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Démission de Kishore Beegoo

Turbulences à Air Mauritius et… au-delà

25 octobre 2025

C’était très mouvementé récemment du côté de la compagnie d’aviation nationale avec la démission mercredi dernier de son chairman Kishore Beegoo, avec cette affaire qui remonte depuis un moment avec des protagonistes, des conflits et des implications politiques. On vous en dit plus sur cette semaine houleuse.

Notre compagnie d’aviation encore dans une zone de turbulence. Mercredi dernier, coup de massue pour Air Mauritius : son chairman – président du Conseil d’Administration – Kishore Beegoo annonce sa démission. Un choc pour beaucoup, mais pour d’autres qui ont suivi l’actualité depuis un moment, un move pas si étonnant.

Tout d’abord, le jeudi 18 septembre, il y aurait eu un échange vif entre Beegoo et le Premier ministre Navin Ramgoolam, lors du lancement du livre commémoratif des 125 ans de sir Seewoosagur Ramgoolam, publication de La Sentinelle Ltée, à l’hôtel Labourdonnais. Il aurait été question de l’avenir stratégique d’Air Mauritius. Il est vrai qu’il y a divergence d’opinion entre l’ajout de Qatar Airways comme partenaire stratégique d’Air Mauritius, alors que Beegoo a toujours plaidé pour un redressement interne de la compagnie.

Ensuite, il y a eu la conférence de presse du vice-Premier ministre Paul Bérenger du 15 octobre, où celui-ci a dénoncé l’annulation du vol MK288/MK289 à destination de Madagascar, y voyant un «manque de coordination» et un «préjudice diplomatique et humanitaire» pour les Mauriciens bloqués sur l’île, disant aussi que : «Certaines personnes ne comprennent toujours pas que Megh Pillay est le boss dans Airports Holdings Ltd, qui comprend aussi Air Mauritius.» Beegoo, qui devait contre-attaquer en publiant un communiqué montrant les raisons de cette annulation, qu’il explique être une décision prise suite aux recommandations du Management Safety Review Board de Air Mauritius.

Depuis, les choses semblent ne s’être pas arrangées, avec la démission de Kishore Beegoo mercredi dernier. Kishore Beegoo, qui a animé une conférence de presse juste après l’annonce de sa démission pour s’expliquer. Il devait dire qu’il a démissionné «par principe» tout en fustigeant Paul Bérenger : «Li mett baton dan nou larou (…) Kifer ? Li pa kontan mo figir(…). Je ne suis pas là pour laver le linge sale en public mais je ne suis pas d’accord avec sa manière de faire (…). Je veux garder ma dignité (…). Mo pa enn politisien.»

Et dans l’après-midi, il était sur le plateau de Radio Plus, où Paul Bérenger a encore pris un sacré coup.

«Je lance un défi au Premier ministre adjoint : s’il dispose de 0,1 % de preuve de mon implication dans ce dossier, qu’il les produise», devait dire Beegoo tout en soulignant à nouveau son désaccord sur un éventuel partenariat avec Qatar Airways.

Le chairman de notre compagnie d'aviation a claqué la porte, suivant notamment des critiques de Paul Bérenger, avec Megh Pillay qui devrait le remplacer.

Paul Bérenger qui, pour sa part, a réagi de façon un peu surprenante avec une boutade. Ce dernier était à La Chaumière pour une cérémonie de récoltes d’oignons mercredi dernier, et a dit en répondant à une question de la presse sur cette démission : «Beegoo ? Vous savez comment s’appelle la dame du Registrar of Cooperative Societies ? Elle s’appelle madame Beegoo. Elle a présidé avec brio. Mais c’est la vie.»

A l’heure où nous mettions sous presse, c’était donc Megh Pillay qui était toujours pressenti pour remplacer Kishore Beegoo. Megh Pillay qui est actuellement l’actuel président exécutif d’Airports Holdigs Ltd (AHL), et qui semble être le nom qui circule en ce moment pour diriger la compagnie nationale d’aviation.

Mais au-delà des remous actuels à Air Mauritius, il y a toute la sphère politique qui est aussi prise en compte. Et chacun y va de son analyse sur les réseaux sociaux, sur les ondes des radios, avec comme d’habitude des rumeurs ici et là. Beaucoup ont fait des parallèles sur tout ce qui s’est passé récemment à la Banque de Maurice avec le départ de Rama Sithanen et de Gérard Sanspeur, d’autres analysent l’éventuel deal avec Qatar Airways comme partenaire stratégique, alors que d’autres espèrent une fois pour toutes un retour à la normale pour notre compagnie d’aviation. Et les commentaires étaient bien présents, que ce soit du côté du gouvernement que de l’autre côté après la fameuse démission, et pas seulement avec Paul Bérenger.

Raj Pentiah, ministre de Fonction Publique, devait même déclarer dans l’émission Décryptage sur lexpress.mu que «les propos de Beegoo sont anti-patriotiques.» Sur Radio Plus, c’était le député du Parti Travailliste, Roshan Jhummun, qui devait dire sur le plateau que «le plus important est que la compagnie retrouve sa stabilité» et qu’il faut entendre toutes les versions autour de cette affaire.  

N’oublions pas non plus les opposants politiques qui n’ont pas manqué de faire de déclarations cinglantes, où on a par exemple Adrien Duval disant sur sa page Facebook que* «Kishore Beegoo est encore une victime des caprices de Paul Bérenger (…) L’instabilité atteint son comble.»* Autre membre du PMSD, Olivier Barbe, qui devait en rajouter une couche sur les ondes en parlant de «caprices» et de «frustration» de Bérenger.   

Tout un feuilleton, à la fois politique et institutionnel, dont on espère en voir bien vite le bout.

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