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Victime d’une agression à l’acide et d’autres attaques, menacée, harcelée…

Une jeune femme de 27 ans : «Mo lavi an danze, mo demann zis enn zafer : mo sekirite»

8 juin 2025

La jeune femme dit craindre pour sa sécurité.

Une affaire troublante mêlant harcèlement, violences physiques et menaces d’agression a été portée à l’attention des autorités par une jeune femme de 27 ans. Depuis plusieurs semaines, cette habitante du Nord dit vivre dans la peur, dénonçant une escalade d’actes malveillants, dont une tentative d’assassinat et une agression à l’acide. Elle soupçonne, dit-elle, son ancien amant, un homme d’affaires influent, d’être à l’origine de ses malheurs après une rupture mal digérée. Elle a déposé pas moins de cinq plaintes en ce sens à la police depuis avril, mais il n’y a eu aucune arrestation à ce jour.

Elle a le regard d’une proie traquée. Elle sursaute au moindre bruit, même une porte qui claque suffit à faire battre son cœur à tout rompre. Ses mains tremblent lorsqu’elle passe devant les fenêtres qui donnent vers l’extérieur de sa demeure, là où son beau visage a été sérieusement amoché il n’y a pas longtemps. Chaque pas qu’elle entend résonne comme une alerte dans son esprit. Les aboiements des deux chiens de sa mère sont de véritables lanceurs d’alerte. «Mo per pou sorti depi ki enn misie inn zet lasid lor mo figir», explique cette jeune femme de 27 ans. L’épaisse couche de pommade qui lui recouvre totalement le côté gauche du visage est impressionnante à voir. Elle n’ose pas croiser le regard des autres, de peur d’y lire de la pitié. Son existence, explique-t-elle péniblement, s’est transformée en véritable cauchemar à cause d’une récente aventure amoureuse.

L’habitante du Nord allègue que c’est son ancien patron, un homme d’affaire influent, avec qui elle a entretenu une liaison pendant quelque temps, qui est à l’origine de ses malheurs. La relation, qui aurait débuté un peu avant le décès de son époux toxicomane, il y a deux ans, aurait pris fin en février 2025 quand elle a changé de travail. Elle a, dit-elle, mis un terme dans la foulée à la relation avec son patron qui devenait «trop jaloux et possessif». Depuis cette rupture, la jeune femme est, affirme-t-elle, victime d’un harcèlement continu et de violences répétées. Elle dit avoir déposé pas moins de cinq plaintes à la police depuis avril, dénonçant des faits les uns plus graves que les autres, sans qu’il n’y ait aucune arrestation à ce jour.

Cela a commencé par un Precautionary Measure Statement le 17 avril dernier. Dans une déposition consignée ce jour-là, l’habitante du Nord explique qu’elle se trouvait sur son lieu de travail à Grand-Baie lorsque son ancien amant s’est pointé et l’a giflée car il n’aurait pas digéré leur rupture. «Sa pa pou fini koumsa mem», lui aurait lancé celui-ci avant de s’éloigner. Toutefois, avance la jeune femme, les menaces à son encontre avaient commencé bien avant cet incident, notamment via les réseaux sociaux, où plusieurs fake profiles publieraient des contenus malveillants visant à lui nuire. «Kan lapolis inn apel li pou sa, li’nn dir manti sa. Selman, enn polisie ti warn li sa zour-la pou sa bann zafer fake profiles la», souligne la jeune femme. Elle a porté plainte à la Cyber Crime Unit de la police à cet effet. Elle a également dit que son ex-patron utiliserait des sim cards de ses anciens employés bangladais pour la harceler au téléphone.

Projetée au sol

Dans une autre déposition consignée le 18 avril, elle dit avoir été victime d’une tentative d’assassinat. Elle raconte qu’elle marchait en compagnie de sa mère lorsqu’elle a été percutée par une voiture et a violemment été projetée au sol. Selon ses dires toujours, le conducteur rôdait devant son domicile la veille en compagnie d’un autre individu. C’est son frère qui le lui avait fait remarquer. Celui-ci avait noté la présence suspecte de deux individus devant leur domicile entre 9 heures et 14 heures. «Mo latet ti’nn ariv anba larou loto-la kan sofer-la inn arete. Monn al fer depozision lapolis kan mo frer inn dir mwa ki lavey, sa de misie ki ti dan sa loto-la ti vinn divan nou lakaz», confie la Nordiste. Mais sa plainte n’aurait pas été prise avec sérieux. «Enn polisie ti dir mwa fer akor a lamiab pou aksidan-la. Ziska ler mo pa mem kone ki lapolis inn fer ek sa zafer-la.» Les jours d’après ont également été très pénibles pour elle car elle aurait été visée par plusieurs actes de cyberharcèlement. Ne pouvant plus tenir le coup, elle a décidé de consigner une déposition dans un autre poste de police du Nord de l’île le 6 mai, pour Breach of ICTA. «Ziska ler mo pann gagn okenn nouvel lor sa case-la ousi», avance la jeune femme. 

L’escalade de violences a atteint un point critique le 24 mai lorsqu’un individu encagoulé l’a agressée à l’acide alors qu’elle rentrait chez elle après le travail, visant sa tête. Grièvement brûlée au visage, elle a été transportée d’urgence à l’hôpital de Pamplemousses pour les premiers soins. Elle a ensuite été conduite à celui de Moka pour des soins oculaires avant d’être admise à la Female Burns Unit de Candos. «Mon agresseur savait à quelle heure précisément j’allais rentrer chez moi. Il a pris la fuite juste après. Ma mère a eu le bon réflexe de me dire d’aller me rincer le visage à l’eau froide. Les conséquences auraient pu être beaucoup plus graves sinon.» Elle est persuadée que c’est son ancien amant qui est le commanditaire de cette agression. Selon la jeune femme, celui-ci aurait de nombreuses relations au sein de la police et du monde politique, ce qui expliquerait qu’il n’ait pas été arrêté jusqu’ici.

Elle raconte avoir même reçu une image provenant d’une caméra Safe City où on la voit dans la rue, sur son portable ; ce qui alimente ses inquiétudes quant à des complicités au plus haut niveau. «Il connaît tous les détails de mes dépositions. À chaque fois que je parle à la police, il le sait et il me le fait savoir», s’indigne notre interlocutrice. Malgré les plaintes répétées, aucune mesure concrète n’a encore été prise pour assurer la sécurité de la jeune femme et de ses proches. Elle vit aujourd’hui dans une crainte permanente pour sa fille de 5 ans, sa mère, son jeune frère et elle-même. «Mo lavi an danze, mo dimann zis enn zafer, se mo sekirite», dit-elle.

La jeune femme a consigné une nouvelle déposition le 2 juin pour réclamer une protection policière pour sa famille et elle. «Li pey dimoun pou swiv mwa. Enn dimoun deza vinn filme mwa dan mo travay. Fer trwa mwa sa pe deroule koumsa. Mo nepli kapav. Mo bizin kasiet pou sorti. Mo nepli kone ki laport pou tape. Mo zis anvi gagn lape. Enn zourne mo mama ek mwa res gagn call lor telefonn ek WhatsApp depi enn bann nimero nou pa kone. Nou pas nou lavi bloke mem. Monn fatige. Mo dezespere net !» lâche-t-elle, dépitée. Elle lance un vibrant appel à la justice, demandant instamment aux autorités d’ouvrir une enquête sérieuse car il est plus que temps d’agir.

L’homme en question : «Li tro fasil fer alegasion»

Contacté, l’ex-amant de l’habitante du Nord, que celle-ci dit soupçonner d’être l’auteur ou le commanditaire des actes malveillant commis à son encontre, nous a fait la déclaration suivante : «Lapolis pe deza fer lanket. Mo pa pou kapav dir ou plis ki sa. Li tro fasil fer alegasion. Seki mo kapav dir ou seki mo pa ti Maurice enn moman. Si vremem ti ena mo lame dan sa bann zafer ki sa madam-la pe dir, lapolis ti pou fini vinn aret mwa. Mo kapav dir ou ousi ki se mwa kinn met fin a nou relasion. Mo ena prev pou sa ki mo pou donn lapolis si zame zot interoz mwa. Ou pou konn laverite lerla. Monn rant dan so febles ek ed li akoz so zanfan. So misie ti droge. Me linn rod fer malonet ek mwa. Mo leker fermal zordi.»

De son côté, la police confirme que plusieurs enquêtes sont toujours en cours après les nombreuses plaintes de la jeune femme de 27 ans.

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