Handisport : Noémi Alphonse se tourne vers l’opinion publique

La suspension provisoire de l’handisportive interpelle toujours. Dans un entretien vidéo d’une trentaine de minutes, publié sur le Net cette semaine, Noémi Alphonseest longuement revenue sur les circonstances qui ont mené à sa suspension et sur les nombreuses difficultés que les athlètes de son club et elle rencontrent pour pouvoir pratiquer leur discipline favorite : l’athlétisme. Cette entrevue a attiré l’attention de bon nombre de Mauriciens et nombreux sont ceux à s’être montrés solidaires envers cette habitante de Port-Louis.

Noémi Alphonse a été temporairement suspendue par sa fédération, la Physically Handicapped Persons Sports Federation (PHYSFED), depuis février. Une suspension qui fait suite à «un acte d’indiscipline» envers Yogida Sawmynaden, le ministre de la Jeunesse et des sports, et Véronique Marisson, présidente de la PHYSFED, lors d’une cérémonie de cash prizele mois dernier. L’athlète unijambiste aurait, ce jour-là, voulu expliquer au ministre de la Jeunesse et des sports les difficultés que ses camarades sportifs et elle rencontrent au quotidien. Mais face à l’indifférence du ministre et de la présidente de la fédération, Noémi Alphonse a reconnu avoir perdu son sang-froid.

Depuis, Noémi Alphonse, pensionnaire du Magic Para Sports Club, a présenté ses excuses au ministre des Sports, mais pas à la fédération des handicapés physiques. La PHYSFED l’a ainsi provisoirement suspendue et a référé son cas à l’Ombudsperson for Sports, Ramesh Sunt,pour une enquête. Cette instance a d’ailleurs rencontré l’athlète unijambiste en début de semaine, de même que les représentants de son club, en l’occurrence Hewlette Nelson, la présidente, Herve Runga, le secrétaire, et Jean Marie Bhugerathee, l’entraîneur personnel de Noémi Alphonse, pour qu’ils donnent leur version des faits.

Les deux parties concernées attendent désormais la conclusion de l’Ombudsperson for Sports avant de décider de la marche à suivre. «Nous avons rencontré Ramesh Sunt lundi au ministère de la Jeunesse et des sports. Et lors de cette rencontre, Noémi Alphonse et son club ont pu évoquer les problèmes auxquels ils font face. Cette rencontre s’est très bien déroulée, nous attendons maintenant la suite»,a commenté Jean Marie Bhugerathee.

Même son de cloche du côté de la PHYSFED. La présidente de cette instance, Véronique Marisson, dit attendre le rapport de l’Ombudspersonavant de prendre une décision. Selon elle, la fédération ne mettra pas sur pied de comité disciplinaire sans avoir, au préalable, pris connaissance du rapport de l’Ombudsperson. Elle a également commenté la vidéo postée sur la Toile.

Véronique Marisson maintient que Noémi Alphonse a été temporairement mise à pied suite à un acte d’indiscipline : «Le débat autour de cette suspension a été faussé. Contrairement à certaines remarques que j’ai vues, la fédération n’a pas suspendu Noemi Alphonse pour pouvoir envoyer un dirigeant à sa place. Les gens ne voient que le handicap de Noémi Alphonse et ne la voient pas comme une sportive. Que se passera-t-il si la même chose se produisait dans une autre fédération ? Je n’ai jamais pénalisé un athlète du Magic et je pense qu’elle est en train de dire des choses sans pour autant connaître le fond de l’histoire.»

En outre, depuis la diffusion de cette vidéo, Véronique Marisson dit craindre pour sa sécurité car, selon elle, il y a eu des propos menaçants à son égard sur les réseaux sociaux. Elle maintient ne pas connaître les personnes concernées, mais envisage de faire une déposition à la Cyber Crime Unitet à la police car elle juge ces menaces sérieuses.