Coupe d’Afrique des Nations : Le Club M renoue avec le succès 12 ans après

15 septembre 2015 02:47

Remontons le temps. Dimanche 16 novembre 2003, la sélection nationale de football allait livrer un match qui devait retenir en haleine les spectateurs présents dans le New George V Stadium et ceux qui étaient devant leur petit écran. Ce jour-là, le Club M, entraîné à l’époque par Akbar Patel, assisté de Désiré L’Enclume, remportait son dernier match dans une éliminatoire de la Coupe d’ Afrique des Nations non sans avoir été près d’un exploit. 12 ans après, l’île Maurice vient à nouveau goûter à une victoire dans cette compétition.

En effet, le Club M 2015, co-entraîné par Alain Happe et Joe Thusupla, vient de conjurer le mauvais sort, dimanche dernier, contre le Mozambique en remportant une victoire étriquée (1-0) au stade Anjalay. Un but de Fabien Pithia, à la 47e  minute, devait permettre au pays de renouer avec une victoire dans un match de la CAN. Il faut remonter jusqu’en 2003 pour retracer la dernière victoire mauricienne dans cette compétition africaine, même si la sélection nationale a enregistré des matchs nuls ou remporter quelques victoires dans d’autres tournoi.

Le Club M version 2003 affrontait, donc, l’Ouganda dans le cadre du tour préliminaire de la CAN et du Mondial 2006. Lors du match aller, les Patel Boys avaient été sèchement battus par les Ougandais sur le score de 0-3. Il fallait un véritable exploit pour renverser la vapeur en terre mauricienne pour espérer traverser ce cap. Fraîchement auréolée d’une médaille d’or aux Jeux des îles de l’océan Indien, quelques mois plus tôt, l’équipe mauricienne rêvait d’un autre exploit pour le plus grand plaisir des quelque 2 500 spectateurs présents, même si la fin a été très douloureuse.

Les joueurs alignés étaient Nicolas Doro, Guillano Edouard, Henri Speville, Stéphan L’Enflé, Jimmy Cundasamy, Désire Periatambee, Sébastien Bax, Gilbert Bayaram, Ricardo Naboth, Christopher Perle, alors que Jerry Louis, Kersley Appou et Tony François sont entrés en cours de jeu. Les Mauriciens, par l’entremise de Ricardo Naboth, Cyril Moorgine et Jerry Louis devaient permettre au Club M de combler leur retard au tableau d’affichage. La victoire était acquise et l’espoir régnait quant à une qualification pour le prochain tour. Le Club M devait gaspiller de belles cartouches pour inscrire le tant attendu 4e but, alors que les spectateurs encourageaient les Patel Boys comme un vrai 12e homme.

Les équipes étaient, donc, à égalité (3-3) au combiné à l’issue des deux matchs. Il fallait avoir recours aux prolongations pour départager Maurice et l’Ouganda. La bande à Sébastien Bax devait concéder, durant les prolongations, le but en or marqué par David Obua (ex ASPL 2000), synonyme de mort instantanée. La déception était grande dans le camp mauricien, avec un Akbar Patel qui annonçait son départ à la tête de la sélection nationale.

Cruel sort pour un Club M qui avait remporté une victoire amplement méritée et qui devait démontrer que le pays pouvait jouer dans la cour des grands en Afrique. Mais dommage que certains n’ont pas su capitaliser sur la réussite de la génération 2003 et l’adhésion patriotique pour permettre au football mauricien de connaître d’autres moments de gloire, au lieu d’attendre 12 ans pour voir une victoire mauricienne dans un match de la CAN.

L’avis des Patel Boys 2003

Tony François :  «Cette équipe là était supérieure à celle d’aujourd’hui. On était très soudée et solidaire. Aujourd’hui, force est de constater que les footballeurs n’ont pas cette intelligence tactique, et cela se vérifie au niveau des jeunes. Avec le temps et un enchaînement des matchs internationaux, ils vont certainement développer cette qualité. Malheureusement on a pris beaucoup de retard par rapport aux pays africains, qui comptent de nombreux joueurs professionnels qui évoluent en Europe. Je pense qu’avec des résultats positifs de la part du Club M, le public va revenir aux stades. Il y a encore du travail et des changements à faire pour faire progresser le football mauricien».

Gilbert Bayaram :  «C’était un match inoubliable et on a gâché notre qualification par un moment de précipitation. A la fin du match on était tous abattu. L’équipe avait fière allure avec une escouade soudée qui pouvait battre voire rivaliser avec les meilleurs d’Afrique, sans oublier qu’on était en confiance, car, à l’époque, on venait de remporter les JIOI 2003. Je constate aujourd’hui que les jeunes manquent d’expérience et il faut continuer avec des matchs internationaux pour les aider à progresser. Je pense que si tous les partenaires mettent la tête ensemble on fera progresser le football mauricien. Le public reviendra à coup sûr vers les stades si les joueurs amènent des résultats».

Kenya, la dernière danse 2015 du Club M

Le dernier match du Club M de l’année. C’est une double confrontation qui attend la sélection nationale le mois prochain face au Kenya dans le cadre du 1er tour des préliminaires de la Coupe du monde 2018. Le match aller est prévu le 7 octobre à Maurice alors que le retour aura lieu le 11 du mois même au Kenya.

Le Club M a repris des couleurs, après un parcours mitigé aux Jeux des îles de l’océan Indien 2015 avec une médaille de bronze, la semaine dernière. L’équipe nationale, co-entraînée par Alain Happe et Joe Tshupula, a vaincu le Mozambique (95eme mondial) sur le score de 1-0 grâce à un but de Fabien Pithia. C’est la première fois en six matchs (toutes compétitions confondues) que Maurice bat les Mozambicains. Un succès qui a enchanté les Mauriciens

«J’ai constaté beaucoup de joie chez le public mauricien après cette victoire. Il doit être partie prenante du football, et je crois qu’avec la présence des spectateurs dans les stades, les joueurs se sentent plus responsables et sont conscients qu’ils représentent leur pays. Cette victoire n’est certes pas une fin en soi. Le travail doit continuer sur le long terme », fait remarquer Joe Tshupula.

Ce dernier nous confie qu’Alain Happe et lui  auront bientôt leur plan de travail en marge de la double confrontation contre le Kenya (115e mondial). «Dans un premier temps nous allons laisser les joueurs auprès de leurs clubs, qui ont repris les entraînements, ensuite nous les convoquerons. Le noyau sera à 90% des joueurs qui avaient été retenus pour le match contre le Mozambique», confie le technicien du Club M.