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JO 2016 : Jean-Claude Nagloo: «c’est toujours le coach qui est montré du doigt»

20 août 2016

Jean-Claude Nagloo, ancien directeur technique national (DTN) de boxe à Maurice a connu tout cela durant sa carrière. Il est aussi le seul entraîneur mauricien dont le sportif a remporté une médaille olympique, soit Bruno Julie, médaillé de bronze aux JO de Pékin en 2008. Huit ans après cet exploit, l’ex-puncher de Plaisance n’a pas oublié les épreuves auxquelles un technicien est confronté.

 

«Tout commence par la qualification. Bien sûr, la préparation a débuté bien avant cela et se poursuivra jusqu’aux Jeux. Mais quand votre athlète est qualifié vous éprouvez une grande satisfaction. Il n’est pas donné à tout le monde de participer aux JO. Néanmoins, vous êtes doublement stressé, voire beaucoup plus que l’athlète, étant donné que c’est sur vous que repose toute la responsabilité de le mener jusqu’à la compétition»,insiste Jean-Claude Nagloo.

 

Une tâche bien compliquée puisque le travail de l’entraîneur ne consiste pas seulement à encadrer le sportif, mais aussi à le soutenir et àveiller à ce qu’il n’ait aucun dérapage ou de problème jusqu’à l’échéance. Un véritable parcours du combattant étant donné que le mentor doit à la fois surveiller son poulain, maintenir le rythme et la dose des entraînements, le garder concentrésur son objectif et éviter les blessures.

 

«J’ai connu cinq JO (1996, 2000, 2004, 2008 et 2012) et à chaque fois c’était le même stress. Cela fait partie du métier que ce soit lors d’une compétition amicale ou officiel, c’est la même chose, il y a toujours une certaine pression. Le coach doit toujours soutenir le sportif moralement. Sur le plan physique, l’athlète est déjà prêt, mais c’est au niveau psychologique que tout se joue. L’entraîneur doit s’assurer que le sportif ne se laisse pas influencer ou distraire par les autres, surtout dans le village des Jeux où il y a toujours des distractions. Il faut contrôler ses sorties tout en s’assurant qu’il ne soit pas perturbépar la compétition. Il est bon de savoir qu’en cas d’échec c’est toujours l’entraîneur qui est montré du doigt», avance l’ex-technicien mauricien.

 

Dans le cas des boxeurs mauriciens, JCN avance que l’encadrement national a toujours bien géré la situation. Selon lui tout est fait pour que les pugilistes restent focaliséssur l’échéance. «L’entraîneur doit prendre ses responsabilités, mais c’est également le cas de l’athlète. Toutefois, nous n’avons jamais eu de difficultés avec nos boxeurs. Tant qu’ils sont en compétition, ils ne vont pas trop sortir. Ils passent la majeure partie de leur temps libres dans leurs chambres. Nous essayons également de les distraire afin qu’ils ne se laissent pas gagner par le stress», explique celui que l’on appelait« Le Bourreau ».

 

Être attentif à tous

 

En tant qu’entraîneur de boxe, Jean-Claude Nagloo précisera que le coach doit tout de même surveiller le poids de ses pugilistes. «Il y a des sportifs qui aiment bien manger, c’est dans leur  nature. Je me souviens qu’aux Jeux du Commonwealth en 1998, Richard Sunnee avait un surpoids de 500g au matin de la finale. Je ne vous dis pas le stress que cela a engendré, et nous avons dû le faire travailler dur, à l’entraînement, pour perdre ce superflu et au moment de la pesée il avait tout juste le poids convenu»,remarque notre interlocuteur.

 

Le travail de l’entraîneur devient encore plus compliqué au moment d’aborder la compétition selon l’ex-élément de la Special Mobile Force (SMF). Après le tirage au sort, le technicien ne doit pas laisser l’athlète être gagnépar le doute. Selon lui, la seule chose à faire est de motiver le sportif tout en le préparant pour l’épreuve à venir.

 

«Dans le cas de la boxe, nous préparons le pugiliste par rapport à l’adversaire, ce qui veut dire que nous mettons en place notre stratégie par rapport à ses faiblesses. Il faut savoir que, durant le combat, nous n’avons pas beaucoup de temps entre les rounds. Ce qui convient le mieux ce sont des conseils sur comment exploiter les défauts de l’adversaire»,commente notre interlocuteur.

 

Il ajoutera que tout entraîneur  doit savoir respecter les officiels. Jean-Claude Nagloo est catégorique sur ce point. Il estime qu’un technicien peut ne pas être d’accord avec les juges et les arbitres, mais  il doit toujours les respecter.

 

«Quand jeme remémore le combat de Bruno Julie en demi-finale des JO de 2008 je suis convaincu jusqu’à présent qu’il avait remporté la rencontre. Il a tout donné dans ce duel, comme jamais auparavant, mais l’arbitrage a décidé autrement et je me dois de me plier à la règle. Il faut toujours se rappeler que tout le monde ne juge pas les choses de la même manière. N’empêche que cela restera tout de même le plus grand moment de ma carrière, mais aussi dans l’histoire du pays», se réjouit Jean-Claude Nagloo.

 

A 68 ans, JCN, a pris sa retraite comme entraîneur en 2015 après une cinquantaine d’années passées au service du noble art. Le mythique entraîneur, qui a connu plusieurs générations de boxeurs, pense que Maurice peut, encore, aspirer à une médaille olympique avec des boxeurs comme Kennedy St-Pierre ou encore Merven Clair. Selon ce vieux briscard de la discipline, ces sportifs sont jeunes et peuvent encore tenter une nouvelle fois leurs chances lors des prochains Jeux.

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