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Par Jason Chellen
10 juillet 2016 12:45
Croyez-le ou non, le seul prix décerné au Portugal et qui compte, heureusement dans son palmarès, c’est le «Most entertaining team» à la Coupe du Monde en 2006 ! C’est dire à quel point ce pays veut écrire l’Histoire. Ce pays a pondu quelques-uns des plus talentueux footballeurs au monde mais n’a jamais connu les émotions fortes d’être un champion continental ou mondial.
Alors, ce soir, quand ils fouleront la pelouse du Stade de France, une des stars du foot contemporain, Cristiano Ronaldo, portera la pression de tout un peuple sur ses épaules. Ce soir, après le match, le footballeur saura s’il rentrera bredouille d’une compétition d’envergure, comme ses illustres prédécesseurs, Eusebio, Figo, Pauleta, entre autres.
On peut d’ailleurs faire un parallèle entre l’annonce de l’Argentin Lionel Messi de prendre sa retraite internationale après une énième défaite en finale de la Copa America. Monstrueusement talentueux indivi-duellement, mais incapables de gagner un trophée collectivement, Messi et Ronaldo ont la mainmise sur le Ballon d’Or depuis une décennie et l’auront encore pour les années à venir, eux qui affolent les statistiques en club.
Ronaldo sait pertinemment bien que la victoire ce soir lui assurerait d’être réélu Ballon d’Or. Au cas contraire, primo, il pourrait annoncer sa retraite internationale lui aussi ou secundo, c’est son adversaire français, Antoine Griezmann qui récoltera les lauriers. L’attaquant de l’Atletico Madrid dispose lui aussi d’arguments avec une finale de Ligue des Champions, la saison dernière.
En fait, ce match aurait pu se résumer à un duel entre Ronaldo et Griezmann. Médiatiquement, c’est l’affiche la plus alléchante. Mais comme l’a résumé le milieu de terrain français, Blaise Matuidi, en conférence de presse, vendredi, «ce n’est pas seulement un match entre Ronaldo et Griezmann». Le football, c’est une histoire de stratégie et d’hommes. De 22 d’entre eux précisément. Le choix des entraîneurs comptera pour beaucoup dans la victoire finale.
Là où le Portugal semble avoir un pas d’avance, c’est dans son groupe qui semble plus homogène. Ricardo Quaresma tranchant et assagi, une charnière qui a répondu présent malgré le forfait de Pepe, Danilo Pereira aussi solide que William Carvalho... Son parcours jusqu’en finale, le Portugal ne le doit pas qu’à son 11 de départ, mais bien à l’ensemble de son groupe.
La charnière qui a évolué face au Pays de Galles en demi-finale n’était pas du tout celle qui a débuté l’Euro. Mais José Fonte, qui évoluait encore en 3e division anglaise en 2010-11, et Bruno Alves, qui joue dans un petit club à l’échelle européenne, Cagliari, ont stabilisé sans sourciller la défense portugaise, et fait oublier ce qui avait pourtant des allures de coup dur avant le match : le forfait du meilleur défenseur portugais, Pepe.
Ce n’est pas le poste le plus glamour du football, mais le rôle de n°6, sentinelle devant la défense, est crucial pour l’équilibre d’une équipe. Or le Portugal en compte deux qui, sur la lancée de leurs saisons respectives à Porto et au Sporting Portugal, évoluent à un très, très bon niveau à l’Euro, alors qu’ils sont jeunes (24 ans) et relativement inexpérimentés (41 sélections à eux deux).
Le longiligne Danilo Pereira et le plus massif William Carvalho, dont la qualité de passe est impressionnante, se relaient alternativement depuis le début de la compétition, sans que le socle défensif portugais n’en soit affecté.
Le second était suspendu face au Pays de Galles ? Pas de souci, Pereira l’a suppléé au pied levé et fait vivre un calvaire à son homologue gallois Joe Allen. Les deux savent faire remonter leur équipe et s’interposer en cas de chaleur devant le but de Rui Patricio. Et assurent aussi bien l’un que l’autre le liant d’une formation qui évolue en équipe.
En face, le plus gros écueil pour les Français reste la gestion de la dimension psychologique d’une telle rencontre. Les premiers matches ont mis en lumière leurs difficultés à se libérer et à assumer un statut de favoris contre des nations modestes. Le Portugal de Ronaldo sera d’une autre trempe que la Roumanie, l’Albanie, l’Eire ou l’Islande et n’aura rien à perdre contre des Bleus devenus les nouvelles terreurs du continent après avoir écarté les quadruples champions du monde.
La passion qui unit en France tout un peuple derrière son équipe et l’attente qui en découle pourraient de nouveau anesthésier les Bleus, du moins en début de partie. Deschamps a bien cerné le danger et a d’emblée voulu soulager ses joueurs d’un poids susceptible d’être trop lourd à porter. «Ce n’est pas parce qu’on a éliminé l’Allemagne qu’on a des pouvoirs supplémentaires. On croit en nous et le Portugal croit en lui. Ce sera ouvert», a-t-il fait remarquer après la demi-finale gagnée contre l’Allemagne.
Depuis quelques semaines déjà, les joueurs de l’équipe de France veulent écrire l’histoire. «C’est à nous d’écrire notre histoire. On veut aller le plus loin possible et gagner l’Euro», fait remarquer Laurent Koscielny. Pour la gloire…
L’Anglais Mark Clattenburg arbitrera la finale de l’Euro-2016 entre la France et le Portugal, aujourd’hui, au Stade de France. Considéré comme le meilleur arbitre européen cette saison, Mark Clattenburg, 41 ans, avait dirigé la finale de la Ligue des Champions remportée par le Real Madrid aux dépens de l’Atletico Madrid en mai. Il sera accompagné de deux assistants anglais, Simon Beck et Jake Collin.
Mark Clattenburg devient le deuxième arbitre à cumuler finale de la Ligue des Champions et finale de l’Euro, après Pedro Proença en 2012. Ancien électricien, Mark Clattenburg, arbitre international depuis 2007, a déjà dirigé trois matchs depuis le début de l’Euro: Belgique-Italie et République Tchèque-Croatie au premier tour, ainsi que Suisse - Pologne en 8es de finale.
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