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Par Qadeer Hoybun
19 juillet 2015 01:15
Concentration, discipline et intensité ! Tels sont les leitmotivs de la sélection mauricienne de boxe qui s'entraîne dans le cadre de sa préparation finale en vue des JIOI.
Le visiteur qui se rend au Centre national de boxe à Vacoas est tout de suite saisi par l’ambiance qui y règne. La salle résonne des coups de poings sur les sacs de frappes et des enchaînements sur les rings d’entraînement. Ils sont une quinzaine de boxeurs à s’entraîner sous la supervision du Cubain Roberto Ibanez, le nouveau Directeur technique national (DTN), de l’entraîneur national, Judex Bazile et des assistants entraîneurs qui sont Richard Sunee et Josian Lebon. Les quatre hommes suivent de près le travail de leurs poulains et n’hésitent pas à intervenir quand c’est nécessaire.
«Nous y allons pour faire un bon résultat. Je ne vais pas pronostiquer de médailles, mais sachez que nous ramènerons de bons métaux. Je crois dans le travail, et c’est ce que nous faisons pour pouvoir atteindre notre but», laisse entendre Roberto Ibanez.
Même son de cloche du côté de son homologue mauricien, Judex Bazile. «Notre objectif est de jouer les premiers rôles, car il y va de la réputation de la boxe mauricienne dans la région. Mais il faudra faire attention car tous les pays se sont préparés pour la compétition. Nous avons une équipe mixte avec des boxeurs aguerris, mais aussi des jeunes pleins de talent qui prendront la relève très bientôt», avance le technicien mauricien.
En effet, ce groupe contient des athlètes de plusieurs niveaux à savoir mondial, continental et régional. Malgré l’absence de Kennedy St-Pierre, qui n’a pas eu l’autorisation de la World Pro Boxing pour prendre part aux Jeux, Judex Bazile croit fermement que son équipe saura bien faire. Toutefois, le mentor national pèse ses mots et se méfie des surprises qui peuvent surgir durant la compétition, comme cela a été le cas lors de la dernière édition en 2011.
«Après l’épisode des Seychelles, nous restons sur nos gardes. Nous avons préparé l’équipe en prévisions des éventualités, mais nous devons tout de même rester prudents car nous ignorons dans quelle condition se fera la compétition», explique Judex Bazile.
En attendant le début des hostilités, la préparation bat son plein au gymnase de Vacoas.
Les pugilistes mauriciens ont entamé le travail depuis plusieurs mois et ces dernières semaines, ils ont pu se mesurer à des sparring partners de choix avec notamment la visite de l’équipe du Sri Lanka en juin dernier et celle de l’équipe nationale de l’Inde qui est arrivée la semaine dernière.
La sélection indienne a débarqué avec neuf éléments de valeur qui sont actuellement en pleine préparation en vue des Jeux Asiatiques de septembre et aussi des qualificatifs pour les Jeux olympiques de 2016 à Rio Janeiro.
« Ils sont bien physiquement et mentalement. Le volume de travail est très intense mais depuis la venue de l’équipe sri-lankaise, ils sont beaucoup plus affûtés et ce rythme restera ainsi jusqu’à la dernière semaine où nous allons diminuer la cadence avant le départ pour la Réunion. Cela leur permettra de récupérer et d’être fin prêts pour le tournoi», déclare Roberto Ibanez.
Pour ce dernier, l’adaptation avec l’équipe nationale s’est très bien passée. Arrivé au début du mois de juin, l’entraîneur cubain s’est rapidement ajusté au groupe. Le respect de ses poulains et leur attitude à l’entraînement en disent long sur leur collaboration. «Il y a eu un moment d’analyse mais comme ils ont déjà les bases de la boxe, cela n’a pas été difficile de porter les entraînements à un autre niveau. Nous avons d’abord attaqué le côté endurance physique avant de nous tourner vers la partie technique et tactique. Ils sont bien dans leurs têtes et sont motivés en vue de l’échéance à venir», prévient le DTN avant d’ajouter «J’avoue ne pas connaître les Jeux des îles, mais lorsque Kennedy St-Pierre et Richarno Colin sont venus à Cuba l’année dernière j’ai pu prendre connaissance de l’importance qu’on accorde à ces Jeux dans la région», dit Roberto Ibanez.
Ce dernier est d’avis que la discipline et la bonne attitude de ses boxeurs seront un élément-clé dans la victoire des siens à La Réunion.
La sélection : David Rolfo (-49 kg), Ludovic Bactora (-52 kg), Jordy Vadamootoo (-56 kg), John Colin (-60 kg), Richarno Colin (-64 kg), Jean-Luc Rosalba (-69 kg), Merven Clair (-75 kg), Cédric Olivier (-81 kg), Jacques Raphael (-91 kg) et Danilo Gaspard (+91 kg).
Le porte-drapeau de la discipline. En l'absence de Kennedy St-Pierre, les regards seront braqués sur Richarno Colin. Ce dernier n’est pas né de la dernière pluie et compte des participations aux Jeux olympiques et les JIOI représentent donc une occasion de revenir au premier plan.
Cet habitant d’Henrietta en sera à sa troisième participations aux JIOI et se prépare minutieusement. «La préparation se passe correctement tant au niveau physique que mental. L’apport du DTN est définitivement un plus dans notre préparation de par son expérience», dit le boxeur mauricien
«Les JIOI représentent beaucoup pour moi, car tous les sportifs mauriciens rêvent d'une participation dans cette compétition et surtout décrocher une médaille. Je pense qu’on peut faire une très bonne performance à ce tournoi, avec une équipe très motivée. Nous ne devrons pas sous-estimer nos adversaires, nous devons resté concentrés sur nous-mêmes pour faire le plein de points», dit Richarno Colin
Un champion en cache une autre. John Colin a suivi les traces de son frère aîné en s’affirmant comme une des valeurs sûres du noble art. Il a déjà conquis le Continent Noir en remportant en 2009 les championnats d’Afrique. Il sera à sa deuxième participation dans un JIOI et veut mieux faire.
«Lors de la dernière édition, j’avais échoué en finale. Cette fois-ci, avec l’expérience, je veux décrocher la médaille d’or», nous confie le pugiliste mauricien, âgé de 24 ans. Ce dernier espère faire vibrer les Mauriciens. «Je remercie mes parents, mes proches, mes entraîneurs et mes collègues qui me soutiennent dans ma préparation et je veux les honorer».
Parlant de sa préparation, John Colin estime qu’il est presque fin prêt. «Ça se passe correctement, car on s’entraîne très dur matin et après-midi. Avec l’apport du nouveau DTN, on sent qu’on est en train de progresser. Il y a encore du travail à faire et on ne doit pas s'endormir sur nos lauriers», déclare le Vacoassien.
Le noble art reste une discipline incontournable des JIOI. Inscrite lors de la première édition en 1979, la boxe demeure un sport qui attire les grosses foules à chaque édition. Discipline olympique, ce sport a toujours été réservé aux athlètes masculins. Toutefois, lors des Jeux de 2007 à Madagascar, la boxe féminine a fait son entrée au programme. Mais pour l’édition de 2011 aux Seychelles, elle ne figura pas au programme de même que cette année à La Réunion. Les boxeurs mauriciens ont toujours bien fait en boxe avec cinq médailles d’or aux Jeux de 1998 à La Réunion et autant en 2003 à Maurice. En août prochain, les yeux seront braqués sur le gymnase Nelson Mandela qui abritera les combats de boxe à Saint-Pierre. Les catégories aux programme sont -49kg (mi-mouche), -52kg (mouche), -56kg (plume), -60kg (léger), -64kg (super léger), -69kg (mi-moyen), -75kg (moyen), -81kg (mi-lourd), -91kg (lourd), +91kg (super lourd).
Les JIOI, Bruno Julie en connaît tout un rayon. Ayant participé à trois édition, 2003 à Maurice, 2007 à Madagascar et 2011 aux Seychelles, le Magicien sait à quel point la situation peut évoluer durant la compétition. Et comme tous ceux qui ont pris part à l’événement, il ne peut s’empêcher de comparer les JIOI avec les Jeux olympiques. «Pour moi ce sont des mini-Jeux Olympiques. Nous les préparons avec beaucoup de sérieux, et plus la compétition approche, plus nous somme motivés à nous donner à fond. Je me rappelle à avoir vécu mes premiers Jeux alors que j’étais encore enfant en suivant un match de football à la télévision, et à partir de là j’ai toujours rêvé d’avoir la chance de représenter mon pays. C’est un événement qui a son lot de bons et de mauvais souvenirs», avance l’ex-puncheur mauricien.
Selon lui, durant les JIOI, la délégation mauricienne vit comme une seule famille et tout le monde se soutient mutuellement. Et c’est aussi un moment où les meilleurs sportifs de l’océan Indien se rencontrent. «Les JIOI, c’est la fête de l’océan Indien. Bien que chaque délégation se regroupe en une seule famille c’est aussi l’occasion pour les athlètes de rencontrer d’autres compétiteurs venant d'autres pays. Pour tous ceux qui participent pour la première fois, les JIOI restent un moment inoubliable», relate notre interlocuteur.
Double médaillé d’or en 2003 et 2007 et médaillé d’argent en 2011, Bruno Julie sait aussi qu’aux Jeux la situation peut rapidement virer au cauchemar. «Quand on représente son pays aux JIOI, il ne faut pas oublier que tous les compétiteurs viennent pour gagner. Chaque participant s’est donné à fond à l’entraînement pour pouvoir arriver aux Jeux. Mais des fois, cette ambiance est gâchée due à des erreurs commis par des juges. Ces personnes doivent réaliser que ces sportifs se sont sacrifiés pendant quatre ans et que c’est très décevant d’être pénalisé le jour de la compétition, suite à des erreurs d’arbitrage. J’ai vécu cela aux Seychelles et je dois dire que c’est quelques chose que je ne souhaite pas à quiconque qui participe aux JIOI», se remémore le Rosehillien.
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