mais de plusieurs ambulances.
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