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Linda et Nathalie Henry : Man To Man, un Maiden célébré… au féminin !

15 septembre 2014

Nathalie et Linda Henry ont créé l'histoire en remportant le Maiden dimanche dernier.

Courageuses, elles le sont mère et fille. De son vivant, Serge Henry pouvait compter sur elles, des êtres précieux qui veillaient sur lui tant à Curepipe, dans la demeure familiale, qu’au Champ de Mars où l’ex-Top Trainer passait le plus clair de son temps. On retient surtout l’image poignante de la sortie en piste de Serge Henry après la victoire de Man To Man dans le Supertote Golden Trophy, le 10 août dernier. Serge Henry, malgré sa santé précaire, tenait absolument, ce jour-là, à se rendre en piste. Il fit sa sortie soutenu par Linda et Nathalie qui lui ont accordé ce plaisir d’être aux côtés de Man To Man.

 


Serge Henry sentait venir ce triomphe dans le Maiden, tout comme il sentait que ses jours étaient comptés. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard qu’il a confié les rênes de son écurie à Nathalie bien avant son décès.

 



Les chevaux, c’est dans le sang !

 



Celle-ci, qui dit être devenue « forte » grâce aux « circonstances de la vie » accepte le défi et prend l’engagement de tenir haut le flambeau de l’écurie que dirige son père. Débute alors son apprentissage même si les chevaux et les courses, c’est déjà dans le sang chez les Henry, avec son grand-père qui était lui-même entraîneur.

 


Nathalie Henry ne part, nullement, à la découverte d’un nouveau monde, mais il faut, tout de même, savoir se mettre dans un rôle qui lui est nouveau : celui d’assistant-entraîneur. Cette licence, elle l’aura suite à un examen réussi au MTC. « Avoir la licence d’assistant entraîneur me donne une légitimité. Plus personne ne pourra dire que l’on me l’a donnée sur un plateau parce que je suis la fille de Serge Henry », disait-elle une fois la licence en main.

 


Comme la santé de Serge Henry continue à se détériorer malgré des soins précieux à l’étranger, la famille Henry décide, également, de faire appel à Shirish Narang. Le courant passe très vite entre les deux assistants de Kiki, dont les absences au Champ de Mars deviennent de plus en plus fréquentes.

 


Mais ce Maiden-là, il veut absolument le vivre. De la Réunion, où il subit des traitements poussés, Serge Henry reste en contact avec sa fille Nathalie, sur qui la pression monte au fur et à mesure que s’approche le Maiden.

 


De retour de la Réunion à une semaine du Ruban bleu, Serge Henry, faute de pouvoir se déplacer au Champ de Mars, demande un compte-rendu détaillé des préparatifs du Maiden, une course pour laquelle il avait énormément investi, d’où l’acquisition du cheval Man To Man, sur lequel d’autres écuries avaient des visées.

 


Nathalie Henry, qui est passée par des épreuves très dures lorsqu’elle entamait ses études universitaires – elle était restée dans le coma pendant six jours suite à un accident -, tente de gérer tant bien que mal la pression. Comme elle a toujours fait preuve d’initiatives dans sa vie de tous les jours, elle n’hésite pas une seconde à appeler son oncle Philippe. Elle sent qu’elle a besoin d’un soutien alors que son père vit ses derniers jours.

 


Au décès de son père, le mardi 1er septembre, soit le jour des entrées pour la journée du Maiden, Nathalie refuse de se laisser dicter par les évènements, sur lesquels elle n’a pas de contrôle. Avec la bénédiction de sa mère Linda, elle se rend aux petites heures du matin au Champ de Mars où elle est rejointe par son oncle Philippe. Avec le conseil de ce dernier, le programme de Man To Man est concocté. Entre les nombreuses visites de sympathie qu’elle reçoit à l’écurie, Nathalie reste aux côtés de ses chevaux tout en ayant une pensée encore plus spéciale à son défunt père.

 



Et maintenant l’avenir ?

 


«J’avais promis à mon père que j’allais emmener Man To Man jusqu’à la victoire », disait-elle dimanche après le Maiden. Cette course-là, elle tenait à la remporter pour rendre un dernier vibrant hommage à son père. « Il n’était pas présent physiquement, mais je le sentais auprès de moi tout au long de la course », relate-elle.

 


Nathalie, qui a étudié les sciences sociales aux Etats-Unis, se donne toujours à fond dans tout ce qu’elle entreprend. Sportive dans l’âme – elle était championne de Maurice de natation - celle qui assume la suppléance en tant qu’entraîneur de l’écurie « familiale », ne sait pas encore de quoi demain sera fait. Pour le moment, avec le soutien de sa mère Linda, qui assume le rôle de manager déléguée de l’établissement, elle expédie les affaire courantes au Champ de Mars, en attendant qu’une décision finale soit prise quant à l’avenir de l’écurie Serge Henry. Pour cela, elle compte en discuter avec les membres et les propriétaires de chevaux pour que la décision finale soit… la meilleure pour tous ceux concernés.

 


On connaît ses sentiments par rapport à ce que sont devenues les courses de chevaux depuis quelque temps. Et, elle ne s’en était pas fait prier pour le faire savoir à l’express au mois d’août au lendemain de sa nomination officielle comme assistant-entraîneur : «Ce n’est plus le cheval qui prime mais l’argent et le pouvoir. Cela me dérange énormément. Ma famille et moi luttons contre cela en nous concentrant sur le cheval et le sport. Les autres problèmes nous attristent et nous inquiètent par rapport à l’avenir de notre club et du sport. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour préserver l’image noble et pure du cheval et du sport en restant fidèle à mon éducation et mes valeurs inculquées par mes ancêtres qui étaient de grands turfistes. »

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