Publicité
Par Qadeer Hoybun
2 septembre 2017 23:03
Travailleur acharné, celui qu’on appelle affectueusement «Ton Guy» a consacré plus de quarante ans de sa vie à la boxe mauricienne, l’une des disciplines les plus respectées à Maurice et à l’étranger. Jamais quelqu’un n’a autant pesé de tout son poids sur ce sport et la tristesse est palpable chez tous ceux que nous avons sollicités.
L’histoire retiendra que Guy Bazerque a fait partie de ceux qui sont derrière la mise en place du Plaisance Boxing Gym dans les années 60 et du succès du noble art à Beau-Bassin/Rose-Hill. Il s’embarquera aussi dans l’aventure qui conduira à la création de l’Association mauricienne de Boxe (AMB).
«Je le connais depuis que j’ai commencé la boxe, se souvient Jean-Claude Nagloo, l’ex-Directeur technique national,il a toujours été dévoué à l’art du pugilat et sa contribution au développement de ce sport est énorme. «Ton Guy» ne manquait jamais de bons conseils et était toujours partant pour une bonne blague. Quand je suis devenu entraîneur, nous avons travaillé ensemble et vécu tous les changements qu’a connus ce sport. Il a beaucoup voyagé aussi. A un moment donné, seule Maurice avait une ‘scoring machine’ dans la région et comme Ton Guy ne s’en séparait jamais, il était toujours sollicité ailleurs.»
Personnage incontournable du secrétariat de la fédération, Guy Bazerque a occupé le poste de secrétaire administratif à plein temps de 1997 et jusqu’à sa retraite en décembre 2015. Très méticuleux et professionnel dans son approche, l’ex-pompier a côtoyé tous les dirigeants qui se sont succédé à l’AMB. Aujourd’hui encore, ces derniers se souviennent de l’excellente relation qu’ils ont eue avec lui.
Pierrot Noël, ancien président, a longuement travaillé avec celui qui au fil des années est devenu un personnage incontournable dans le milieu. «Nous avons commencé presqu’ensemble et pendant les seize années que j’étais à la fédération il a été secrétaire puis secrétaire administratif. Tous dans le giron de la boxe mais aussi au ministère de la Jeunesse et des Sports connaissent Guy Bazerque. Il vivait, mangeait et dormait pour la boxe. Il était la colonne vertébrale de ce sport. «Ton Guy» s’est beaucoup dépensé pour le noble art et je ne sais pas si nous trouverons encore quelqu’un comme lui», commente Pierrot Noël.
Rajiv Rajcoomar a côtoyé « Ton Guy » comme boxeur, arbitre et dirigeant. L’ex-président de l’AMB parle du Rosehilien comme étant un passionné. «C’est un personnage très méticuleux et un grand amoureux du sport. Il a pratiqué plusieurs sports comme le football, la pétanque et le volley et a même était entraîneur de foot. Il a fait son chemin avec la boxe et s’est beaucoup dévoué pour Beau Bassin-Rose-Hill et Rivière- Noire. Durant les huit années de ma présidence, il a toujours était d’un grand support. C’est quelqu’un de très serviable et qu’on ne pourra jamais oublier», avoue l’ancien président de la fédération.
Les affaires courantes n’étaient pas les seules prérogatives de Guy Bazerque. C’était un officiel très respecté sur le ring. Il devint arbitre continental en 1994 lors du tournoi de la Federation of East and Central Africa Boxing Associations (FESCABA) à Maurice avant de décrocher l’année suivant sa certification internationale.
De nature très calme, Guy Bazerque avait l’œil quand il s’agissait de repérer la perle rare. Bruno Julie, médaillé olympique de 2008 en est LE parfait exemple. Le Mauritian Magician doit son succès à celui qui a toujours était comme un père pour lui. «Quand j’ai commencé la boxe avec lui, je me souviens qu’il m’a dit que je serais un grand champion. A l’époque j’avais 13 ans et je n’ai pas trop compris. Mais c’est grâce à « Ton Guy »que j’ai réussi dans ma carrière. Il était toujours à mes côtés même dans les moments les plus sombres. Nous nous sommes récemment rencontrés lors d’une compétition à Bambous et il avait les larmes aux yeux quand il m’a vu. Pour moi c’est un père qui est parti, et il laisse un grand vide derrière lui», témoigne le puncheur de Rose-Hill.
Richard Sunee, ancienne gloire de la boxe, n’oubliera jamais l’ex-pompier qui venait souvent faire la causette avec lui lorsqu’il était encore à ses débuts. «Pendant les vacances je travaillais dans un magasin à Curepipe et «Ton Guy»passait souvent dans le coin. Il savait que je m’entraînais avec Hervé Bienvenue et il me disait souvent que j’avais un bon entraîneur et que je devais continuer à persévérer. Il m’a même fait boxer pour lui lors d’un tournoi qu’il a organisé à Beau-Bassin-Rose-Hill à l’époque. C’était mémorable», se souvient le médaillé du Commonwealth.
Tous reconnaissent qu’avec sa disparition la boxe a perdu un monument. Un homme simple mais dont la contribution durera pendant longtemps dans le sport.
Publicité