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Par Qadeer Hoybun
20 juillet 2017 19:53
Richard Sunee, un nom qui fait encore vibrer le cœur des Mauriciens. L’ex-boxeur fait partie des sportifs les plus titrés du pays. Aujourd’hui, c’est sa fille, Alison, qui marche sur ses pas.
Sauf qu’elle a changé de discipline. Sa spécialité à elle c’est l’haltérophilie. Elle vient de remporter trois médailles d’argent vendredi en -75kg aux Championnat d’Afrique d’haltérophilie qui se déroulent actuellement à Maurice. Elle a soulevé la barre à 71kg à l’arraché, 80kg à l’épaulé-jeté et comptabilisé un total de 151kg.
Jeune et pétillante, la première rencontre avec Alison Sunee se fait rapidement. À peine la présentation terminée qu’on est déjà dans le vif du sujet. Elle parle de sa première médaille africaine. Qu’elle remporte à sa première sortie intercontinentale.
«Je suis très heureuse et fière d’avoir fait honneur à mon papa, mes entraîneurs Gino Paul et Ravi Bhollah et mes amis. Je suis un peu triste d’avoir manqué l’or, mais, j’ai quand même bien aimé cette première expérience africaine. Je suis heureuse d’avoir fait mon entrée dans la cour des grands et j’ai réussi à battre mon record personnel», confie Alison Sunee après la compétition.
Un bon point de départ pour cette jeune fille qui fêtera cette semaine ses 18 ans. Mais derrière cette sportive très friendly et qui enchaîne les questions sans complexe, (le portrait craché de son père), se cache une personne pleine d’ambition. Son rêve est de marquer à son tour les esprits par ses prouesses sportives. «Même un peu plus que mon père. Je sais que cela lui fera plaisir», lâche Alison avec un large sourire.
Alison sait qu’elle peut tout de même compter sur le soutien de ce dernier. L’expérience de Richard Sunee, plusieurs fois champion de Maurice de boxe, médaillé des Jeux des îles et du Commonwealth, sera d’ailleurs une grande aide pour notre jeune leveuse.
«Il m’aide beaucoup notamment en partageant ses connaissances internationales. C’est un plus pour moi. En plus, il est toujours à mes côtés que ce soit dans les bons moments comme les mauvais», souligne la jeune haltérophile.
Alors que dure la conversation, une question nous hante, pourquoi l’haltérophilie et pas la boxe. «Ha ha !», s’exclame Alison en premier lieu. Elle poursuit en restant pensive cette fois. «J’aime le sport depuis toute petite, je ne me souviens pas avoir joué à la poupée comme je me souviens avoir joué au foot. J’ai toujours eu une attention particulière pour les événements sportifs à la télé en particulier les Jeux des îles et c’est là que j’ai découvert Shalinee Valaydon. Elle m’a beaucoup inspirée. Voir une femme avoir tant de courage pour faire un sport aussi exigeant a été l’élément qui m’a donné envie de me mettre à l’haltérophilie».
En voulant emboîter le pas à celle qu’elle considère comme un modèle, Alison Sunee se dit chanceuse de pouvoir côtoyer aujourd’hui Shalinee Valaydon en équipe nationale. «Elle est comme une sœur pour moi, mais aussi un exemple pour les femmes. Elle s’est beaucoup sacrifiée pour arriver à ce niveau. Elle a connu des hauts et des bas mais n’a jamais abandonné. C’est ce qui m’inspire chez elle», avance Alison Sunee.
Inspirée par une championne de la discipline, et fille d’une ancienne gloire du sport, tous les ingrédients semblent réunis pour que la Mauricienne marque l’histoire du sport à son tour. Ayant goûté à sa première médaille africaine sur le sol mauricien, celle-ci espère être dans l’équipe qui prendra part aux Jeux des îles de l’océan Indien en 2019.
Un événement qu’Alison Sunee ne veut surtout pas manquer d’autant que les Jeux auront lieu à Maurice. «C’est une chance pour moi», conclut notre sympathique haltérophile.
L’ex-champion de Maurice de boxe est aux anges. Ce dernier vient de voir sa fille être sacrée vice-championne d’Afrique d’haltérophilie. Même si Alison Sunee a manqué l’or de près, Richard Sunee reste tout de même heureux. «En tant que père, je pense que c’est moi qui étais le plus stressé des deux. Je suis fier de ma fille car elle a participé aux Championnats d’Afrique à 17ans seulement alors que moi j’ai mis longtemps à y arriver», dit Richard Sunee.
L’entraîneur de boxe décrit sa fille comme une jeune très enthousiaste et qui aime bien s’occuper de sa famille. «Comme ma femme est décédé, c’est elle qui s’occupe de moi et de son frère à la maison. C’est une fille qui a beaucoup de courage et qui aime aider son prochain. Je l’ai toujours encouragée à faire du sport et elle a fini par trouver sa voie. Tout ce que je souhaite c’est qu’elle réussisse dans la vie», révèle le médaillé d’or des Jeux Africains de 1995.
Le champion des Jeux du Commonwealth de 1998 est convaincu que sa fille peut encore progresser si elle continue à persévérer. Selon lui, Alison est encore jeune et vient de vivre sa première expérience dans une grande compétition. Le tacticien mauricien est convaincu que si Alison a plus de frottements, elle sera certainement prête pour les JIOI de 2019 à Maurice. «Elle a le sport dans le sang. Ça se voit. J’ai envie de la pousser encore plus. Il faut qu’elle arrive à trouver cet esprit combatif qui lui manque encore et qui lui permettra de se battre jusqu’au bout pour faire la différence. Il faut qu’elle trouve ce petit plus au fond d’elle, cette rage de vaincre que tous grands sportifs possèdent», analyse Richard Sunee.
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