• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

Andy Janvier : À la gloire de mon père

La famille au complet.

Bisou dou est le premier titre de son album qui sortira pour la fête de Pâques. Le fils aîné du ségatier Yves Janvier, décédé en 2017, nous raconte comment il avance, porté par l’héritage musical laissé par son père, son modèle…

Il se souviendra de ce moment toute sa vie. De ce soir très spécial, quand il a vu son père qui débordait de bonheur, sûr de lui, la mine satisfaite, lançant alors un cri de victoire. Une scène qui l’a marqué. De cette soirée, il se rappelle de chaque détail : de l’effervescence qui régnait alors au cœur du Mahatma Gandhi Institute mais aussi de l’éclatement de joie et des acclamations quand le nom d’Yves Janvier a résonné dans toute la salle, à l’annonce du lauréat du concours Sofé Ravanne, organisé par la MBC. C’était le 28 novembre 1997.

 

Andy Janvier n’avait que 10 ans mais il se rappelle plus que jamais de cette grande finale qui a donné une nouvelle dimension à la carrière de chanteur de son mentor de père. «Comment oublier un tel événement ?» confie Andy, 31 ans, que nous rencontrons dans son petit village à Souillac, précisément à Cité Chaline. Les Janvier y ont toujours fait résonner leur séga. C’est au restaurant Beluga, à quelques mètres de la maison familiale, qu’Andy Janvier nous reçoit. À l’heure où nous mettions sous presse, il était prévu qu’il se produise lors d’un concert, le samedi 2 mars, durant lequel il aurait proposé, entre autres,  le titre de son single, en prélude de la sortie de l’album qu’il prépare actuellement.

 

Impatient, emballé par ce nouveau projet, Andy, chauffeur de profession, est de ceux qui se sentent vraiment en phase avec eux-mêmes lorsqu’ils sont sur une scène. «J’ai ce virus de mon père. Toute ma vie, je l’ai vu faire danser des foules dans les fancy-fairs, anniversaires, mariages, bals et autres concerts. J’ai vu la joie que cela lui procurait et c’est ce que je ressens aujourd’hui quand je suis en spectacle», raconte celui qui a perdu son père le 27 août 2017. «Il avait 59 ans, il était malade mais je l’ai vu partir tout en restant jusqu’au dernier moment fidèle à sa passion.»

 

Lorsqu’il pense à lui, Andy, qui dit tenir de son père son caractère de battant et sa fibre artistique, se rappelle surtout de quelqu’un qui allait toujours au bout de ses rêves : «Mon père était laboureur et travaillait au Foyer de l’Unité à Gris-Gris. Mais il a toujours aimé la musique et surtout le séga. Pour lui, c’était une façon de partager des histoires et des réalités de vie qui méritaient, selon lui, d’être racontées…» C’est ce qui explique, selon lui, le succès derrière Mo dibien (rann moi miser) qui raconte l’histoire d’un homme qui fait des sacrifices pour ses enfants qui le laissent finalement tomber. «C’est une chanson qui parle à tout le monde et qui touche. C’est Rolo, l’oncle de mon père, qui a composé cette chanson et qui lui a proposé de l’interpréter…»

 

La suite de l’histoire, on la connaît. Mo dibien devient un succès et Yves Janvier, alors qu’il chantait depuis longtemps, se retrouve propulsé en pleine lumière. «Il le méritait. Mon père était un défenseur des chansons à textes mais aussi du sega tipik avec ses instruments d’antan.» Pour le chanteur Yves Janvier, l’après-Sofé Ravanne a été plus que bénéfique : «C’était la première fois qu’il participait à un concours de ce genre. Cela l’a aidé de plusieurs façons. Déjà, il a gagné en popularité mais il a aussi pu se mesurer à d’autres chanteurs talentueux et de calibre, à l’instar de Nancy Derougère et Claude Lafoudre, parmi tant d’autres…»

 

Andy se souvient aussi de ce qui a suivi sa victoire : «Il a commencé à travailler sur la sortie de son premier album. Il y a eu ainsi d’autres titres comme La drogue, Vive couma frère ou encore Mo conten molavi.» Andy, qui a aussi un autre frère Steeven, 27 ans, et qui a perdu sa mère Marie Mireille Janvier il y a six mois, a gardé de bons souvenirs de cette étape de la vie de son père. Car il a, dit-il, participé à l’écriture de textes sur cet album : «Ce sont des moments privilégiés et inoubliables que j’ai partagés avec mon père. Je me souviens que j’avais 14 ans et qu’il composait sur sa guitare lorsqu’il m’avait appelé pour venir écouter un des morceaux.»

 

Aujourd’hui, s’il chante et fait de la musique, à la guitare et à la ravann, c’est pour perpétuer l’héritage qu’il a reçu de son père : «Quand je chante, quand j’enregistre ou quand je reprends une de ses chansons, je me dis que je lui rends hommage et que je fais écho à ses textes et à ses histoires. J’aime chanter, faire de la scène. Je ne peux pas faire sans car, de toute façon, c’est dans mon sang et quoi qu’il arrive, je sais que tout me ramènera au séga…»

 

Actuellement, il est au four et au moulin ; il travaille sur l’enregistrement de ses titres : «Mon single Bisou dou est un avant-goût de ce que je vais proposer. Je fais tout pour que l’album soit prêt pour la fête de Pâques.» Ce sera alors une façon de plus de chanter et de faire de la scène au nom de son père…