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Judo Club de Ste-Croix : Le sport porteur d’espoir

26 juin 2018

La symbiose qui existe entre dirigeants et entraîneurs a grandement contribué aux succès du JCSC.

Aller toujours plus loin ! Un slogan qui ressemble plus à un cri de guerre. C’est celui du Judo Club de St-Croix. Ce club du nord de Port-Louis est une institution en lui-même. Alors qu’on parle d’intégration et d’encadrement pour les jeunes, le JCSC œuvre depuis une vingtaine d’années vers cet objectif. Et avec succès.

 

Situé à Ste-Croix, ce centre regroupe des athlètes du quartier et des régions avoisinantes, comme Cité Briqueterie, Batterie-Cassée et Cité La-Cure. Les entraînements ont lieu les lundis, mercredis et samedis. Selon les responsables, environ 150 judokas des plus petits (catégorie morphologie) aux plus grands (seniors) fréquentent ce club.

 

Les entraînements sont dirigés par le coach Alain Loumeau, assisté de ses partenaires Nicolas Cateau et Prisca Thomas. Mais ces derniers ne sont pas les seuls aux commandes, ils sont aidés par les responsables du club ainsi que les parents. «Il n’y a pas que les entraîneurs qui s’occupent des sportifs, mais également les parents. Tous sont bénévoles et œuvrent pour que les enfants aient un environnement meilleur. Au JCSC, nous ne préoccupons pas seulement de l’athlète, mais aussi de son entourage et, ce faisant nous aidons le jeune ainsi que les gens qui l’entourent», explique Mike David, le président du Judo Club de Ste-Croix.

 

La philosophie japonaise

 

Le travail que mène ce club reste un modèle à suivre. Avec le peu de moyens à la disposition de ses membres, ils arrivent quand même à bien mener leur mission en préparant la nouvelle génération de Mauriciens et ses futurs champions.

 

«Notre but est d’utiliser le judo comme vocation pour encadrer les jeunes et les guider dans la vie. Beaucoup de personnes diront que Ste-Croix est un quartier difficile, mais regardez combien de jeunes sont sur le tatami et comment ils se comportent», remarque Mike David en suivant d’un œil attentif l’entraînement des judokas.

 

Ce grand gaillard au visage sérieux nous a reçus dans les locaux du club lors d’une séance d’entraînement en soirée. Le JCSC utilise temporairement une salle mise à disposition par l’ONG Caritas, en attendant de trouver un lieu permanent pour établir ses quartiers.

 

Il est 18 heures lorsque nous sommes allés à la rencontre du dirigeant et son équipe. Même s’il fait un peu sombre, nous n’avons aucune difficulté à repérer la salle d’entraînement situé non loin du Centre Père Laval. Quelques jeunes vêtus de leurs kimonos se hâtent en direction d’un bâtiment et nous montrent la voie. En franchissant la porte, nous sommes surpris par le spectacle qui s’offre à nous. La salle n’est pas très grande, et, pourtant elle accommode une trentaine de judokas sans difficulté. 

 

Au centre, un groupe de petits, pas plus haut que trois pommes, est sagement assis sur le tatami et attend le début de la séance. Autour, un deuxième groupe, des plus grands, se prépare pour l'entraînement. Un seul mot vient à l’esprit, la discipline.

 

«C’est quelque chose dont nous leur inculquons dès qu’ils commencent à fréquenter le club», souligne Alain Loumeau, l’entraîneur. Il poursuit «Je partage avec ces jeunes ce que j’ai appris durant ma carrière. J’ai eu la chance de suivre une formation au Japon et là-bas, le respect passe avant tout. Qu’ils soient grands ou petits, tous doivent respecter leur prochain. C’est ce que nous transmettons d’abord aux jeunes. Ce n’est pas que des entraînements de judo mais c’est tout un accompagnement psychologique que nous offrons à ces jeunes. On peut devenir un champion, mais on n’est pas un champion complet si on n’arrive pas à respecter l’adversaire», atteste le technicien.

 

Outre l’encadrement sportif, ces futurs Teddy Riner sont suivis académiquement. Mike David explique que le club met beaucoup d’emphase sur les études. «Nous expliquons aux sportifs, et aussi aux parents, l’importance de bien faire en judo comme dans les études. Nous intervenons également auprès de ces jeunes s’ils font des bêtises ou ont des soucis à la maison. Le tout à travers le dialogue. Le but est de les guider afin qu’ils aient confiance en eux et qu’ils deviennent des citoyens exemplaires», souligne le président du club.

 

Se faire des amis

 

Une action qui porte ses fruits et qui attire les jeunes. Pour Wesley Yagolum, judoka de17 ans. Le judo lui permet de pratiquer une activité sportive mais aussi de se faire beaucoup d’amis. «Cela fait 9 ans que je pratique le judo. Je voulais pratiquer ce sport et ma maman m’a emmené au club de St-Croix. C’est super de faire partie du club car il y a une bonne ambiance ici. Depuis, je me suis fait beaucoup d’amis et j’ai des entraîneurs qui s’occupent de moi et qui me guident dans ma carrière. Pratiquer un sport c’est bien, ça vous éloigne des fléaux et j’espère pouvoir devenir un très bon judoka», commente celui qui a dernièrement décroché la médaille d’or aux Jeux des Jeunes élites en -81kg.

 

Clarisse Piron, jeune sportive de 14 ans, se dit heureuse d’avoir pu rejoindre le club de Ste- Croix. Alors qu’elle avait pris ses distances de la discipline, le JCSC lui a permis de relancer sa carrière et de voyager. «J’avais arrêté mais un ami m’a convaincue de reprendre et c’est là que j’ai rejoint le JCSC. J’aime bien m’entraîner ici, les entraîneurs sont très sérieux et très appliqués. Ils suivent notre évolution sportive et académique. C’est bien d’avoir ce type de support. Cela vous encourage à aller plus loin dans la vie. J’ai beaucoup progressé depuis que j’ai rejoint le club. En plus, on a la possibilité de voyager et d’aller à la rencontre d’autres judokas. C’est très intéressant car nous avons la possibilité d’enrichir nos connaissances et j’espère que tout ce frottement me permettra d’améliorer mes performances et de briller sur le plan national et international», confie la jeune fille. 

 

Vu l’enthousiasme des jeunes, les responsables souhaitent pousser plus loin leur démarche. Ils espèrent mettre en place une académie ou un centre régional à l’avenir. Cette structure servira à former des judokas tout en assurant leur suivi académique.

 

«Nous voulons mettre en place une structure dans l’optique d’encadrer encore plus les jeunes. Ce que nous voulons faire est de prendre en charge ces athlètes après les heures de classe. S’assurer qu’ils fassent leurs devoirs tout en les guidant avec l’aide de nos anciens éléments, car, nous avons des judokas qui ont pris de l’emploi comme instituteurs. Par la suite les jeunes termineront la journée avec les entraînements avant de rentrer chez eux. Un moyen pour que beaucoup d’entre eux dont les parents travaillent ne se retrouvent pas sans supervision», remarque Mike David.

 

Un projet visionnaire, qui pourrait bien fonctionner. En tout cas, l’ambition et la motivation y sont présentes. Il ne manque plus que le soutien nécessaire, comme une salle d’entraînement permanente et disponible aux heures convenues et tout se mettra en marche. 

 

Lancé en 1996, le JCSC a produits de nombreux champions comme Mary Jane Papet, Bryan Etienne, Pascal Séblin et Sévérine Sababajee, entre autres. Certains de ses membres comme Jason Bijou, Noemia et Christopher Carron ou encore les sœurs Elodie et Mélodie Pierre Louis font actuellement partie de l’équipe nationale.

 

Outre son engagement sur le plan local, le club portlousisien s’est également fait remarquer dans la région de l’océan Indien. Depuis quelque temps, le JCSC effectue des échanges avec les clubs réunionnais et rodriguais. Les Portlouisiens ont, en deux occasions, été invités à des compétitions dans ces îles. 

 

Une expérience que les responsables du JCSC entendent bien renouveler à l’avenir. «Nos hôtes ont été grandement impressionnés par la discipline qui règne dans l’équipe et cela les a, certainement, encouragés à poursuivre les échanges avec nous. En même temps, nos judokas ont pu voir du pays tout en enrichissant leur expérience. C’est ce genre de sortie que nous voudrions pérenniser afin de motiver encore plus nos jeunes dans leur quête de perfectionnement», conclut l’entraîneur Alain Loumeau.

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