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Par Qadeer Hoybun
2 juillet 2015 14:42
La tête dans le guidon. Pour cette édition 2015 des JIOI, la Fédération mauricienne de Cyclisme (FMC) a placé la barre haut. Ainsi, après les deux médailles remportées par Yannick Lincoln dans le contre-la-montre individuel et celle de la sélection mauricienne dans l’épreuve par équipe, la FMC espère bien frapper un grand coup en dominant toutes les épreuves au programme. L’objectif est clair dans le camp des Mauriciens : faire mieux que 2011 où le quadricolore avait flotté à deux reprises, ramenant trois médailles d’or.
Pour ce faire, la fédération a fait appel au Sud-Africain, Andrew Smith, le head-coach du « World Cycling Center Africa » pour encadrer la sélection mauricienne. Le Directeur technique national est en poste depuis un peu plus d’un mois maintenant et a, déjà, composé une sélection (voir plus loin) de cinq coureurs et deux réservistes pour le déplacement à La Réunion. Un groupe qui allie expérience (mené par le duo Yannick Lincoln et Steward Pharmasse) et fougue de la jeunesse incarnée par Grégory Lagane entre autres.
A quelques semaines de l’événement, nos représentants ne chôment pas et ce n’est pas Dame nature qui va les décourager. Nous les avons rencontrés durant la semaine après une séance d’entraînement sur les routes du Nord alors que l’anticyclone jouait aux trouble-fêtes. Ce jour-là, les sélectionnés de même que les réservistes ont avalé plus de trois heures de routes suivis dans un véhicule par le duo Andrew Smith, le DTN , et José Achille, entraîneur national.
A leur arrivée sur l’aire de stationnement du stade Anjalay, la bonne humeur se lisait sur leur visage, malgré la fatigue et le froid. « Voyez vous-même», nous répond Andrew Smith lorsque nous lui demandons l’état d’esprit du groupe. Ce dernier est en poste chez nous depuis quelques semaines et nous parle de ce qu’il savait du cyclisme mauricien.
«Je connais un peu le cyclisme mauricien à travers le Centre de cyclisme africain où mon travail consiste à suivre les jeunes talents de tous les pays. Après un mois et quelques jours ici, j’ai une meilleure vue de ce qu’est le cyclisme mauricien et je sais aussi ce que représentent les JIOI», avouera le technicien sud-africain.
Poursuivant, Andrew Smith explique que « Quand je suis arrivé, il y avait une présélection qu’avaient mise en place la fédération et les entraîneurs. C’est déjà un groupe très solide avec de bons éléments et je dois dire que cela n’a pas été aisé pour nous au moment de composer le groupe final».
«Les coureurs ont progressé. Ils sont bien physiquement et cela se voit par rapport à la bonne humeur qui règne dans le groupe», explique-t-il.
Le groupe quitte le pays cette semaine, pour un stage au « Centre Mondial de Cyclisme » à Aigle en Suisse et sera de retour avant la fin du mois.
« Dans le sport il y a toujours des défis à relever. Les Mauriciens doivent, avant tout, être fiers de ce qui a été fait pour que les coureurs aient une bonne préparation. Dans plusieurs pays africains on n’a pas ces moyens. Nous somme concentrés sur notre objectif et nous allons faire ce que nous avons à faire», avance Andrew Smith.
Le challenge est d’autant plus grand que l’équipe mauricienne ne connaît pas trop ses adversaires, mais d’aucuns estiment que les Réunionnais seront redoutables sur leurs terres. «Nous n’avons aucune donnée sur les autres équipes, ni sur ce qu’elles font actuellement. Et elles non plus ne savent pas ce que nous faisons. Je pense que c’est bien ainsi, car si nous nous entraînons par rapport à ce qu’elles font, cela risque de perturber notre préparation. C’est pour cela que nous préférons rester sur notre programme», a souligné le technicien.
Néanmoins, la bande à José Achille ne part pas en terrain inconnu. «Lors de notre stage à La Réunion nous avons roulé sur les parcours des différentes courses. La course en ligne se déroulera sur un circuit à Bras Panon qu’on connaît, le contre-la-montre individuel nous l’avons fait lors du Tour de La Réunion l’année dernière et celui du contre-la- montre par équipe, nous avons parcouru les trois-quarts du trajet. C’est une étape très technique où il y a beaucoup de vent et où il faudra avoir une équipe solide et une bonne cohésion entre les coureurs», fait remarquer notre interlocuteur.
Celui-ci est satisfait de la préparation des coureurs mauriciens. «La préparation a débuté depuis 2014, et, depuis, les coureurs ont fait quelques sorties internationales dont les Championnats d’Afrique en février dernier, en Afrique du Sud, pour avoir quelques frottement. Nous avons également effectué un stage à La Réunion pour pouvoir nous familiariser avec le parcours, et, maintenant, nous avons Andrew Smith qui est venu nous prêter main forte dans la préparation finale», fait savoir José Achille.
Le cyclisme fait partie des neuf disciplines qui ont toujours figuré au programme des JIOI. Depuis la première édition en 1979, à La Réunion, et ce jusqu’à la prochaine édition prévue en août prochain à l’île Sœur, la petite reine est toujours restée un fidèle de ce rendez-vous indiaocéanique. La popularité de ce sport est, sans doute, l’une des raisons qui ont permis à ce sport d’avoir toujours une place privilégiée au programme des Jeux. Ajouter à cela le nombre de surprises qu’il engendre à chaque édition. La compétition se déroule, uniquement, sur route et est réservée aux coureurs masculins. Trois épreuves sont proposées avec notamment le contre-la-montre par équipe, le contre-la-montre individuel et finalement la course en ligne.
Performance mauricienne aux Seychelles en 2011 : 2 médailles d’or (1 en contre-la-montre individuel et 1 en contre-la-montre par équipe)
Les sélectionnés: Yannick Lincoln, Grégory Lagane, Steward Pharmasse, Olivier Le Court de Billot et Fidzerald Rabaye
Réserve: Yoan Pirogue et Michael Khedoo
Considéré comme l’un des meilleurs jeunes à Maurice, Grégory Lagane s’attaquera pour la première fois de sa carrière aux JIOI. Le sociétaire du Faucon Flacq SC-KFC attend avec impatience cet événement. «C’est cool ! Je pense que c’est assez excitant de représenter son pays dans une compétition de cette envergure. Ce sera sans doute une bonne expérience pour moi, car, déjà, avec les entraînements, le rythme s’est intensifié», déclare Grégory Lagane. A 34 jours de ce grand rendez-vous régional, ce jeune de 19 ans trouve que l’équipe mauricienne est pleinement concentrée sur l’échéance à venir. «C’est un bon groupe, on s’entend à merveille. Il y a une bonne ambiance», commente Grégory Lagane.
Pédaler, pédaler….Cela fait quelques années que Steward Pharmasse figure dans le peloton du cyclisme mauricien. A 37 ans, il sera à sa deuxième participation. Son expérience sera un atout pour l’équipe mauricienne.
Le sociétaire de KFC-Faucon Flacq Cycling Team se prépare minutieusement comme les autres sélectionnés. Selon lui, l’équipe sera prête après le stage en Suisse. «L’équipe a été officialisée la semaine dernière et nous avons encore du boulot à accomplir. Je pense que le stage en Suisse nous sera, certainement, bénéfique et ce n’est qu’après qu’on pourra se situer où on en est par rapport aux JIOI», dit le coureur mauricien.
Celui-ci estime que les représentants de l’île de la Réunion seront à surveiller d’autant qu’ils seront à domicile devant leur public. «Nous ne connaissons pas grand chose sur les autres pays participants mais la Réunion demeure la grande favorite. Nous ne devrons pas nous laisser intimider», fait-il ressortir avant d’enfourcher son vélo pour rentrer chez lui. Pédaler, pédaler…
Les JIOI vus par un ancien médaillé
Personnage incontournable dans le monde du vélo à Maurice, Sébastien Hacques a, lui aussi, connu la fièvre des Jeux des îles. Le Mauricien, qui détient une seule participation à l’événement indiaocéanique, lors de l’édition de 2003 à Maurice, n’oubliera jamais cette liesse. «C’est un des plus beaux souvenirs de ma carrière sportive. Quand on fait du sport de haut niveau, cela demande beaucoup de sacrifices, et, bien souvent, on est en compétition à l’extérieur du pays. Mais là, c’était différent. Nous courions chez nous et même si l’engagement n’a pas, pour autant, changé, le fait d’avoir remporté une médaille restera à jamais une belle performance pour nous qui n’avons pas la chance de côtoyer souvent le haut niveau», se remémore Sébastien Hacques.
Le coureur mauricien s’était illustré avec la sélection mauricienne A en remportant le contre-la-montre par équipe aux côtés de Colin Mayer, Yannick Lincoln et Mike Chong Chin. «L’implication était énorme. Le travail avait débuté bien avant l’année de Jeux et nous avons dû faire face à beaucoup de stress durant toute la durée de la préparation, mais il y avait un engouement venant de tout le monde. Et cela nous encourageait. Avant la compétition quand on s’entraînait sur nos routes, les voitures klaxonnaient pour nous encourager», se rappelle Sébastien Hacques.
Invité à commenter sur la sélection mauricienne qui sera engagée cette année à La Réunion, Sébastien Hacques trouve que l’équipe est encore plus costaude qu’en 2003. Selon lui, les coureurs sont plus motivés que jamais, et se sacrifient énormément pour pouvoir ramener encore plus de médailles.
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