Publicité
Par Yvonne Stephen
1 septembre 2015 15:16
Un geste banal. Rien de bien compliqué. Il suffit parfois d’ouvrir une porte. Comme ça, sans se poser de questions. De tourner la poignée et laisser la magie opérer. C’est bien ce qui se passe quand on débarque chez Jennifer Sin Yan Chun. Alors que le vent glacial de Curepipe s’infiltre et frigorifie, que les gouttelettes de pluie se frayent un passage à travers vos vêtements, vous avez absolument besoin d’un peu de chaleur. Et c’est là que le Twenty Ten apparaît. Derrière les grandes vitres, en cette fin de matinée, une grande tablée où se célèbrent les 80 ans et des poussières d’une grand-mère aimée. Sur une autre table, une famille déjeune ensemble et en silence. Alors qu’un couple d’amis (ou plus ?) discutent avec ardeur autour d’un sujet inconnu.
Derrière le comptoir, la jeune femme qui a réalisé son rêve en créant son restaurant. Un désir de gourmande. Une envie d’amoureuse du goût. Après plusieurs années passées dans le secteur du tourisme, Jennifer a décidé, un jour, de se lancer : «Il était difficile de trouver ce que nous mangions dans les hôtels, par exemple, en dehors de ces établissements. Et je trouvais que c’était dommage.» La décision ne s’est pas prise du jour au lendemain ; il a fallu qu’elle mijote comme une bonne daube, qu’elle s’épice de doutes et de démarches administratives, d’échecs, d’espoirs et de réussites (petites et grandes).
Puis, quand elle était à point, modifier la recette et lui donner de nouvelles saveurs. Depuis quelques jours, la jeune femme propose une carte avec quelques petites nouveautés. Si, au départ, la cuisine du Twenty Ten se voulait résolument tournée vers l’ailleurs (des pâtes fraîches, des burgers, des crêpes, des salades, des cafés, des desserts et une sympathique carte de vins), elle a pris des saveurs un peu plus locales : «Suite à la demande de nos clients. Du coup, nous proposons un plat du jour. C’est aussi sympa pour ceux qui viennent déjeuner tous les jours et qui connaissent la carte par cœur.»
Avec le temps, le Twenty Ten s’est construit une clientèle fidèle. D’ailleurs, cette dernière sait bien que, souvent, la propriétaire des lieux prépare un inoubliable pudding de pain aux alentours de 15 heures. Mais il y a aussi ceux qui découvrent le lieu un peu par hasard et qui y reviennent. Pour les accueillir, Jennifer, qui est celle qui crée et imagine les bons petits plats servis, est toujours là ou presque. Elle a fait le choix d’être omniprésente, de l’accueil à la cuisine, pour s’assurer que tout soit toujours parfait : «Nous sommes une équipe de jeunes, très axée vers le customer care. Notre but, c’est que ceux qui viennent nous voir repartent contents.»
Avec ses trois enfants (Marine, 14 ans, Anna, 8 ans, et Lucie, 7 ans), cela demande un timing bien serré, des concessions et des sacrifices qu’elle ne regrette pas. Avec l’aide de son mari (qui a conservé un emploi en dehors du restaurant), Luc Meyepa, elle arrive à mener sa petite barque gourmande : «Nous ne sommes pas ouverts le dimanche. C’est un choix. Nous pourrions gagner plus de sous, mais nous pensons à nos enfants.» Pour ses trois princesses qui lui donnent l’envie et la motivation de toujours se dépasser et d’en faire toujours plus. De donner envie. Envie qu’on tourne la poignée de la porte de son restaurant. Pour un peu de chaleur, pour un peu
de gourmandise.
Publicité