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Agressé lors d’un cambriolage, un boutiquier meurt quelques jours plus tard

Vicky, le cousin de Kishore Chowdry-Naikoo : «Voler-la ti vinn demann li exkiz avan li mor, me difisil pou pardonn li aster»

31 mai 2025

C’est dans sa boutique à Le Bouchon que cet homme de 57 ans a été agressé lors d’un cambriolage qui a mal tourné.

C’est une véritable tragédie. Kishore Chowdry-Naikoo, un homme respecté et apprécié à Le Bouchon, a succombé à ses blessures à l’hôpital de Rose-Belle le jeudi 29 mai, après avoir été violemment agressé dans sa boutique quelques jours plus tôt. Son présumé agresseur est un habitant de ce petit village du Sud. La police a déjà procédé à son arrestation et il a avoué les faits. Retour sur cet énième cas de vol qui a mal tourné.

Un vent glacial souffle sur Carreau Esnouf en ce jeudi après-midi. Ce petit village situé à l’abri des regards, en plein milieu des champs de cannes verdoyants, est particulièrement animé ce jour-là. Mais cette agitation n’a rien à voir avec ses cressonnières. Encore moins avec ses dômes futuristes. C’est, hélas, en raison d’un triste et tragique événement qui est venu briser la sérénité des lieux. Et qui a touché particulièrement la famille Chowdry-Naikoo. D’ailleurs, l’animation ambiante se concentre devant son domicile à laquelle s’annexe une salle verte montée à la va-vite. On devine aisément qu’une veillée mortuaire se prépare.

Des hommes profitent des dernières lueurs du jour pour installer des tubes lumineux pendant que d’autres placent des chaises pour accueillir ceux qui viendront soutenir la famille et présenter leurs condoléances. Des voisins, parents et amis sont d’ailleurs déjà présents en grand nombre pour soutenir Bindu et sa bru Fiyah, en larmes, envahies par un immense chagrin depuis le décès tragique de Kishore.

Cet homme de 57 ans a rendu l’âme le jeudi 29 mai après avoir été violemment agressé lors d’un cambriolage dans sa boutique quelques jours plus tôt, soit le vendredi 23 mai. Laboureur de profession, Kishore gérait aussi depuis plus de 20 ans une boutique attenante à son domicile à Rue Débarcadère, Le Bouchon. Il tenait également un snack sous forme de tricycle sur la plage publique de ce village ; un lieu connu pour ses délicieux gadjack à base de poissons frais. Les clients en raffolaient et venaient des quatre coins de l’île pour les déguster.

Kishore s’était installé chez sa mère à Carreau Esnouf depuis quelque temps en raison des ennuis de santé de son épouse Fiyah. Cette dernière est amputée des deux jambes à cause de complications liées au diabète. Chaque jour, après son travail dans les champs, Kishore regagnait sa boutique à Le Bouchon pour y poursuivre ses activités commerciales, avant de rentrer chez sa mère à Carreau Esnouf pour s’occuper de son épouse malade. Mais le 23 mai dernier, sa routine quotidienne a viré au drame.

Alors qu’il ouvrait sa boutique dans l'après-midi, Kishore est tombé nez-à-nez avec un cambrioleur. Quand il a tenté de lui barrer la route, l’intrus l’a attaqué avec une paire de ciseaux ; celle qu’il utilisait pour découper le poisson dans son snack en bord de mer. Grièvement blessé au ventre et au dos, il a tout de même eu la force de crier à l’aide et d’alerter la police. Un voisin a tenté d’intervenir en voyant l’agresseur s’échapper par une imposte. «Vwazin-la inn trap so lipe. Linn donn li de kout lapel apre. Me voler-la inn resi sove. Vwazin-la inpe dan laz. Li pann kapav galoup deryer li», raconte Vishal Bajeenauth, un cousin de Kishore. La police de Plaine-Magnien est rapidement intervenue et a transporté le boutiquier à l’hôpital de Rose-Belle, où il a subi une intervention chirurgicale avant d’être placé en soins intensifs.

«Boukou douler»

Soudesh Chowdry-Naikoo, un autre cousin de la victime, était allé rendre visite à celle-ci à l’hôpital. Et ce qu’il a vu l’a beaucoup marqué. «Kishore ti pe tranble. Li ti pe gagn boukou douler. Ti ena tib dan so labous pou permet li respire», se souvient-il. Malheureusement, l’état de Kishore s’est détérioré et il a fini par succomber à ses blessures dans la matinée du jeudi 29 mai. L’autopsie révèle qu’il est mort d’un coup de ciseaux reçu à l’abdomen. «Bann dokter ti dir nou ki voler-la ti pik so lefwa», confie Vishal Bajeenauth douloureusement. Les funérailles de Kishore auront lieu ce dimanche 1er juin à 10 heures. Kiran Chowdry-Naikoo, son frère, explique que celui-ci était l’aîné d’une fratrie de quatre garçons, dont deux vivent à l’étranger ; l’un au Japon et l’autre en Italie. «Il n’avait pas d’enfant», dit-il, un peu dépassé par les événements car est le seul frère présent à Maurice et que toute la pression pour l’organisation des funérailles pèse sur ses épaules, même s’il est, bien sûr, aidé par ses cousins et d'autres proches.

Le suspect, Ricardo Raboude, 31 ans, connu sous le sobriquet de Tintin, réside également à Le Bouchon, dans le quartier Bosnie, qui se trouve à la rue La Chapelle. Déjà connu des services de police pour divers délits, il a été arrêté le lundi 26 mai après avoir fui la région. Il avait été repéré dans un supermarché à Plaine-Magnien avant de se cacher à L’Escalier, où il a finalement été interpellé. Initialement poursuivi pour vol avec violence, Ricardo Raboude fait désormais l’objet d’une accusation provisoire d’assassinat. Il est actuellement détenu à la prison de Rivière-des-Anguilles.

«Apre so loperasion, mo kouzin ti admet dan lasal 2.3. Nou ti resi koz ek li so lindi. Li ti dir nou ki lapolis ti fini aret voler-la. Sa dimounn-la ti fini dir bann anketer ki li mem ki ti vinn kokin dan laboutik Kishore ek ousi ki li finn pik li kan bann polisie ti amenn li dan lopital pou fer enn parad idantifikasion. Misie-la inn profite pou demann li exkiz. Me li difisil pardonn voler-la pou seki linn fer asterla», s’indigne Vicky Chowdry-Naikoo, un autre cousin de Kishore.

Le décès de celui-ci laisse un vide immense dans sa famille, mais aussi parmi les habitants de Le Bouchon qui gardent en mémoire l’image d’un homme travailleur, dévoué, profondément humain et apprécié de tous. «Se pa premye fwa ki voler rant kot li. Finn ena plizier ka vol dan landrwa laba. Mo espere lotorite fer seki bizin aster pou ki pena enn lot fami ki konn soufrans enn lamor parey ankor», lâche Vicky Chowdry-Naikoo qui, comme les autres membres de la famille, sait que le chemin pour surmonter cette épreuve sera long et pénible.

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