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Jean-Christ Spéville : Raconte-moi le Rodrigues International Kitesurf Festival

Le jeune homme raconte l’histoire derrière le festival…

Consultez votre agenda et réservez les 26 au 30 juin. Vous avez un rendez-vous à environ 560 kilomètres au nord-est de Maurice, à 1h30 de vol, soit à l’île Rodrigues, précisément sur la plage d’Anse Mourouk à Port-Sud-Est. Pour l’occasion, vous assisterez à la septième édition du Rodrigues International Kitesurf Festival. Quelques explications avec le fondateur de ce festival très spécial…
 

Il se souvient de tout. De chaque étape. Quand tout a commencé. Quand les premiers contours du Rodrigues International Kitesurf Festival (RIKF) se sont dessinés. «Le festival est né d’une grande frustration. Je voulais aider Rodrigues dans l’événementiel et le tourisme. Mais lors de mes démarches, je recevais des non catégoriques. D’où l’idée de créer un festival, sachant qu’il y avait à l’époque 500 kiteurs sur l’année en 2012», explique Jean-Christ Spéville, 38 ans. Il a alors dû convaincre les cinq écoles de kitesurf de l’île mais ce n’était pas évident. «Il fallait trouver des sponsors et mes collaborateurs n’avaient pas vu aussi grand que moi. J’ai développé plusieurs stratégies de communication avec peu de moyens dont l’opération I love Rodrigues Kitesurfing Festival. Le festival a été créé sous les filaos d’Anse Enfer à Mourouk, avec mon ordinateur sur les genoux…»

 

C’est avec fierté que notre interlocuteur revient sur cet épisode qui lui est cher. Quand il regarde le chemin parcouru, il ne peut s’empêcher de penser à tous ces obstacles, à toutes ces épreuves qui ont jalonné la naissance d’un festival qui, sept ans plus tard, est devenu un événement spectaculaire et incontournable de la vie à Rodrigues. Une île aux multiples atouts : son lagon de 200 km2, un plan d’eau sécurisant et ses 220 jours de vents par an : «Nous sommes arrivés à notre septième édition. Le festival est un mélange de sport et de fête. Comme Nicolas Hulot l’a dit, tout le monde se prête au jeu car l’ambiance y est envoûtante et la bonne humeur et le fair-play sont les mots d’ordre pendant la durée de l’événement…»

 

Beach rugby

 

Au fil des années, le RIKF a grandi, s’est amélioré, a accueilli des pointures dans le domaine et s’est fait connaître sur le plan international. «Cette année, on a introduit une régate pour clôturer le festival car les Rodriguais aiment bien la régate. Le kitesurf sera une nouvelle discipline aux Jeux des îles. Du coup, le RIKF permettra aux kiteurs de tâter le pouls avant cette rencontre. Il y aura également une équipe de France et une de l’Australie qui vont venir réaliser des Web stories sur le festival. Il y aura, en outre, l’introduction du beach rugby…»

 

Jean Christ Spéville, en couple, travaille dans la gestion de projets divers et organise des événements locaux et internationaux. Cet habitant de Mont-Lubin a beaucoup roulé sa bosse avant de trouver sa voie. «J’ai débuté ma carrière comme Accounts Clerk à l’hôtel Cocotier en 1999. Ensuite, je suis parti suivre des cours à Maurice, au Belle Mare Plage. Je suis par la suite retourné à Rodrigues pour travailler comme Accounts Supervisor, sous la supervision de Naïade», confie-t-il.

 

Mais fatigué de faire la même tâche, il est rentré à Maurice pour apprendre la comptabilité au DCDM et l’informatique au Harel Mallac Training Institute. «Puis, j’ai pris de l’emploi chez Accenture et Bacha & Bacha. J’ai suivi plusieurs formations en gestion, spécialisées en Microsoft Tools à Moka, et également des cours en French Laws et Accounting auprès de la Chambre de Commerce. Et en 2006, je suis devenu superviseur pour Mauritours à Rodrigues.»

 

Voguant d’expérience en expérience, Jean-Christ s’est, quelque temps plus tard, retrouvé à Maurice : «J’y suis retourné pour travailler dans une boîte qui fabrique des vêtements de marque et fait dans l’événementiel. Au sein de cette entreprise, j’ai travaillé comme Administration &  Operations Coordinator. En 2011, j’ai travaillé pour Radio France sur un projet musical dans l’océan Indien. J’ai aussi collaboré avec plusieurs auteurs pour des bouquins et des albums photographiques.»

 

«Impression de lenteur»

 

En 2012, il a créé JC Entertainment et trois ans plus tard, il a suivi plusieurs cours en ligne, notamment en communication, stratégie et Tourism Marketing, entre autres. «Maintenant, je collabore avec plusieurs instances dont l’Université de La Réunion sur des projets scientifiques, la presse internationale et divers organismes.»

 

Sa petite île, Jean-Christ, qui a un frère, Christopher, et une sœur, Chrystina, l’a dans la peau : «Mon île, c’est des dégradés de turquoise, la grandeur majestueuse de son lagon et sa douceur de vivre. On y respire sereinement en prenant tout simplement le temps de vivre. Le Clézio avait écrit : ‘‘Il y a ici une impression de lenteur, d’éloignement, d’étrangeté au monde des hommes ordinaires qui fait penser… à l’éternité, à l’infini’’.» 

 

En attendant d’accueillir des kiteurs du monde entier qui vont se joindre aux Mauriciens, Rodriguais et Réunionnais, Jean-Christ travaille aussi sur d’autres dossiers. «En étant dans l’événementiel, je collabore avec l’Université de La Réunion. Des scientifiques sont en train de faire des recherches sur les cyclones dans l’océan Indien. Ils étaient à Rodrigues dans le cadre d’un reportage qui s’étale sur trois ans. Le but, c’est de rencontrer les acteurs locaux et la population pour avoir leur vécu. Ainsi, ils pourront mettre en place de meilleurs outils de prévention et d’alerte, sachant que les cyclones seront plus forts et moins prévisibles dans un futur proche», confie-t-il, au moment même où l’île panse les blessures causées par Joaninha, la tempête qui vient de l’ébranler.

 

Les autorités comme les habitants font tout ce qu’ils peuvent pour que ce triste épisode ne devienne vite qu’un mauvais souvenir et que la belle Rodrigues retrouve vite de sa superbe…