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EURO 2016 | Turquie vs Croatie (aujourd’hui à 17 heures) : Modric, un joyau qui étincelait sous les bombes

12 juin 2016

Luka Modric a commencé le football sous le bruit des bombes et représente aujourd’hui l’espoir de toute la Croatie.

Des dribbles dans un couloir, des jongles sur un parking, le bruit des bombes proche : avant de devenir une star, le Croate Luka Modric fut un enfant réfugié, fou de foot, chassé par la guerre dans un hôtel de la ville dalmate de Zadar.

 

«Un enfant vif qui se faisait facilement des amis», se souvient Miodrag Paunovic, un des premiers entraîneurs du lutin au NK Zadar, qui garde en mémoire un enfant comme les autres. Jusqu’au moment où il s’emparait d’un ballon. «Au milieu de 200 garçons, il sortait du lot dès le départ. C’était évident qu’il allait devenir un joueur remarquable. C’est un talent naturel, mais aussi un grand travailleur», poursuit l’éducateur.

 

Aîné d’une famille modeste, aujourd’hui âgé de 30 ans, Modric en a six quand la guerre en Yougoslavie et les forces serbes le chassent de son village de l’arrière-pays de Zadar, Zaton Obrovacki. Son grand-père, un autre Luka Modric, y est exécuté par les Serbes en décembre 1991.

 

A déambuler dans les rues de cette jolie cité antique de la côte adriatique, il est aujourd’hui difficile d’imaginer ce qu’était la vie à Zadar, enclave encerclée de 1991 à 1993, pilonnée des mois durant par les troupes serbes, où le quotidien était ponctué par les coupures d’eau et d’électricité. Cinquante-et-un civils y sont morts sous les bombes, selon une association locale des victimes de la guerre (1991-1995). En incluant les environs, 400 civils ont été tués.

 

Son talent repéré, Modric est enrôlé dans les équipes de jeunes du NK Zadar, qui a vu éclore un autre grand footballeur croate, Josip Skoblar, «l’Aigle des Dalmates», puis l’attaquant Dado Prso. Le club fait déménager la famille dans un hôtel plus proche du stade, pour limiter les risques de bombardements et permettre au jeune Luka de s’entraîner plus souvent.

 

Ces séances étaient, pour «petit Luka» et ses amis, un moyen d’exorciser la peur. «Même quand les obus tombaient pendant les entraînements, ils avaient autre chose en tête. Ils jouaient simplement au foot»,raconte Josip Bajlo, dirigeant du club, et alors entraîneur de l’équipe première.

 

«Luka était extrêmement actif, il jouait constamment avec le ballon. Il était petit, semblait physiquement fragile. Mais ça ne représentait pas un obstacle à ses yeux»,se souvient-il. «Il avait toujours un pas d’avance sur les autres»et «était prédestiné à devenir un grand joueur»,poursuit Bajlo.

 

Trop grand sans doute pour Zadar, club formateur où ont commencé deux autres internationaux, le gardien Danijel Subasic et le défenseur central Sime Vrsaljko, mais qui végète aujourd’hui en deuxième division croate. Modric en est parti avant de pouvoir porter les couleurs de l’équipe première, pour rejoindre le grand club du pays, le Dinamo Zagreb, puis s’exiler à Tottenham, et enfin au Real Madrid. Mais il y a laissé son empreinte.

 

Sur le terrain d’entraînement, comme Modric il y a deux décennies, les gamins de Zadar participent à un tournoi. Les victoires sont célébrées par des cris de joie, des courses d’enfants exultant. Et beaucoup se rêvent en futurs Modric. Il «a commencé ici, comme moi», lance, fier, un autre Luka, âgé de 10 ans. «Il est le meilleur. J’aimerais être comme lui un jour !», poursuit Luka Halic en regagnant le vestiaire.

 

Les parents de Modric vivent toujours à Zadar, où ils occupent un appartement dans une maison près du stade. Une mère de famille, Danijela, se promène avec son fils non loin de là et résume l’affection dont bénéficie toujours l’enfant du pays : «Luka est modeste parce qu’il vient d’une région pauvre, il vient d’une histoire simple, d’une famille simple.»

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