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28 septembre 2017 13:05
Le Lady Club M a touché le fond. Il ne faut pas se voiler la face et ne pas regarder la vérité en face. La sélection nationale féminine de football a connu un parcours des plus décevants lors de l’édition 2017 de la Cosafa Women’s Championship, qui prend fin aujourd’hui avec la finale mettant aux prises le Zimbabwe (pays hôte et tenant du titre) et l’Afrique du Sud. Tirées dans le groupe B, nos footballeuses, malgré leur bonne volonté, ont été incapables de résister au Swaziland (3-0), Kenya (11-0) et Mozambique (3-0).
Une déroute qui ne fait pas honneur à ces filles qui se dépensent et se sacrifient pour la passion qu’elles vouent au football. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce naufrage causé par un manque de préparation ou l’absence des matchs pour le Lady Club M. Avant sa participation dans la Cosafa Women’s Championship, il fallait remonter à février 2016 pour voir le dernier match de la sélection nationale.
C’était contre le Botswana dans les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et marquées par une correction (7-0 et 4-0). Avant ça, on avait vu le Lady Club M en action lors des JIOI 2015 à La Réunion durant le mois d'août. Cela donne une idée à quel point cette sélection souffre d’un manque de compétition, et la Mauritius Football Association (MFA) est montrée du doigt.
En dépoussiérant les archives, on n'arrive pas savoir à quand remonte une aussi large défaite d’une sélection toutes catégories confondues. Certes, le Kenya, qui a chuté contre le Zimbabwe en demi-finale de cette compétition (4-0), était largement supérieur face à nos représentantes, mais ces dernières ont montré par moments des phases de jeu intéressantes sur le terrain. Là on pense aux matchs contre le Swaziland et le Mozambique (considéré comme le meilleur match du Lady Club M dans ce tournoi).
On aurait tort de taper sur les doigts des footballeuses, ou encore sur le coach français Pierre-Yves Bodineau (ex-entraîneur de l’équipe féminine U19 du PSG). Ce dernier est arrivé en catastrophe pour aider le Lady Club M à se préparer pour cette compétition. Le tout en trois semaines, et même Harry Potter n’aurait pu accomplir de miracle en si peu de temps. Ajouter à cela que les footballeuses mauriciennes disputent un championnat en dents de scie et bouclé en quatrième vitesse.
Il faut trouver des remèdes pour laver l’honneur du Lady Club M, et nombreux sont ceux qui proposent des solutions. Si certains suggèrent un championnat national plus compétitif et une meilleure considération pour les footballeuses, d’autres disent qu’il faut mette l’emphase sur la formation. «Il faudrait lancer une compétition inter-collège de football pour les filles», propose Roopesh Neerunjun, Team manager du Pamplemousses SC, dont l’équipe a remporté la Mauritius Barclays Premier League et dispose d’une équipe féminine.
Un autre dirigeant soutient qu’il faudrait mettre l’accent sur l’hygiène de vie et la condition physique des footballeuses. «Nous avons vu la différence lors la Cosafa où nos footballeuses ont été dépassées physiquement. Il faudrait donc leur inculquer une bonne hygiène de vie et se maintenir en forme. Martine Kelly est une modèle et on voit au fil des années qu’elle est une des meilleures footballeuses de l’île, et pratique le volley-ball et travaille en même temps. On ne peut pas pratiquer le football de haut niveau et exiger des résultats parce qu’on aime jouer au football. Il y a une différence entre être un footballeur et aimer jouer au football», confie notre interlocuteur qui requiert l’anonymat.
La MFA plaide coupable de cette contre-performance. «Les filles ont commencé leurs préparations trois semaines avant ce tournoi, et on a pu avoir l’expertise de Pierre Yves Bodineau. C’est peu et on ne pouvait pas accomplir la magie. Nous avons toutes les peines du monde à boucler le championnat féminin à cause de l'indisponibilité des terrains, tout comme pour la fin du championnat junior et la MFA Cup. Nous avons dû programmer cinq matchs le même jour sur le terrain de la MFA pour qu’on puisse terminer ces compétitions et récupérer les filles pour le tournoi de la Cosafa. Ajouter à cela, certains clubs ne jouent pas le jeu pour aider le football féminin», explique Samir Sobha, le président de la MFA.
Celui-ci a eu une réunion de travail avec la sélection du Lady Club M avec beaucoup d’incertitude. Pierre Yves Bodineau veut prolonger son séjour à Maurice pour mettre en place des programmes pour redynamiser le football féminin, sauf que le PSG veut l’avoir dans ses rangs. Une décision finale sera prise prochainement quant à son avenir dans le paysage du football féminin, dit Samir Sobha.
Ce dernier annonce déjà que la formation des footballeuses sera une des priorités de la MFA, comme préconisé par Pierre Yves Bodineau. «L’idée de mettre en place des écoles de football féminines est sérieusement considérée, tout comme des compétitions pour les U20. Nous attendons les recommandations de Pierre Yves Bodineau pour aider le football féminin sur le long terme»,lâche notre interlocuteur.
Quoi qu’il en soit, on sait bien en avance que Maurice participera à nouveau à la prochaine édition de la Cosafa Women’s Championship et le travail doit débuter plus tôt. «Ce n’est pas tout, tous comme pour les garçons, nous allons participer aux éliminatoires de la CAN et la Coupe du monde», prévient Samir Sobha.
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