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5 janvier 2016 14:23
La mort est un adversaire intraitable, et c’est la seule certitude dans la vie. Le champion d’haltérophilie mauricienne, Yvan Pierrot, âgé de 19 ans, a succombé à ses blessures suite à un grave accident de la route le jeudi 31 décembre 2015, à Midlands. Lui qui s’est illustré à maintes reprises dans sa jeune carrière a poussé son dernier soupir le vendredi 1er janvier aux environs de 3 heures du matin. On sait que le véhicule à bord duquel le jeune homme se trouvait a fait une violente sortie de route pour se retrouver encastré contre un pylône électrique.
Fils unique, le départ subit d’Yvan Pierrot a grandement affecté proches et amis. «Nous sommes tous terriblement bouleversés par sa disparition. C’est un moment très dur et pénible que nous sommes en train de traverser. Mon cousin était un garçon très gentil et plein de générosité. Il était aussi un grand sportif et était très proche avec tout le monde, que ce soient avec sa famille, ses amis ou encore ses compagnons d’entraînement. Je l’ai vu le matin du drame toujours joyeux, mais rien ne nous avait préparés à ce qui allait se passer après», regrette Joanne Carreau, la cousine d’Yvan Pierrot.
Yvan Pierrot a fait ses débuts en haltérophilie en 2010. C’est Poorun Bhollah, le président de la Mauritius Amateur Weightlifters and Powerlifters Association(MAWPA), qui a découvert le jeune prodige alors que ce dernier était encore étudiant au Curepipe College. «Je l’ai rapidement remarqué. A cette époque, il faisait du body- building et je lui ai proposé de s’essayer à l’haltérophilie. Ce garçon était un athlète naturel et rapidement il a aimé la levée des barres. Il avait un immense talent et nous avions de grands projets pour lui à commencer par les championnats du monde juniors prévus cette année. Malheureusement il nous a quittés beaucoup trop tôt. Sa disparition restera une grande perte pour nous tous»,déplore un Poorun Bhollah à court de mot.
Malgré son jeune âge, le triple médaillé d’or des Jeux des îles 2015, en -105kg, était un garçon très ouvert. Il arrivait toujours à mettre tout le monde d’accord. Pour tous ceux qui l’ont côtoyé, sa disparition laisse un grand vide, comme en témoigne son compagnon d’entraînement, Cédric Coret.
«Yvan Pierrot était comme un frère pour moi. Il était toujours animé par ce désir de faire la fierté du pays. C’était un meneur au sein de l’équipe. Il savait comment faire pour nous motiver. Il était mon partenaire d’entraînement depuis toujours. Jamais nous nous entraînons sans l’autre et si l’un étaiten avance à l’entraînement, il attendait toujours l’autre pour commencer. C’était un bon vivant et était toujours ouvert à tout le monde», souligne l’haltérophile Cédric Coret.
Sa disparition se fera rapidement sentir en équipe nationale. Très populaire auprès de ses collègues, Yvan Pierrot était un maillon important au sein de la sélection d’hal-térophilie. Sa volonté et sa détermination ont fait de lui un des meneurs de l’équipe.
«Nous sommes tous tristes et choqués, car il était très proche de nous. C’est quelqu’un qui était très apprécié et qui s’entendait merveilleusement bien avec tout le monde. C’est un garçon extraordinaire et très déterminé. J’ai perdu un grand ami, et il est difficile pour nous d’accepter sa disparition. C’est un pilier qui s’en est allé»,déplore la leveuse Shalinee Valaydon.
L’entraîneur Ravi Bhollah, qui a côtoyé Yvan Pierrot à ses débuts, est, pour sa part, sans voix. Le technicien mauricien ainsi que l’athlète ont tous deux effectué leur première sortie internationale ensemble en 2013. C’était au Championnat du Commonwealth en Malaisie.
«Personne ne pourra prendre la place d’Yvan Pierrot. C’est un garçon irremplaçable et nous sommes tous dévastés par cette fin tragique. Je l’ai côtoyé dès ses débuts. Il a connu des hauts et des bas mais a toujours tenu tête aux difficultés la tête haute. Nous avons connu la gloire ensemble en 2013. Il était notre meilleur élément masculin et était destiné à un bel avenir»,se lamente le technicien mauricien.
Aimé de tous, ils étaient nombreux proches, amis, athlètes ou encore les habitants du Sud à s’être déplacés à Rivière-des-Créoles vendredi pour rendre un dernier hommage à ce grand bonhomme du sport mauricien. Une chose est sûre, son ombre planera certainement sur les prochains National Sports Awards. Yvan Pierrot avait remporté le Junior Sportsman of the Yearpour la cuvée 2013 et aurait amplement mérité sa place pour l’édition 2015.
Le n°1 de cette discipline. Depuis le retrait de Ravi Bhollah des compétitions, Yvan Pierrot s’est imposé comme son héritier dans l’haltérophilie locale dans ce qui pourrait être considéré comme un passage de témoin entre le maître et son élève. C’est en 2013 que le jeune homme originaire de Rivière-des-Créoles se fait connaître du grand public en décrochant une médaille d’or aux championnats du Commonwealth en Malaisie.
Un sacre in-extremis, car Yvan Pierrot avait failli ne pas participer à cette compétition, en raison d’une blessure causée par un accident de motocyclette, dont il était un grand passionné, à la veille de la pré-sélection pour le rendez-vous malais. C’est ainsi qu’à l’âge de 17 ans, il décroche deux médailles lors des championnats du Commonwealth, soit les – 94 kg où il avait remporté la breloque dorée en soulevant 120 kg à l'arraché et 147 kg à l'épaulé-jeté pour réussir un total olympique de 267 kg. Cette performance lui a aussi permis de s’octroyer la médaille de bronze dans la catégorie junior.
Un tel exploit lui permettait de se distinguer aux National Sports Awards en décrochant le titre de Junior Sportsman of the Year. Considéré comme une des valeurs sûres de l’haltérophilie mauricienne, le jeune homme devait remettre ça en 2015 en remportant trois médailles d’or (105 kg- arraché et épaulé-jeté) aux récents Jeux des îles de l’océan Indien à l’île de la Réunion.
Le leveur de fonte devait faire sensation aux Commonwealth Youth, Junior and Senior Weightlifting Championships, en Inde en octobre. D’abord chez les juniors où il remporta la médaille d'or, et, ensuite, chez les seniors où ces mêmes performances lui ont valu deux médailles d'argent en -105 kg. Auparavant, en septembre, lors des Jeux d’Afrique au Congo-Brazzaville, il avait récolté deux médailles de bronze avec 185 kg et un total olympique de 331 kg. Yvan Pierrot a fait ses études secondaires au Curepipe College avant de se joindre au Lycée Polytechnique sir Guy Forget, à Flacq, où il se perfectionnait en mécanique. Il portait bien son nom d’Iron Man.
Le principal homme fort du sport mauricien nourrissait de gros espoirs en Yvan Pierrot. « C’est avec émotion que j’ai appris cette nouvelle. Le monde sportif mauricien est en deuil, il perd un jeune athlète et un grand champion qui avait un bel avenir devant lui. Je présente mes sympathies à sa famille »,a confié le ministre. Absent du pays, Yogida Sawmynaden a indiqué qu’il rendra une visite aux proches du défunt à son retour.
Textes : Qadeer Hoybun et Rehade Jhuboo
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