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Flash-back : Quand Maurice et Rodrigues entraient sur la scène olympique

20 août 2016

Il demeure le premier Rodriguais à participer à des jeux Olympiques.

Un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour le sport mauricien. 1984 est l’année où, pour la première fois, Maurice participait aux jeux Olympiques. Cela se passait à Los Angeles, aux États-Unis où 140 nations et 6 829 athlètes prirent part à 221 épreuves dans 21 disciplines sportives au programme. Notre île était représentée à cette occasion par Vivian Coralie, Christine Béchard, Dominique Béchard et Daniel André, tous inscrits dans des épreuves d’athlétisme. Le dernier nommé a été le premier Rodriguais à concourir aux JO et nous raconte volontiers son parcours.

 

A l’époque, notre île faisait office de minuscule Petit poucet auprès des grandes nations, notamment les Etats-Unis menés par un certain Carl Lewis. Nos représentants n’avaient que leurs passions et leur fierté pour affronter les grosses pointures de l’athétisme mondial, avec, comme résultats des éliminations précoces. Vivian Coralie devait prendre la 25e place dans l’épreuve de décathlon alors que Dominique Béchard devait terminer à la 18e  place dans l’épreuve de lancer du disque alors que sa sœur Christine prit la 17e place dans la même spécialité chez les dames. De son côté, Daniel André ne put franchir le cap des épreuves des séries dans le 100, 200 et 400 mètres. «Cela a été un grand moment de fierté et de reconnaissance, car aux yeux du monde, on n’était qu’un petit pays que les gens découvraient. C’était une chance inouïe pour moi d’être à des JO», souligne le sprinteur  originaire de Citronnelle.

 

A 52 ans, Daniel André demeure une légende dans le sport rodriguais pour avoir été le premier athlète de l’île à participer aux JO. Ce n’était pas un coup d’éclat de sa part, car, peu de temps après sa participation de Los Angeles 1984 il devait connaître une brillante carrière comme sprinteur, en faisant honneur à maintes reprises à notre quadricolore, et à son île natale. L’homme, après avoir rangé ses spikes en 1991, continue d’être dans le giron de l’athlétisme mauricien et officie comme instructeur de l’IAAF.

 

Plus de 30 ans après ce rêve américain, le principal concerné se souvient comme si c’était hier pour lui. A l’époque il n’avait que 19 ans et ne s’était mis à l’athlétisme qu’un an plus tôt. «C’était très difficile à gérer, car tout s’est passé très vite pour moi. Je m’étais donné à fond en athlétisme  en 1983 après avoir brillé aux Jeux Inter-collèges dans les épreuves de sprint. Et voilà qu’un an plus tard je suis dans l’équipe mauricienne qui participait pour la première fois à des jeux Olympiques. C’était un rêve avec les yeux grands ouverts, car, à l’époque, c’était quelque chose de très grand de se rendre aux Etats-Unis et aussi de participer dans cette compétition», raconte Daniel André.

 

«Prendre l’avion comme seule ambition»

 

«Disons que les JO de 1984 marquaient mes débuts dans l’athlétisme et ces Jeux là étaient venus un peu trop tôt pour moi. A l’époque on avait participé grâce à une wild-card. C’était un moment intense que, Dominique, Christine, Vivian et moi avaient vécu comme athlètes. J’ai eu la joie de côtoyer le roi du sprint de l’époque, l’Américain Carl Lewis ou encore le grandissime champion anglais en décathlon Daley Thompson», se rappelle notre interlocuteur.

 

Celui-ci est actuellement entraîneur d’athlétisme tout en continuant de vivre de sa passion pour cette discipline. En fait, entre Daniel André et ce sport, c’est toute une vie qui s’est construite. «Cela fait 32 ans que je suis dans le domaine. J’ai eu l’honneur de participer à des JO comme athlète et ensuite de participer à celui de Beijing comme entraîneur. L’athlétisme a fait de moi ce que je suis aujourd’hui avec comme point de départ Los Angeles en 1984», souligne l’ex-étudiant du Rodrigues College et du St-Andrews School.

 

Il a représenté le pays à plusieurs compétitions internationales.

 

La planète entière vit, actuellement, à l’heure des jeux Olympiques de Rio et Daniel André suivra avec attention nos représentants dans les épreuves d’athlétisme, avec notamment Aurélie Alcindor aux 200 mètres, Jonathan Drack au triple saut et Daniel Carver dans le marathon. «J’espère qu’ils vont donner le meilleur d’eux-mêmes pour essayer d’améliorer leurs performances, même s’ils auront à faire face à rude concurrence», dira le technicien qui a eu l’insigne honneur d’être décoré en 1985 par la Reine d’Angleterre en recevant le trophée d’Outstanding Performance in Sports, alors qu’en 2001, l’AMA lui a décerné le titre d’entraîneur de l’année. Ce qui le pousse à dresser un parallèle entre les ambitions des sportifs de la présente génération et ceux de son époque.

 

«Les jeunes d’aujourd’hui pensent d’abord à ce qu’ils vont gagner avant même d’avoir réalisé quelque chose. Bon nombre d’athlètes participent à des compétitions internationales sans les vivre intensément comme sportifs. Les mentalités ont bien changé et certains n’ont comme ambition que prendre l’avion et de voyager. A mon époque, tous les sportifs faisaient de sorte d’améliorer leurs performances personnelles ou améliorer des records nationaux dans des compétitions internationales, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Seuls Stéphan Buckland et Eric Milazar avaient cette éthique pour vivre intensément chaque instant de leur  participation », se désole Daniel André.

 

Pour rappel, notre interlocuteur est marié et père de deux enfants, Olivier (17 ans) et Ory (12 ans) et les deux ont montré des dispositions pour réussir une brillante carrière en athlétisme, notamment au lancer du disque et au saut en longueur respectivement. Outre sa participation aux JO de 1984, l’ex-sprinteur rodriguais a brillé lors des Jeux des îles de l’océan indien de 1985 tout en défendant nos couleurs aux Championnats et Jeux d’Afrique, aux Jeux du Commonwealth. Il a aussi participé à plusieurs stages de formation et était reçu instructeur de l’IAAF en 2008. De quoi continuer à vivre intensément sa passion pour l’athlétisme.

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