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Par Qadeer Hoybun
10 juillet 2015 03:04
Quatre médailles d’or seulement. Un résultat bien en-deça des espérances. «Notre objectif est simple, faire oublier l’expérience amère des Seychelles. Cette année-là nous avions le potentiel de faire un bon résultat, mais nous avons échoué dû à une mauvaise préparation et il y a eu l’épisode du stage en Bulgarie qui a tout fait chavirer. Mais pour les JIOI de 2015 nous sommes bien décidés à rebondir», dit d’un ton assuré Poorun Bhollah, président de la MAWPA.
Ce dernier est convaincu que les leveurs mauriciens seront plus affûtés en août prochain. La sélection mauricienne a débuté sa préparation en vue des JIOI durant le mois de janvier avant d’être rejointe par le technicien roumain, Urdas Constantin. Ce dernier, épaulé par Ravi Bhollah, l’entraîneur national et son équipe, s’occupe de la préparation des haltérophiles mauriciens.
«Son arrivée a eu un impact sur le moral de l’équipe. Les athlètes sont plus concentrés, ils entament cette préparation avec tout le sérieux possible et sont motivés à bien faire. Ils abordent cette dernière préparation comme de vrais sportifs professionnels et c’est bien pour le moral de l’équipe», laisse entendre Poorun Bhollah.
Quinze leveurs sont sélectionnés dans le cadre des Jeux de La Réunion. De ce groupe, dix ont mis le cap sur La Roumanie depuis le mois dernier, pour un camp d’entraînement de six semaines dans plusieurs centres de haut niveau sous la supervision d’Urdas Constantin. Les cinq haltérophiles restants s’entraînent à Maurice sous la férule de Ravi Bhollah. C’est la deuxième fois, cette année, que des membres de l’équipe nationale partent en Roumanie. Cette équipe sera de retour le 22 juillet prochain pour un regroupement au complexe sportif de Pointe-Jérôme avant de mettre le cap sur la Réunion.
«Je dois dire que nous avons été bien gâtés par le ministère de la Jeunesse et des Sport (MJS) et le Trust Fund for Excellence in Sports (TFES). Rien que pour la préparation, les moyens mis à notre disposition dépassent les Rs 1.5 M. Le ministère a fait en sorte que les sportifs disposent d’une bonne préparation notamment en terme de vitamines, de repas et aussi de nouveaux équipements en provenances des Etats-Unis. Je dois dire que, dans des conditions pareilles, nous n’avons d’autres choix que de bien faire», commente le président de la fédération.
La force de cette équipe demeure sa vieille garde. En effet, bon nombre d’entre eux, à l’image de Shalinee Valaydon, Ivan Pierrot, Hansley Gaya, Roilya Ranaivosoa, Emanuella Labonne ainsi que les Jonathan et Cédric Coret ont déjà l’expérience des JIOI. Ces derniers mèneront les jeunes qui effectueront le baptême du feu cette année. «Nous avons mis des jeunes dans l’équipe, car nous préparons, également, l’avenir. En se mesurant à d’autres compétiteurs ils vont certainement progresser. Toutefois, je reste confiant qu’ils seront en mesure de faire une bonne prestation à La Réunion. En haltérophilie, on peut être très fort mais le jour de la compétition il suffit d’un simple détail pour que tout bascule. Pour ma part je suis persuadé que ces jeunes vont nous surprendre», martèle Poorun Bhollah.
Performance mauricienne aux Seychelles en 2011 : 4 médailles d’or (3 médailles Shalinee Valaydon et 1 médaille Yannick Coret)
L’haltérophilie est présente aux JIOI dès la première édition en 1979 à La Réunion. Considérée comme discipline olympique, elle est, également, présente aux Jeux du Commonwealth comme les Jeux de la Francophonie. C’est cette notoriété qui a permis à ce sport de toujours figurer au programme des JIOI. Avec un total de 45 médailles d’or en jeu dans les 15 catégories au programme, faire bien en haltérophilie aide, énormément, au classement final au tableau des médailles. En août prochain, à La Réunion, la compétition se déroulera au gymnase du Moufia à St-Denis. Les catégories au programme sont chez les dames 48kg, 53kg, 58kg, 63kg, 69kg, 75kg et +75kg et chez les hommes 56kg, 62kg, 69kg, 77kg, 85kg, 94kg, 105kg et +105kg.
Féminin : Roilya Ranaivosoa, Emanuella Labonne, Juliana Manoula, Ketty Lent, Tracy Domaingue, Alicia Lamusse, Shalinee Valaydon - Réserve : Alison Sunee
Masculin : Jonathan Coret, Yannick Coret, Cédric Coret, Yvan Pierrot, Yovin Gyadin, Anthony Madanamoothoo, Hansley Gaya, Praful Prithipaul - Réserve: Alvin Jooron
Yvan Pierrot fait partie de l’équipe mauricienne qui est en stage à l’étranger en marge de ces JIOI. Considéré comme une des valeurs sûres de la discipline, le Mauricien tentera de démontrer à l’île de la Réunion que la médaille d'or lors du Championnat du Commonwealth (Malaisie) en 2013 n’était pas un accident de parcours.
Cet habitant de Rivière-des-Créoles a pris de l’épaisseur dans cette discipline du haut de ses 19 ans. Parlant du stage en Roumanie, notre compatriote avoue que la préparation se passe bien même si cela s’avère dur. «Nous sentons que nous avançons dans la bonne direction et chaque jour qui passe nous conforte dans cette situation. Les entraînements sont très durs mais il faut bosser, car sans l’effort on n’aura pas de résultats. Il y a des jours où le mental est bas surtout qu’on est loin des proches et on n’est pas en forme, mais c’est ça la préparation. Donc, on doit s’y faire car nous savons que c’est nous qui sortirons gagnants avec ces sacrifices là », confie-t-il.
Yvan Pierrot sera à sa toute première participation à des JIOI et piaffe d’impatience. « C’est un rendez-vous qui compte beaucoup pour moi. Je me suis beaucoup sacrifié pour arriver en sélection nationale. Je veux démontrer que j’ai un gros potentiel. Je sais que les Mauriciens comptent sur moi et je ferai de mon mieux pour ramener trois médailles d’or. Soyez rassurés que nous, athlètes, allons faire le maximum pour ramener le plus grand nombre de médailles dans cette discipline », prévient Yvan Pierrot.
Elle travaille comme préparatrice physique auprès de la sélection nationale de rugby. Une discipline dans laquelle s’est reconvertie Ravi Bhollah, multiple champion d’haltérophilie, et c’est ainsi que le déclic s’est produit pour Alicia Lamusse. Passionnée de sport, cette Curepipienne nous raconte comment elle est tombée dans la marmite des leveurs de fonte.
« C’est le Cross Fit qui m’a conduite à l’haltérophilie, que j’ai commencé à pratiquer en décembre dernier grâce à Ravi Bhollah, mon entraîneur, qui chaque jour me donne un peu plus le goût pour ce monde des haltères », explique cette ancienne élève du Lycée Labourdonnais. A 25 ans, Alicia Lamusse figure parmi les sélectionnées qui brigueront les honneurs aux prochains JIOI.
«Toutes mes journées sont organisées autour de mes entraînements. Matins et après-midis je suis au centre à Vacoas : après un échauffement collectif chacun s’entraîne à son rythme, le mot d’ordre est patience et concentration. Ma participation aux JIOI est l’aboutissement d’un travail assidu », dit-elle. Et l’excitation est palpable chez elle à quelques semaines du Jour-J.
«Je veux assurer mes six barres et donner le meilleur de moi-même, tenter de me dépasser et croire en mes compétences et capacités », nous avoue Alicia Lamusse.
Participer aux JIOI pour la première fois dans son pays natal est une chance unique selon Jimmy Mounien. L’ex-leveur de fonte, médaillé d’argent à plusieurs reprises en trois participations chez les -69 kg, fait partie de ceux qui ont eu la chance de vivre pour la première fois les JIOI à Maurice. Une expérience hors du commun nous dira l’haltérophile qui a pris part à l’édition 2003 à Maurice, 2007 à Madagascar et 2011 aux Seychelles. «C’est une très grande fierté d’avoir eu la chance de goûter à mes premiers JIOI sur le sol mauricien. Vu l’engouement qu’il y avait autour de l’événement tout le monde nous accordait de l’attention. Cela ne s’arrête pas seulement à nous, car cela touche aussi à nos proches», relate Jimmy Mounien.
Etudiant à l’Université de Maurice à l’époque, le Mauricien se rappelle encore comment il devait conjuguer sports et études : «Ce n’était pas évident mais vu l’engouement qu’il y avait j’étais doublement motivé et c’est cela m’a fait poursuivre mes études tout en m’entraînant avec la sélection nationale», commente l’ex-leveur. Pour Jimmy Mounien, l’expérience des Jeux de 2003 restera pour toujours un moment inoubliable. «L’atmosphère qui y régnait dans le pays était sans précédent, les gens venaient nous encourager en nombre et dans la délégation mauricienne on faisait vraiment Club M. Le contact passait facilement car on se sentait Mauricien avant tout. D’ailleurs, cette ambiance a toujours été présente à chaque fois qu’on a participé aux JIOI», se remémore l’ex-leveur. Bien qu’il ait mis un terme à sa carrière sportive, Jimmy Mounien participera pour la quatrième fois aux JIOI à La Réunion. Le Mauricien officiera cette année en tant qu’arbitre dans la compétition d’haltérophilie.
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