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26 août 2016 19:16
Le Trust Fund for Excellence in Sports(TFES) va-t-il disparaître ? La question est sur toutes les lèvres depuis un certain temps, surtout après le non renouvellement du contrat de Michael Glover, Chief Executive du Trust depuis sa création en 2002,et la décision du gouvernement de remplacer cette institution par une autre instance. C’est donc une page du sport mauricien qui se tourne.
Selon Yogida Sawmynaden, ministre de la Jeunesse et des sports, le TFES continuera à fonctionner jusqu’au jour où cette instance passera le relais à l’Institut national du Sport (INS), que le gouvernement envisage de mettre en place prochainement. Le non renouvellement du contrat de Michael Glover a fait planer le doute sur l’existence de cette institution et beaucoup se sont demandés ce qu’il adviendra des sportifs bénéficiaires du TFES.
Yogida Sawmynaden a tenu à rassurer que cette institution continuera à opérer comme à son habitude, mais que son mode de fonctionnement sera revu.
«Il y a des choses à revoir dans son mode de fonctionnement car nous avons reçu beaucoup de complaintes de nombreuses personnes. Il y a aussi le cas de l’employabilité des athlètes après leur carrière sportive. D’ailleurs, ce sujet a été mentionné dans le dernier Budget et nous comptons bien le voir se concrétiser. C’est pour cela que nous comptons retoucher le fondement même du TFES afin de pouvoir couvrir un plus grand nombre d’aspects comme la détection, la formation, l’encadrement sportif et académique, et l’après-carrière des sportifs», avance Yogida Sawmynaden.
Il ajoutera que son but avant tout est de réunir tous ces aspects sous le Trust Fund, avant que ce dernier ne cède la place à l’INS qui sera un centre d’excellence, voire une académie en se basant sur le même principe que l’INSEP en France. «Il ne faut pas attendre que l’athlète ait atteint un certain âge pour pouvoir bénéficier d’un suivi. Le travail doit commencer beaucoup plus tôt afin qu’il puisse devenir un bien meilleur sportif. Cela doit également se faire au niveau académique en mettant à leur disposition des classes qui seront appropriées avec leur emploi du temps où ils pourront également avoir un bon niveau d’étude. C’est ce que nous voulons faire avec cette académie du sport»,poursuit l’homme fort du MJS.
Ce dernier a aussi fait savoir que cet institut regroupera les meilleurs sportifs des fédérations, de même que ceux issus des académies que le ministère de l’Éducation mettra prochainement en place avec l’avènement du nine-year schooling.
Pour ce qui est du départ de Michael Glover du TFES, Yogida Sawmynaden a déclaré que le contrat de ce dernier étant terminé, il était logique que ce dernier prenne un jour ses distances du TFES.
«Pas de commentaire pour le moment.» L’ex-homme fort du TFES s’est muré dans le silence depuis l’annonce officielle du non renouvellement de son contrat comme Chief Executive. Sollicité pour une réaction, l’ex-ministre de la Jeunesse et des sports a déclaré qu’il commentera en temps et lieu ce développement et qu’il préfère se consacrer à un handing overdes dossiers du TFES à son éventuel successeur.
Depuis la création du TFES, quelque 4 000 sportifs mauriciens ont obtenu de l’aide de cette instance. Quelques-uns des bénéficiaires nous expliquent comment ce soutien leur a été précieux.
«Depuis 2008, je bénéficie de l’aide du Trust Fund, surtout pour mes études. Tout avait commencé lorsque j’étais au collège, soit en Form V. Ensuite, il y a les études en HSC, puis à l’Université et au MIE qui ont été prises en charge par le Trust Fund. Je dois dire que cet apport est extrêmement précieux dans le sens où il est difficile de gérer les études et le sport de haut niveau, mais grâce au soutien du Trust Fund, plusieurs athlètes peuvent concilier les deux. De plus, avec le soutien de la fédération, j’ai pu, au même titre que d’autres athlètes, bénéficier de stages à l’étranger. Nous savons à quel point il est difficile de rester dans le monde sportif, surtout à Maurice, où nous sommes reconnus seulement quand nous faisons de bonnes performances ou lorsque nous ramenons des médailles. Cela fait des années, exactement 16 ans, que je suis athlète, et jusqu’aujourd’hui, j’ai vu beaucoup de bons sportifs qui n’ont pas de boulot stable et d’autres qui ont dû arrêter faute de moyens.»
«Je bénéficie d’une bourse du Trust Funddepuis 2009, soit depuis l’âge de 15 ans. Cette bourse ne m’a pas seulement aidé sur le plan sportif, mais aussi académique. Le Trust Fundm’a permis de mieux concilier sport de haut niveau et études secondaires. J’avais un tuteur qui me suivait dans mes différentes matières et, en cas d’absence pour cause de compétitions ou de stages, le nécessaire était fait pour que je me rattrape. Le Trust Fundm’a fourni un environnement propice au haut niveau et m’a toujours supporté en finançant des stages d’entraînements à l’étranger ou à d’autres compétitions internationales. Aujourd’hui, je suis étudiant en Tourism, Event and Marketing Management à l’Institut Charles Telfair et je bénéficie toujours de l’aide du Trust Fund qui finance mes études tertiaires et me donne ainsi la possibilité de faire mes 10 séances d’entraînements hebdomadaires tout en poursuivant mes études. C’est sûr et certain que sans l’apport du Trust Fund,je n’aurais pas été l’athlète et la personne que je suis aujourd’hui.»
«La mise en place de ce Trust Fund a été une bonne initiative et était animée de bonnes intentions, mais cela n’a pas été une réussite pour tout le monde, avec des promesses pas respectées et des changements de décision à la dernière minute, sans oublier des lacunes dans le choix des matières d’études, qui était très restreint. Cela était une aubaine pour les étudiants peu brillants. Pour moi, cela n’a pas marché et j’ai quitté le plan d’aide du Trust Fundcar je voyais les choses autrement. D’ailleurs, on voit très bien que certains étaient protégés et que cela faisait de la peine aux autres. Mais je dois dire que je suis redevable envers le TFES qui m’a inculqué la discipline en me mettant face à des réalités de la vie. Un athlète doit pouvoir passer par des moments difficiles pour ensuite pouvoir relever la tête afin d’affronter les obstacles avec courage et ferveur. Je dis merci au TFES, mais aussi à Dieu et à ma famille qui m’ont aidée à surmonter mes moments difficiles et qui sont toujours à mes côtés.»
Cela fait presque un an que Thevarajen Poonamballum est à la tête du TFES. Avoué de profession et commissaire international en badminton, le Chairmandu Trust Fundest d’avis que cette institution, qui a fait ses preuves pendant 14 ans, avait besoin d’évoluer pour se mettre au diapason avec les exigences du sport moderne.
Selon ce dernier, les changements qui seront apportés à cette instance vont permettre d’avoir une meilleure cohésion dans la formation et l’encadrement des sportifs mauriciens. Thevarajen Poonamballum est d’avis que tous les aspects concernant le suivi des athlètes de haut niveau, notamment les bourses d’études, d’excellence et de préparation, doivent être réunis sous une seule instance pour avoir une meilleure coordination du travail et un meilleur suivi des sportifs.
«Toute organisation qui se respecte doit se remettre en question. Nous devons le faire si nous voulons progresser et aller vers l’excellence. Je pense que ces changements arrivent au bon moment, étant donné que les Jeux olympiques viennent de se terminer et que nous entamons maintenant un nouveau cycle. Maintenant, il faut aussi savoir comment le Trustva accorder les bourses d’excellence aux sportifs. Pour les athlètes qui ont un bon niveau d’études, cela ne posera pas de problème, mais pour ceux qui n’ont pas de formations universitaires, c’est justement là que nous devons voir comment ce sera fait. Cela impliquera le TFES, le ministère, mais également le secteur privé car nous allons avoir besoin de toutes les parties concernées pour pouvoir mener à bien ce projet»,commente Thevarajen Poonamballum.
Le dirigeant mauricien voit d’un bon œil les changements qui seront apportés au TFES. Selon lui, après 14 années, il est important d’apporter des innovations dans le mode de fonctionnement d’une institution. «Il y a eu des idées qui ont été proposées et nous devons les essayer pour pouvoir avancer encore plus. Il est impératif pour nous de voir beaucoup plus grand, soit au-delà de nos frontières, si nous voulons professionnaliser le sport à Maurice», déclare notre interlocuteur.
Ce dernier trouve d’ailleurs que le budget alloué par le ministère de la Jeunesse et des sports pour la prise en charge des athlètes va permettre de réaliser les nombreux projets dont le TFES aura à s’occuper.
Textes : Qadeer Hoybun, Rehade Jhuboo et Francesca Sookahet
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