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1 juin 2015 12:28
Il s’explique. La nouvelle a eu l’effet d’une bombe, le Club M venait à peine de boucler une participation à la Council of Southern Africa Football Associations (COSAFA) 2015 en Afrique du Sud, que le sélectionneur national fût limogé par la Mauritius Football Association (MFA). Ce dernier justifie ce renvoi par le non-retour du Français au pays avec les footballeurs mauriciens, et qu’il aurait aussi signifié son intention de démissionner de son poste.
Didier Six est rentré à Maurice, dans la matinée de mercredi, et a animé une conférence de presse pour donner sa version dans toute cette affaire. L’homme affiche son incompréhension devant la tournure des choses, et ne s’attendait, nullement, à une mise à pied aussi rapide, alors qu’il est en fonction à la tête du Club M depuis février 2015. « Je ne comprends pas mon limogeage. D’ailleurs, je n’ai reçu rien d’officiel pour m’informer qu’on m’a limogé. J’ai appris la nouvelle à travers vous lundi, et j’ai appelé le président de la MFA. Ce dernier m’a dit qu’il était en route pour Zurich pour assister à l’assemblée générale de la FIFA. J’attendrais son retour pour le rencontrer », a dit un Didier Six un peu marqué et déçu par les récents évènements.
Celui-ci affirme que la MFA était au courant qu’il n’allait pas rentrer à Maurice immédiatement après la Cosafa Cup 2015. «J’ai informé en deux occasions Didier Pragassa (NdlR : secrétaire général de la MFA) de mon départ pour la France. J’avais dit que si le Club M se qualifiait pour les quarts de finale, je reporterai mon départ. Or, on m’accuse d’avoir délaissé les joueurs, alors que j’étais là pour les voir monter dans le bus et les féliciter », révèle-t-il. Pour lui, sa mise à pied est un acte « prémédité ».
“Je ne suis pas un bisounours”
Dans la foulée, il fustige certaines personnes gravitant autour du président de la MFA, Samir Sobha, mais refuse de citer des noms avec un «il y a des vers dans la pomme. Je n’en veux pas à Samir Sobha mais à ceux qui gravitent autour de lui». Il poursuit : « En vérité, je me suis absenté 48 heures. Et c’est la pagaille. Je pense que c’était prémédité». A une question de 5-Plus dimanche, s’il compte entamer des poursuites judiciaires pour contester son éviction a la tête du Club M, Didier Six écarte cette possibilité.
Didier Six explique qu’il n’a rien à se reprocher lors de son passage à la Cosafa Cup 2015 mais admet avoir fauté en entrant sur le terrain lors d’un match à la suite d’une faute sur Andy Sophie. L’ancien tricolore souligne qu’il est du genre à toujours défendre ses « joueurs et les couleurs qu’il représente ». Il a fourni des explications sur sa colère par rapport à la non éligibilité des deux membres du Club M pour le match contre le Zimbabwe, son absence à une conférence de presse, son départ du banc de touche lors du match contre la Namibie entre autres.
Si l’ancien Tricolore trouve son renvoi du Club M injustifié, il donne des indications que la page mauricienne est déjà tournée. « La meilleure solution est de continuer avec le trio qu’ils ont nommé à la tête du Club M. Akbar Patel est adorable, Désiré L’Enclume aussi», indique-t-il sans nommer Alain Happe, jusqu’à récemment son bras droit à la tête de la sélection nationale.
Pour le Français, la priorité demeure les joueurs et le Club M «à qui on a donné de l’espoir» et se préparer pour les prochains rendez-vous (les éliminatoires de la CAN contre le Ghana dans quelques jours, les Jeux des îles de l’océan Indien et les éliminatoires de la CHAN). Didier Six précise aussi qu’il ne rencontrera que trois personnes, soit Samir Sobha, président de la MFA, Georges Chung, chairman de la Mauritius Professional Football League, et le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yogida Sawmynaden. «Je ne suis pas un Bisounours, je n’ai pas 15 ans. Ce sont les seules personnes que je rencontrerai ».
Les internautes réagissent. La page ‘Moris Football Fans’ sur Facebook a invité les internautes à donner leurs avis sur l’affaire Didier Six et s’il fallait le maintenir comme sélectionneur national. A hier après-midi, 88% des votants se sont prononcés en faveur de son maintien et certains estiment qu’il fallait lui donner la chance jusqu’aux Jeux des îles de l’océan Indien d’août 2015.
Un Bafana Bafana à la rescousse du Club M ? Valeur du jour, la sélection nationale est sous la responsabilité du trio Alain Happe, Akbar Patel et Désiré L’Enclume mais il semblerait que ce soit une mesure temporaire. Un technicien étranger serait pisté pour prendre les rênes du Club M et, à en croire plusieurs médias sud-africains, Clive Barker, ancien sélectionneur sud-africain a été approché pour ce poste.
Celui qui a mené l’équipe sud-africaine de football au sacre dans la Coupe d’Afrique des Nations 1996 affirme dans un entretien à African Football qu’il a été approché pour prendre en charge le Club M. Celui qu’on surnomme ‘The Dog’ affirme que les discussions entre ses représentants et les responsables du football mauricien auraient atteint « un stade avancé mais rien de concret jusqu’à présent ».
Clive Barker, âgé de 70 ans a, également, dirigé les Bafanas Bafanas lors de la Coupe du monde 1998 en Afrique du Sud. Durant sa carrière il a entraîné une quinzaine de clubs sud-africains.
Quel bilan faites-vous de la participation mauricienne à la Cosafa Cup 2015?
On peut diviser le bilan en deux. Côté sportif, ça n’a pas été aussi positif, mais de l’autre côté, d’un point de vue apprentissage, ça a été très bénéfique pour le groupe. On a beaucoup de leçons à tirer.
Est-ce que la professionnalisation de notre football a permis au Club M de progresser ?
Peut-être que oui, je dis peut-être, parce que, malheureusement, pas toutes les équipes du championnat jouent le jeu. Il y a des équipes qui ne s’entraînement pas convenablement. Ceci dit, étant professionnels, cela nous aide à progresser.
Personnellement, comment avez-vous vécu votre fonction de capitaine à la tête du Club M ?
C'est une responsabilité que le coach m'a confiée, et c'est une grande fierté pour moi. J'essaye d'être le relais entre le staff technique et les joueurs. Même entre les joueurs on se parle et se motive. Mais le groupe est tel qu'on n'a pas besoin d'un capitaine pour le diriger. Chacun prend ses responsabilités, et il n’y a jamais de dérapages. C'est un groupe exemplaire au niveau du comportement.
Quelle est votre lecture de l’affaire Didier Six ?
Tout s’est passé si vite jusqu'à maintenant et je ne comprends pas pourquoi on le renvoie. Je ne peux vous dire si c'est juste ou injustifié car seuls la MFA et Didier Six détiennent la vérité et je ne peux me prononcer là-dessus.
Je peux vous dire qu’entre le coach et les joueurs ça a été une relation parfaite. Il semblait avec nous depuis pas mal de temps, et ne donnait pas l’impression d’être un étranger. Il voulait que le groupe vive bien et il faisait tout pour nous mettre dans de bonnes conditions, afin que nous puissions donner le meilleur de nous –mêmes.
Pensez-vous qu’il aurait dû être maintenu à son poste, jusqu’au moins les Jeux des îles de l’océan Indien ?
C’était sa mission première, de nous emmener jusqu’aux Jeux des îles. Vu qu’il a apporté un changement de philosophie de jeu, ça aurait été bien s’il avait été là jusqu’en août. Encore une fois, on a vu que les choses peuvent évoluer très vite en football. Mais le trio Alain Happe, Akbar Patel et Désiré L’Enclume est composé de personnes expérimentées et elles sauront nous mener à bon port.
« On aurait dû le laisser terminer le travail qu’il venait à peine de commencer. Déjà on sentait qu’on avait pris un nouveau départ et je suis sûr qu’il aurait fait ses preuves. Ce n’est pas une bonne décision de le faire partir, surtout qu’on a beaucoup de potentiel et d’autres joueurs qui peuvent intégrer la sélection. On aurait dû lui accorder un peu plus de temps pour mieux connaître les footballeurs. »
« Maurice avait besoin d’un entraîneur de haut niveau pour progresser et qui a fait ses preuves en Afrique et Didier Six dispose de ces qualités. Certains ont cru qu’on pouvait remporter la Cosafa Cup avec une équipe qu’on assemble en trois mois. Je ne comprends pas comment on puisse le recruter pour lui offrir un contrat de sept mois et le virer avant terme.»
« Rome n’a pas été construite en un jour. On fait preuve d’amateurisme en remerciant quelqu’un qu’on a recruté pour redresser le football à Maurice. En quelques matchs, Didier Six a donné une indication que le Club M peut franchir un palier, la preuve avec le Togo et notre parcours à la Cosafa Cup 2015. Certes, on a perdu deux matchs, mais pas sur de lourds scores et aussi une victoire. C’est pas mal pour une équipe en reconstruction. C’est dommage qu’il parte »
C’est un éternel recommencement. Le limogeage du Français Didier Six à la tête du Club M vient remettre en lumière le passage de ceux qui avaient précédemment occupé les fonctions de sélectionneur national et ceux qui avaient la responsabilité de la Direction technique nationale. En fouillant dans les archives nous avons retracé leur parcours.
• 1974-1975 : Danny Mc Lennan devient le premier étranger à entraîner la sélection nationale.
• 1985-1986 : Helmut Kosmehl prend en main l’équipe nationale. L’Allemand, épaulé par Mamade Elahee, aide Maurice à remporter la médaille d’or aux 2es Jeux des îles à domicile.
• 1989 : Hervé Revelli ne passe qu’une année à la tête de la sélection nationale.
• 1989-1993 : François Blaquart est le premier « DTN» du football mauricien. Le Français lance le Centre national formation de football (CNFF)
• 1991-1993 : Rudi Gutendorf (Allemand) sans bilan.
• 1994-1996 : Jean-Michel Bénézet reprend le flambeau de Blaquart comme DTN.
• 1996 : Philippe Goubet devient DTN pour un mois seulement ! Un trio mauricien, Akbar Patel - Govind Thondoo - Sarjoo Gowreesungkur, tient alors les rênes de l’équipe nationale.
• 1996-1998 : Ashok Chundunsing se retrouve à la tête de la sélection marquée par un fiasco aux JIOI 1998.
• 1999-2001 : Jean-Marc Nobilo est nommé DTN avant de partir pour la Libye.
• 1999-2002 : Rajen Dorasami et France l’Aiguille sont co-entraîneurs de la sélection. Le Club M arrive à battre le Gabon et l’Angola.
• 2002-2003 : Patrick Parizon débarque comme sélectionneur en vue des Jeux des îles à venir et est assisté de Rajen Dorasami et France l’Aiguille.
• 2003 : A quelques semaines des Jeux des îles, Akbar Patel doit remplacer Patrick Parizon. Assisté de Désiré L’Enclume, le Club M décroche la médaille d’or dans un stade George V survolté.
• 2004 : Rajesh Gunesh et Elvis Antoine co-entraîneurs du Club M.
• 2005 : Le duo Rajen Dorasami - France l’Aiguille revient, pour quelques mois, au-devant de la scène.
• 2006-2007 : Sarjoo Gowreesungkur devient entraîneur du Club M avec Patrick Prêle comme assistant. Le Club M fait naufrage aux JIOI à Madagascar et prend la quatrième place.
• Août 2007 : Akbar Patel vient dépanner le Club M pour un match qualificatif de la CAN 2008 après la démission de Gowreesungkur.
• 2007-2008 : Retour d’Ashok Chundunsing comme entraîneur national mais il ne fait pas l’unanimité. Il est évincé de son poste en septembre de cette année pour manque de résultat positif.
• Septembre 2008 : Benjamin Théodore est nommé temporairement entraîneur national
• Mars 2009 : Akbar Patel est nommé à la tête du Club M.
• Juin 2009 : Marc Collat (France) devient DTN.
• 2009-2013 Christophe Desbouillons (France) occupe les fonctions de DTN.
• Fev 2015 : Didier Six (France) devient sélectionneur et DTN et en mai 2015, il est limogé par la MFA.
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