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30 avril 2020 03:39
Le confinement n’est pas seulement une occasion pour les sportifs de garder la forme à la maison mais aussi de sortir leurs talents cachés ou de se rattraper avec une activité qu’ils auraient dû faire. Leur emploi du temps entre entraînements et compétitions ne leur permet généralement pas. L’occasion pour eux de ralentir leurs courses effrénées vers les trophées et passer plus de temps avec les membres de la famille, s’améliorer en cuisine ou terminer un jeu de société, c’est un peu le quotidien de ces athlètes qu’on connaît plus sur un terrain de sport.
Le public mauricien l’a découvert un peu plus depuis les derniers Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) 2019 sous le maillot du Club M, il s’agit d’Adrien François. Le grand espoir du football mauricien est à fond dans ce domaine depuis quelques années, et ne néglige pas les entraînements pour s’améliorer. Confinement oblige, c’est chez lui à Tamarin que le footballeur de 19 ans évoluant pour Petite Rivière- Noire FC passe son temps et essaie de garder la forme.
Il a du temps libre et en profite pour améliorer son anglais. «Oui, cela fait quelque temps que j’essaie d’approfondir la maîtrise de cette langue. Lorsque je suis en déplacement à l’étranger pour des matchs de football c’est important de savoir communiquer en anglais, c’est un plus pour nous. Je le fais aussi, car, dans le monde du travail l’anglais est très important, et c’est aussi un préparatif pour mon après-carrière», explique l’ex-étudiant du SSS Palma. Celui-ci passe un peu plus de temps avec sa console de jeu, et s’amuse à voir gagner Manchester United un peu plus sur FIFA 20.
Le confinement n’est pas une première pour le pongiste Brian Chan Yook Fo. Le champion de Maurice a déjà vécu une situation un peu similaire durant ses études. «En hiver, il fait très froid en Chine et je préférais rester bien au chaud à l’intérieur au lieu de m’aventurer dehors. Sauf que cette fois-ci, les conditions sont beaucoup plus préoccupantes avec le coronavirus», avance cet habitant de Roche-Bois, qui exerce comme architecte.
Il bosse chez lui comme de nombreux Mauriciens et pour ne pas s’emmêler les pinceaux, il a bien programmé sa journée, entre boulot et des entraînements. «Je fais aussi un peu de cuisine. A la maison on prend le dîner un peu tôt ce qui fait que j’ai à nouveau faim plus tard dans la soirée. Comme j’adore cuisiner, je prépare quelques trucs assez simples comme des rôtis, riz frit, des rougailles et d’autres spécialités pour après», révèle Brian Chan Yook Fo, qui s’est également découvert une passion pour la photographie. N’ayant pas d’appareil photo, c’est avec son portable qu’il se perfectionne et espère bientôt poster ses clichés sur les réseaux sociaux.
Mathieu Marquet ne peut écumer les piscines actuellement : «outre les films et les séries télévisées, je me consacre à la lecture et me cultive sur des sujets que je ne comprenais pas vraiment. Je fréquente un peu plus ma cuisine pour préparer des plats, parce que je n’étais pas du genre à cuisiner. Mais là, je le fais, et je m’en suis bien tiré avec des plats faits au four comme un rôti de poulet ou des lasagnes», s’amuse à nous raconter le nageur mauricien qui a participé aux derniers JIOI 2019.
Aurèlie-Halbwachs-Lincoln peut afficher le sourire. Rassurez-vous, elle n’est pas sortie de chez elle pour aller remporter encore une course cycliste, mais a plutôt la satisfaction d’avoir terminé un puzzle. La jeune femme, malgré le confinement, a un emploi du temps chargé à la maison, entre ses occupations professionnelles, les entraînements, la famille et le ménage. La cycliste mauricienne est mariée à Yannick Lincoln, autre cycliste chevronné. Tous deux sont parents de la petite Lana, âgée de 4 ans et quelques mois. Un quotidien rythmé à leur domicile du côté de Gros Bois. «J’ai à peine le temps de regarder la télé mais j’essaie de lire un peu plus. J’aime bien la lecture comme les romans policiers, une biographie, de la philosophie ou encore des magazines de sport et de science. Et là, j’en profite actuellement pour lire des livres d’enfants pour ma fille. S’il y a des choses un peu inhabituelles que je réalise pendant le confinement c’est d’avoir pu faire inciter ma fille à manger un peu plus de légumes. Et puis, j’ai terminé un puzzle, chose qu’en temps normal, je n’aurais pas pu faire» raconte la championne d’Afrique de cyclisme.
Meryvn Jocelyn a un peu plus de temps pour voir ses filles grandir. Le milieu de terrain international mauricien du Pamplemousses SC est père de trois filles (Danaë 7ans, Meloë 4 ans et Cleverlë 2 mois). «C’est inhabituel pour moi de passer autant de temps avec ma famille parce qu’avec mon emploi, mes entraînements et les matchs il ne reste pas grand-chose pour eux. Là je prends du plaisir à les connaître un peu plus, et les aider dans leurs devoirs scolaires. C’est important pour mes filles de savoir que leurs parents sont là pour eux. Il existe une autre complicité entre couple et on s’entre-aide plus que d’habitude», nous confie ce membre du Club M résidant à Chebel.
Roilya Ranaivosoa passe le confinement chez ses beaux-parents à La Brasserie. La crise sanitaire a contraint la meilleure sportive du pays et son époux, l’haltérophile, Cédric Coret à modifier leurs quotidiens. Par mesure de précaution, la jeune femme a été même jusqu’à couper court aux visites chez ses parents à Floréal en raison des problèmes de santé de sa mère. Mais elle reste en contact avec ces derniers grâce à la technologie.
«Comme Cédric est dans la force policière, et qu’il sort sur le terrain, on ne sait pas à quoi il est exposé. J’ai dû prendre la décision de limiter les contacts avec mes parents en particulier, pour ma maman dont la santé est fragile. C’est dans ce sens que nous avons pris cette décision. Je préfère avoir de leur nouvelle via le téléphone et d’autres outils de communication même si c’est un peu dur de ne pas être auprès d’eux», confie la leveuse de fonte.
Entre-temps, elle passe ses temps libres avec sa belle-famille notamment sa belle-mère Florene et son petit neveu Kyron. Habituée aux salles d’entraînement, la jeune femme poursuit sa préparation durant le confinement, mais elle participe aussi pleinement aux tâches quotidiennes de la maison. Un moment qui lui permet de tisser des liens encore plus solides avec les gens qui l’entourent.
«Cela me permet de me rapprocher un peu plus de ma belle-mère. Nous avons plus de temps pour discuter, faire des blagues et parler des choses d’avenir. Ce que nous n’avons pas autant l’occasion de faire en temps normal. J’aide dans les tâches ménagères et je peux m’assoir et dîner avec eux beaucoup plus souvent alors qu’avec les entraînements nous rentrons souvent tard le soir», remarque celle qui est en quête d’un quatrième titre de championne d’Afrique cette année.
La judokate, Christiane Legentil, passe le confinement loin de ses proches restés à Rodrigues. Habituée à se débrouiller toute seule, ce petit bout de bonne femme est rentré au pays le 13 mars dernier après une sortie internationale. Depuis elle est confinée à son domicile et profite de ce temps d’arrêt du mieux qu’elle peut tout en se maintenant en forme.
«Je m’entraîne tous les jours afin de rester en forme et je me consacre un peu plus de temps à moi alors qu’en temps normal je n’ai pas autant l’occasion de le faire. Je peux également me concentrer beaucoup plus sur mes études. Je fais actuellement un diplôme en fitness et j’ai l’opportunité de revoir mes notes et rattraper mon retard. J’ai aussi la chance de m’asseoir et réfléchir sur mon avenir», commente Christiane Legentil.
Même si elle est loin de son île, la native de Maréchal, parle à sa famille très souvent. Avoir de leur nouvelle lui fait beaucoup de bien. Elle a également le temps de discuter avec ses amis et ses fans. «Bien souvent je n’ai pas le temps de leur parler ou de répondre à leur message tellement je suis concentrée sur ma préparation et mes compétitions. Maintenant que je peux le faire, j’en profite pour converser et expliquer que les choses vont tellement vite et que je n’ai pas souvent le temps de leur répondre. Je profite de cette occasion pour lancer un message aux gens : “profiter de ce moment à la maison pour passer du temps avec vos proches et aussi de faire un peu de sport afin rester en bonne santé”», affirme la judokate. Le confinement c’est aussi du temps précieux à se consacrer à soi-même et à ceux que l’on chérit.
Textes Rehade Jhuboo et Qadeer Hoybun
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