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Athlétisme : Le Mauricien Christian Boda (50 ans) sur le toit du monde

13 octobre 2014

Qu’est-ce qui fait courir encore Christian Boda à 50 ans ?

 

Je veux briser cette mentalité qu’avec l’âge on doit diminuer nos espoirs. Je veux être le premier Mauricien champion du monde en athlétisme même si c’est au niveau vétéran. Je cours aussi, car c’est une bonne façon de rester en bonne santé et de vivre une vie saine.

 

Vous êtes la preuve que l’âge n’est pas un obstacle pour tout sportif  ?

 

J’espère que j’en suis la preuve. Mais c’est vrai qu’avec l’âge c’est plus difficile de s’entraîner à un très haut niveau, et, donc, ça demande de la discipline et une volonté sans faille.

 

Quel est le secret de cette longévité sur piste ?

 

Mon secret, est que j’ai toujours cette volonté d’être le meilleur, et donc je me prépare toujours bien mentalement et physiquement. Je suis mon propre coach, car, à 50 ans, je me connais bien, et, donc je m’entraîne à ma façon.

 

Pensez-vous qu’une très bonne hygiène de vie soit nécessaire pour pouvoir rester un sportif de haut niveau pendant de longues années ?

 

Oui, c’est essentiel. Je suis très discipliné de nature et donc je contrôle toutes mes activités pour être sûr que je me donne les meilleures chances d’avoir du succès dans toutes mes entreprises.

 

La passion seule ne suffit pas pour réussir comme sportif ? Quels sont les autres facteurs nécessaires ?

 

C’est vrai que la passion est importante, mais il y a d’autres facteurs. Par exemple, quand j’étais dans le monde des affaires, je n’avais pas le temps de m’entraîner correctement. Depuis que j’ai pris ma retraite du monde des affaires et pris un poste de professeur au lycée, j’ai un peu plus de temps à me consacrer à l’athlétisme. Aussi, ici aux Etats-Unis, je bénéficie de beaucoup davantage car la concurrence est rude pour les places dans l’équipe des USA. La compétition ici m’a été très bénéfique et m’a poussé à élever mon niveau. L’argent n’est pas aussi important pour moi, sinon je serais resté dans le business. La qualité de vie est plus importante pour moi.

 

Parle-nous un peu des compétitions auxquelles vous participez ?

 

Je participe à des compétitions à trois niveaux ici : La première : ce sont les régionaux où je me mesure aux athlètes des états avoisinants et pour moi ce n’est pas trop dur. La deuxième, ce sont les championnats nationaux où je me mesure aux meilleurs Américains. La troisième, ce sont les mondiaux et ça c’est tous les 4 ans.

 

Est-ce qu’il y a de nombreuses compétitions pour les vétérans aux Etats-Unis ?

 

Oui, beaucoup. Je participe entre 15 à 20 compétitions par année.

 

Est-ce qu’il y a un suivi médical pour les sportifs âgés ?

 

Oui, mais à nos propres frais. Mais, on a quand même pas mal de facilités.

 

Comment gérez vous votre vie de sportif, familiale et professionnelle ?

 

Je suis très chanceux. Ma femme est une ancienne athlète et aussi une physiothérapeute. Donc elle m’aide beaucoup à rester en bonne forme et en bonne santé. D’ailleurs, toute ma famille m’aide pour mes compétitions. On voyage en famille partout et donc ça m’aide beaucoup. Du côté professionnel, je travaille pour un lycée privé très prestigieux et l’administration me supporte énormément dans tous les domaines. Je suis vraiment très très chanceux.

 

Racontez-nous une journée typique pour vous, entre les entraînements, les compétitions, la famille ?

 

Une journée typique commence à 5.30 du matin où je vais faire un entraînement léger de 30 minutes dans mon petit gymnase à la maison. Après, je me prépare pour le boulot et je finis à 3.30 pm. J’entraîne une équipe de jeunes pour les sprints, et parfois j’ai d’autres obligations professionnelles qui me retiennent dans l’après-midi. Ensuite, je pars à l’entraînement pour au moins 2 heures, avant de rentrer pour dîner et passer un peu de temps en famille. Vers 11 :00 pm, je m’isole dans mon petit gymnase et travaille sur mes équipements (treadmill, bicyclette statique et musculation) alors que je corrige les devoirs et prépare mes leçons pour le jour prochain. Je vais dormir vers les 2 :00 am tous les jours.

 

Croyez-vous que si vous étiez rester à Maurice vous auriez encore pu participer à des compétitions de haut niveau ?

 

Non je ne pense pas. Les conditions ne sont pas les mêmes.

 

Comment jugez- vous votre parcours en 2014 ?

 

Ça n’avait pas commencé très bien, car je n’arrivais pas à décoller en ce qu’il s’agit des performances. Mais, j’ai persévéré et j’ai terminé la saison invaincu dans mon groupe d’âge. J’en suis très fier de ça.

 

Quel effet ça vous fait d’être n°1 aux Etats-Unis dans votre catégorie ?

 

C’est une énorme fierté et ça me fait toujours penser à mes racines dans ce moment-là. Je ne sais pas pour combien de temps je serai n° 1, mais c’est super le feeling d’être le plus rapide au monde sur le 400m pour ma catégorie. Un Mauricien peut tout faire. Il n’y a pas de limites pour un Mauricien. Je suis aussi fier pour mon pays d’adoption, car les Etats-Unis ont été très bons envers moi.

 

Quels sont les prochains objectifs de Christian Boda en piste ?

 

L’année prochaine, j’ai trois grandes compétitions notamment, le National Senior State Games of America, où tous les champions des états vont se réunir pour choisir un champion sur chaque distance. Ensuite, il y a les Championnats des Etats-Unis pour vétérans en Floride avant de s’attaquer aux Championnats du monde à Lyon.

 

Des projets pour les athlètes mauriciens ?

 

J’aimerais bien retourner un jour et aider les athlètes mauriciens, car après 26 ans au Etats-Unis, je pense que j’ai acquis pas mal d’expérience. J’aimerais aussi pouvoir utiliser mes aptitudes    chez les vétérans, pour motiver les athlètes et non-athlètes à continuer à faire du sport et donc rester en bonne santé. Si un jour, le ministère des sports veut me parler pour entendre mes idées et aussi me laisser diriger une équipe pour le développement du sport à tous les niveaux, je répondrai très probablement présent si les conditions sont idéales pour ma famille et moi. J’ai une très bonne vie ici, mais l’île Maurice a toujours une place spéciale dans mon cœur.

 


 

Modèle de réussite sportive et professionnelle

 

Il vient d’ajouter une nouvelle ligne à son palmarès déjà fort éloquent. L’âge de la retraite n’a pas encore sonné pour le sprinteur mauricien. Christian Boda avait porté les couleurs mauriciennes dans les épreuves de sprint dans les années 80, avant de raccrocher ses spikes après une médaille d’or aux Jeux des îles de l’océan Indien 1993 dans l’épreuve du 4x100. Malgré ses 50 ans, ce Curepipien d’origine continue d’arpenter les pistes d’athlétisme aux Etats-Unis.

 

Il réside dans ce pays depuis une bonne vingtaine d’années après avoir bénéficié d’une bourse sport-étude à l’Oklahoma Baptist University. Marié à Elaine, une ancienne athlète reconverti en physiothérapeute, Christian Boda, âgé aujourd’hui de 50 ans, concourt chez les vétérans. Il est père de deux filles Ashton Kellie (16 ans) qui joue au  volley-ball et fait de l’athlétisme et Meakayla Brooke (13 ans) qui joue au basket- ball et fait de l’athlétisme.

 

Il participe régulièrement à des épreuves de sprint (100m, 400 m entre autres). Ces récents résultats en piste, marqués par des victoires, font de lui le n°1 des Etats-Unis de sa catégorie (50 à 54 ans) sur 400 mètres. Il avait remporté cette épreuve au Kansas Senior Olympics à la fin du mois de septembre dans le temps de 52s9 à Topeka. Une performance qui le classe, selon les World Masters Athletics Rankings, comme le n°1 mondial.

 

Le champion est prof de Français, Finance et Global Business au Lycée Mount St-Mary et aussi chef du département des langues étrangères. Il est aussi l’entraîneur en chef de l’équipe de football (soccer) garçons et  des filles. «On avait remporté le championnat d’état en 2012 et on est un des favoris pour cette année. J’ai aussi eu l’honneur d’être entraîneur de l’année en 2012», précise-t-il

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