Publicité
7 avril 2025 22:18
Le surintendant de police controversé et son ancienne équipe se retrouvent une fois de plus sous les feux des projecteurs avec de nouvelles allégations de «drug planting» formulées, cette fois, par un policier en service.
L’ancien homme fort de la Special Striking Team (SST) fait face à de nouvelles graves allégations. Un autre policier a consigné une plainte explosive contre le surintendant de police (SP) Ashik Jagai au Central Criminal Investigation Department. Ce constable basé à l’Emergency Response Service (ERS) de Metro North dénonce des magouilles présumées de l’ex-SST que dirigeait le haut gradé dans le cas de drug planting allégué chez Bruneau Laurette. Le policier raconte qu’il se trouvait chez lui, le 12 décembre 2022, lorsqu’il a reçu un appel téléphonique d’un ami habitant Belle-Mare qui voulait le rencontrer d’urgence.
Ils se sont ensuite vus à Rivière-du-Rempart, dit-il. L’habitant de l’Est, poursuit le constable, était en compagnie de deux inconnus dans une voiture blanche de la marque Toyota. Il serait monté à bord et le conducteur aurait ensuite pris la route pour s’arrêter devant une banque de la localité. Sur place, son ami lui aurait fait comprendre que l’un des inconnus présents dans la voiture serait un dénommé Mike et qu’il se retrouverait dans une situation très embarrassante qui nécessiterait son aide. Le policier affirme que son ami lui a également confié que le dénommé Mike est l’homme de main d’un trafiquant de drogue très connu, soit Jean Hubert Celerine, plus connu sous le nom de Franklin.
Lors de leur conversation, le dénommé Mike lui aurait dit que son boss est de mèche avec Ashik Jagai, qui était alors assistant surintendant de police responsable de la SST. Le constable explique avoir dit au dénommé Mike qu’il ne connait pas Franklin mais qu’en tant que policier, il connaît Ashik Jagai. Il assure que son interlocuteur lui aurait alors fait une troublante révélation : il lui aurait fait comprendre qu’il s’était rendu à La Réunion en catimini, le 3 octobre 2022, sur un speed boat, pour récupérer un total de 100 kg de drogue contenant du cannabis et du haschich. Colis qu’il aurait débarqué à Rivière-Noire.
Il aurait confié que des membres de la SST étaient présents à son arrivée sur la terre ferme et ont pris possession de cette importante cargaison. Le dénommé Mike aurait également fait comprendre au constable que Jagai avait déjà obtenu le feu-vert pour faire du drug planting avec des opposants politiques du pouvoir en place à l’époque. L’homme de main de Franklin aurait avancé que Jagai lui a ensuite demandé de détruire le speed boat mais qu’il ne l’aurait pas fait car il comptait l’utiliser pour transporter d’autres colis de drogue.
Lors de leur conversation, le dénommé Mike lui aurait dit que l’embarcation a été placée sous scellée par la National Coast Guard et lui aurait demandé s’il allait pouvoir l’aider en consignant une déposition au bureau de la Criminal Investigation Division du port. Le policier souligne qu’il est ensuite rentré chez lui en disant à son interlocuteur qu’il allait voir ce qu’il pourrait faire.
Ce soir-là, en surfant sur Facebook, il serait tombé sur la conférence de presse de l’assistant commissaire de police Gungadin faisant mention d’une saisie record de 100 kg. Sauf que, dit-il, la SST aurait enregistré seulement les 52 kg de cannabis sans mentionner le haschich. Le 4 novembre 2022, il aurait appris, par le biais des médias, que Bruneau Laurette avait été arrêté avec 46 kg de haschich. Il précise que l’activiste social et son avocat de l’époque, Shakeel Mohamed, étaient des opposants politiques du MSM. Le constable dit être convaincu que les 46 kg de haschich que le dénommé Mike aurait remis à la SST ont été plantés dans la voiture de Bruneau Laurette.
Première missive
Suivant cette déposition contre lui, la réplique d’Ashik Jagai ne s’est pas faite attendre. L’ancien homme fort de la SST a consigné une déposition au poste de police de Moka dans laquelle il demande au commissaire de police d’initier une enquête pour «conspiracy». Dans sa déposition, le SP revient sur la précédente plainte faite par la WPC Goomanee contre lui et la SST après l’arrestation de Vimen Sabapati. Il affirme que ce dernier aurait comploté avec l’ex-policière. La jeune femme avait mis en lumière le modus operandi présumé de la défunte SST, soupçonnée à plusieurs reprises de faire du planting.
La vidéo de l’arrestation controversée de l’habitant de La Caverne, filmée par cette ancienne WPC, a été diffusée sur Téléplus récemment et a ensuite fait le buzz sur les réseaux sociaux. Jagai avance que la policière et Sabapati ont manipulé la vidéo en question. Il souligne qu’il est ensuite tombé sur deux comptes sur TikTok dont un est intitulé «La veriter pou dehor» qui font clairement mention de manipulation des faits. Il a produit une clé USB présentant diverses vidéos trouvées sur Internet à cet effet. Le SP Jagai a également consigné un Precautionary Measure Statement ce jour-là dans lequel il explique que certaines personnes de mauvaise foi veulent par tous les moyens le décrédibiliser ainsi que l’ex-SST en venant de l’avant avec des allégations de «drug planting».
Le policier affecté à l’ERS (ERS) de Metro North a également consigné un Precautionary Measure Statement ce soir-là. Il explique avoir a reçu un appel téléphonique inquiétant d’un informateur concernant des représailles. «Enn lekip pe prepar zot dan Rivière-Noire. Atansion bann-la vinn vanze kont twa», lui aurait lancé son informateur. La police maintient une patrouille régulière autour de son domicile depuis. Le jeune policier a consigné une autre Precautionary Measure Statement le mercredi 2 avril. Il affirme avoir reçu un autre appel troublant d’un informateur suite à sa déposition contre le SP Jagai et l’ex-SST. «Ena enn lekip depi Roches-Brunes pe pare pou twa. Pran kont. Fer atansion bann-la pe rod piez twa ek met ladrog kot twa (...) zet labou lor twa ek fer twa pass mal an piblik», lui aurait dit son informateur.
Le Nordiste souligne qu’il est tombé sur plusieurs vidéos de lui sur TikTok contenant de fausses informations. Tout cela, dit-il, lui cause du tort et nuit à sa réputation. Il mentionne avoir fait cette déclaration par mesure de précaution car il ne connaît pas l’intention de ses détracteurs. Il a aussi demandé qu’il y ait une patrouille policière régulière près de sa résidence.
La déposition du constable au CCID et ses deux Precautionary Measure Statements sont diversement commentés aux Casernes centrales. Il nous revient que le quartier général de la police prend cette affaire avec une grosse pincée de sel car le policier en question traînerait plusieurs casseroles et ne serait pas très crédible. Les faits dont il parle sont tous basés sur des «hear say evidences», nous dit-on. Le principal concerné, quant à lui, est resté injoignable pour une déclaration.
Par ailleurs, toujours concernant l’ex-unité du SP Jagai, des coups de feu auraient été tirés en direction de la maison d’un ancien membre de cette équipe à Vuillemin, Quartier-Militaire, en cette fin de semaine. La police a ouvert une enquête.
Publicité
Publicité
Publicité