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Charlène Michel : Surfeuse d’amour

1 juin 2015

La jeune femme est originaire de Trou-d’Eau-Douce.

Vivre. Une brise légère qui fait voleter ses cheveux. Des gouttelettes d’eau salée sur sa peau gorgée de soleil. Le parfum de la liberté. La fragrance d’exister. Sur sa planche, Charlène Michel s’apprête à réaliser une autre figure. Elle s’envole presque. Elle caresse les nuages de ses rêves et s’approche du ciel. Plus haut, toujours plus haut. Cette Mauricienne de 23 ans, qui vit à Dubaï depuis quelques années, est une championne de kitesurf. Sa passion, son oxygène. Avec sa planche (dirigée par une voile), elle a franchi de nombreuses vagues. Il y a quelques jours, à Abu Dhabi,  elle a remporté un concours de kitesurf (catégorie freestyle). Ce qui lui a valu de faire la Une de Hype Magazine et d’avoir une place de choix dans le journal local 7Days Dubay.

 

C’est certainement un peu cliché de le dire, mais c’est vrai que Charlène ne s’imaginait pas réaliser d’aussi belles choses. Et cela, même si elle a toujours vécu une belle histoire avec l’océan – elle est originaire de Trou-d’Eau-Douce – et que la mélodie des vagues qui s’estompent inlassablement sur le sable a toujours accompagné ses battements de cœur. Cette aînée d’une famille de trois enfants n’a pas complété son cycle secondaire et a eu des années de galère : «J’ai arrêté mes études à 18 ans. J’ai enchaîné les petits boulots. Puis j’ai été employée comme serveuse.» Six mois de travail intense. Six mois à se poser des questions : «Je ne savais pas ce que je voulais faire.» Six mois à regretter de ne pouvoir réaliser son rêve : «Je voulais être prof d’éducation physique. Mais sans mon HSC, c’était mort.» Six mois de vague à l’âme.

 

La glisse est un art pour elle.

 

Jusqu’à ce que Charlène découvre le kitesurf à travers son petit frère Brandon et décroche son diplôme de l’école du Morne : «Il travaillait dans une école de kitesurf. C’est lui qui m’a tout appris. Et je peux dire que ce n’était pas facile. Les prises de bec étaient quotidiennes. Mais ça en valait le coup : plus de pression, plus de plateaux à servir…» Néanmoins, son petit coin de paradis s’évapore du jour au lendemain : «Nous avons été licenciés, sans explication.» Une douche glaciale pour la jeune femme. Le début d’un long et triste chemin. Pas de boulot, pas d’argent. Puis, du free-lance dans une école du nord de l’île : «J’ai dû déménager.» Et un retour chez ses parents : «Je ne bossais plus. Je ne pouvais pas les aider. J’enchaînais les interviews, sans succès.»

 

Pas les moyens

 

Un jour, elle découvre le site de recrutement pour les kiteurs du monde : l’IKO. Elle tente sa chance, reçoit des propositions intéressantes et a hâte de prendre la bonne vague : «Mais je n’avais pas les moyens de payer le billet d’avion.» Finalement, une offre qu’elle ne peut pas refuser tombe dans sa boîte mail : «On me payait le ticket et le logement. J’en ai parlé à mes proches et j’ai accepté. Trois semaines plus tard, j’étais dans un avion, direction Dubaï.» Les premiers jours, elle découvre cette merveilleuse cité. Elle apprend à l’aimer, à créer ses repères afin de se construire dans un monde inconnu. Elle découvre le magasin de kitesurf qu’elle va manager et l’école où elle va donner des cours à Jumeira (à quelques minutes de l’hôtel Burj Al Arab).

 

Elle participe à des compétitions et remporte des titres…

 

À Dubaï, sa vie est remplie : «Elle peut être merveilleuse. Mais aussi terrible par moments.» Ses journées sont longues et souvent éreintantes : «Donner plusieurs heures de cours quand il fait 50°C, ce n’est pas évident.» Parfois, son autre passion, pour la photographie, l’emmène vers des soirées qu’elle couvre pour arrondir les fins de mois. Mais dès qu’elle le peut, elle grimpe sur sa planche et va s’offrir une virée de liberté : «C’est une sensation de pur bonheur. C’est un sentiment intense. Je me déconnecte du monde, je me déconnecte de tout. L’océan est mon élément.»

 

Être sur l’eau, c’est un peu être à Maurice, c’est un peu avoir ses proches autour d’elle. Alors, c’est avec tout son cœur qu’elle monte sur sa planche. Une énergie d’amour qui lui permet, un peu plus chaque jour, de se faire un nom dans le monde du kitesurf à Dubaï. Néanmoins, elle ne rêve que d’une chose, c’est rentrer au pays : «Et pouvoir gagner ma vie grâce à ma passion.» En attendant que ce moment arrive, Charlène s’offre des instants où elle se sent… vivre.

 

Elle nous explique…

 

C’est quoi ?«Le kitesurf est un sport de glisse consistant à évoluer avec une planche à la surface de l’eau, en étant tracté par une voile (le cerf-volant). Le kiteur est accroché à l’aile par son harnais. Le kite est piloté à l’aide d’une barre où sont reliées les lignes de traction. La planche peut être inspirée du wakeboard.»

 

Ce qu’il faut ?«Beaucoup de motivation, peser au moins 30 kilos et avoir de la force dans les bras. Il faut beaucoup s’entraîner. Je le fais dès qu’il y a un peu de vent, ce qui n’arrive pas très souvent ici. La progression dépend du kiteur. Tout le monde ne progresse pas de la même façon. Plus on passe du temps sur l’eau, plus on s’améliore. On n’arrête jamais d’apprendre. On regarde les pros sur les vidéos ou on suit les compétitions avant d’essayer d’effectuer les mêmes figures et on avance.»

 

À cœur ouvert

 

Son meilleur souvenir.«J’ai fait de belles rencontres. Des gens pauvres et des gens riches. J’ai même passé trois semaines sur l’île du Sheik Mohamed bin Rashid Al Maktoum, vice-président, Premier ministre et ministre de la défense des Émirats arabes unis. Je suis ensuite rentrée à Dubaï sur son yacht privé. C’était une expérience magique. J’ai eu la chance de côtoyer ses filles qui sont formidables. Je ne peux malheureusement pas en dire plus. J’ai également donné des cours à pas mal de cheikhs. Mais aussi au pro du parachute et du base jump, Vince Reffet. Un gars cool et sympa.»

 

Son moment le plus dur.«En novembre 2013, j’ai perdu ma grand-mère paternelle et, quatre mois plus tard, c’est mon grand-père qui s’en est allé. J’aurais voulu être avec ma famille pendant ces moments difficiles, mais ce n’était pas possible. Avec le soutien de mes proches, j’ai tenu bon. Je suis revenue à Maurice en décembre pour Noël et le Nouvel an. Hélas, mon travail et le prix du ticket ne me permettent pas de revenir plus souvent. Maurice me manque beaucoup.»

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