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20 août 2016 03:24
Les langues se délient. Les incidents survenus au sein de la délégation mauricienne présente aux jeux Olympiques à Rio ont retenu l’attention cette semaine. Entre le per diem de $200 alloué aux athlètes contre $400 pour les dirigeants et la présence de plus d’une vingtaine d’officiels sur le sol brésilien, alors qu’ils sont seulement une douzaine de sportifs engagés à représenter le pays. Tout cela a suscité bien des commentaires dans la communauté sportive, dans la presse et sur les réseaux sociaux.
Afin de faire la lumière sur cette affaire, nous avons cherché à comprendre comment est composée la délégation mauricienne qui participe aux Jeux. Il existe une forte perception que les membres de l’équipe sont souvent ceux qui sont proches avec les hauts responsables du Comité olympique mauricien (COM), et qu’ils sont « récompensés » pour services rendus ou encore pour s’assurer de leurs soutiens pour les prochaines élections au sein de cette instance sportive mauricienne.
Pour commencer, il est bon de savoir que Maurice est représentée par 12 athlètes dans huit disciplines aux JO 2016. Ce qui fait que le Comité international Olympique (CIO) a accordé à Maurice une trentaine de places, nous expliquent plusieurs sources sous le couvert de l’anonymat. Les procédures diffèrent, complètement, des autres événements sportifs, car dans le cas des Jeux des îles, on impose un quota aux délégations par rapport aux athlètes, entraîneurs, officiels et dirigeants. Mais chaque instance a sa façon de procéder.
Avec 12 sportifs engagés aux JO, ces derniers sont, automatiquement, accompagnés soit d’un entraîneur, soit d’un dirigeant de leur fédération. Cela se fait en fonction des spécificités de la discipline comme en boxe où deux entraîneurs ont fait le déplacement, soulignent nos interlocuteurs. Ce qui fait que le nombre passe, automatiquement, de 12 à 24 personnes.
Il est bon de noter aussi qu’Indiren Ramsamy, le président de l’Association mauricienne de Boxe (AMB) a, lui, fait le déplacement au Brésil par le biais d’un sponsor après avoir décidé d’offrir l’invitation du COM pour permettre à l’entraîneur Judex Bazile de partir à sa place. Il nous revient, aussi, que les athlètes qui participent aux Jeux, comme c’est le cas pour les grandes stars, peuvent se faire accompagner par un membre de leur famille dans la délégation.
En y incorporant Yogida Sawmynaden, ministre de la Jeunesse et des Sports, Virendra Daby, le secrétaire permanent du ministère, Vivian Gungaram, secrétaire général du COM et un journaliste, la délégation mauricienne arrive, donc, à 38 personnes. Qui dit délégation, dit également chef de mission et chef de délégation. Dans le cadre des Jeux, c’est Philippe Hao Thyn Voon, le président du COM qui dirige la délégation mauricienne. Il a comme chef de mission Aarti Gulrajani et les deux team managers qui sont Karen Foo Kune et Kaysee Teerovengadum.
Ces derniers sont assistés de six officiers administratifs qui aident à la gestion des affaires courantes de l’équipe mauricienne durant les Jeux. Ce rôle est confié aux membres du COM. Ces dirigeants se sont déplacés en deux groupes de trois personnes. La première équipe est partie avec la première délégation, nommément Josian Valère, Poorun Bhollah et Yousouf Bayjoo avant de rentrer au pays cette semaine pour être remplacée par le deuxième groupe, composé de Prem Jodha, Richard Papie et Norbert Forget.
Dans le cadre des Jeux de 2016, le COM a reçu une somme de $16 000 des organisateurs, contrairement aux JO de Londres, en 2012, où l’instance mauricienne avait reçu $100 000. Cet argent a été utilisé pour la préparation des athlètes, mais aussi pour les dépenses con-cernant le déplacement au Brésil. «Pour les JO, nous avons eu un déficit de Rs 2.5 millions dans nos dépenses. Le plus gros budget englobe le déplacement de la délégation, car les billets d’avions coûtent cher en cette période»,nous avait déclaré Philippe Hao Thyn Voon avant le départ pour le Brésil.
Dans de telles situations, le COM a dû avoir recours au soutien du ministère de la Jeunesse et des Sports pour pouvoir accorder un pocket money de $ 200 aux sportifs. Pour ce qui est des dirigeants, il nous revient qu’il existe un protocole au sein du comité olympique pour qu’un per diem de $ 400 soit alloué aux dirigeants quand ces derniers sont en mission pour le COM.
Comité Olympique: Philippe Hao Thyn Voon (président et chef de délégation), Aarti Desscann (chef de mission), Karen Foo Kune (manager équipe féminine), Kaysee Teeroovengadum (manager équipe masculine), Vivian Gungaram (secrétaire général), Yousouf Bayjoo, Poorun Bhollah, Josian Valère, Richard Papie, Prem Jodha, Norbert Froget (membre du COM)
MJS: Yogida Sawmynaden (ministre de la Jeunesse et des Sport), Virendra Daby (secrétaire permanent)
Athlétisme: Jonathan Drack, David Carver, Aurélie Alcindor (athlète), Eric Millazar (entraîneur), Corine Remillah (officiel)
Badminton: Kate Foo Kune (athlete), Bashir Mungroo (officiel)
Boxe: Merven Clair, Kennedy St-Pierre (athlète), Roberto Ibanez, Judex Bazile (entraîneur), Indiren Ramsamy (officiel)
Haltérophilie: Roiyla Ranaivosoa (athlète), Urdas Constantin (entraîneur), Magaragen Moonien (officiel)
Judo: Christianne Legentil (athlète), Florian Velici (entraîneur)
Natation: Heather Arseth, Bradley Vincent (athlete), Aline Kong, Lai Chuck Choo Lai Chee On (officiel)
Triathlon: Fabienne St Louis (athlète)
Vtt: Yannick Lincoln (athlète), Bertrand Carabin (entraîneur)
Presse : Jenny Raboud
Texte : Rehade Jhuboo et Qadeer Hoybun
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