• Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression
  • Sept kendokas en formation à la Réunion
  • Plusieurs noyades et disparitions en mer : des familles entre chagrin et espoir
  • Mobilisation du 1er Mai : la dernière ligne droite avant le grand rendez-vous
  • Le PMSD secoué : démissions, rumeurs et confusion…

Michaël Pompeia : Une vie d’engagement !

Entre distribution de matériels scolaires et autres activités, Michaël et son équipe encadrent les jeunes de Sainte-Croix et de Baie-du-Tombeau.

Quelle évolution peut-on avoir en 12 ans ? Récit du parcours d’un jeune homme qui s’est construit à force d’audace et de détermination, et qui, aujourd’hui, se met au service des autres…
 

De l’eau a coulé sous les ponts. Le temps a également filé… Mais il n’a pas dévié de sa route. En 2007, lorsque nous l’avions rencontré, Michaël Pompéia avait 22 ans. Il était en deuxième année d’agro-science à l’Université de Maurice et se présentait à nous comme étant le fondateur et président d’Aggies, association non-gouvernementale qui regroupe une quarantaine d’étudiants environment-friendly… On se souvient parfaitement du message qu’il voulait faire passer. «Nous sommes des jeunes en faveur d’une agriculture moderne, durable, tournée vers l’avenir, au service de la collectivité», confiait-il à l’époque, lorsque nous l’avions interviewé entre deux cours. Avec passion et conviction, il nous racontait son «pari fou de conscientiser la population mauricienne à s’intéresser davantage à l’agriculture». 

 

Douze ans plus tard, son actualité a changé. Il a mûri, affiche «la trentaine» mais s’exprime toujours avec la même fougue. Fidèle à lui-même, et même s’il a évolué dans sa vie professionnelle, il continue de se dévouer pour une cause… pour les autres. «Je suis Lecturer en marketing au Charles Telfair Institute depuis trois ans. L’enseignement m’a toujours fasciné et entre mon métier et ma vocation sociale, il y a un lien et c’est motivé par l’envie de partager, de transmettre, que j’ai fondé et que je dirige aujourd’hui l’association My Coaching Crew qui existe depuis cinq ans», explique-t-il lorsqu’il nous reçoit sur son lieu de travail au cœur du CTI à Moka.

 

Mon histoire

 

La scène ressemble étrangement à celle de notre rencontre en 2007. Des années plus tard, l’étudiant de l’époque a toujours à cœur la cause sociale. «Au départ, MCC faisait des activités avec des enfants souffrants du Down Syndrome. On a commencé par hasard. Aujourd’hui, MCC a évolué pour répondre à l’attente de ceux qui sont autour de nous. Je donne ainsi des cours de rattrapage à des jeunes dans la région de Sainte-Croix, avec des étudiants qui sont au collège», explique-t-il. S’il n’hésite pas, après ses heures de travail à l’université, à tendre une main à l’autre, c’est qu’il sait la chance qu’il a eue dans la vie : «Dans ma famille, je suis celui qui a le plus progressé sur le plan éducatif. Mon papa était maçon, ma maman était femme au foyer, mes frères ont atteint seulement le secondaire. Durant mon parcours, j’ai eue la chance d’avoir beaucoup d’aide. Mon éducation a été possible grâce aux sacrifices de ma mère, Micheline. Elle a été la cheville ouvrière de mon parcours scolaire. Elle voulait qu’un de ses quatre enfants puisse au moins dépasser le cycle secondaire», confie-t-il.

 

Ainsi, au fil de son parcours, il a rencontré des personnes qui l’ont aidé gratuitement. «J’ai eu l’aide de deux profs, d’anglais et de science, au secondaire. J’ai eu l’opportunité d’aller au bout de mes ambitions. Mon papa n’a pas dépassé la 3e au primaire et moi, si Dieu le veut, j’aurai bientôt un doctorat. Quand je pense qu’au primaire on me considérait comme un slow learner ! J’ai récemment rencontré un de mes profs et on a parlé de ça. Ce qui me fait dire, sans arrogance, que je suis très fier du parcours que j’ai eu.» 

 

Pour avancer, pour s’en sortir et réussir, il a fallu, souligne Michaël, s’accrocher et se donner les moyens d’y arriver. «Il fallait d’abord y croire. Je décris mon cheminement comme une revanche sur la vie, une revanche sur tous ceux qui ne croyaient pas en moi. Mais c’est aussi une façon de dire merci à tous ceux qui ont cru en moi et qui m’ont aidé à me réaliser. Ça n’a pas été facile. Il y a eu pas mal d’embûches à surmonter et c’est ce que j’enseigne aux jeunes : que rien n’est acquis mais que tout est possible avec du travail.» Depuis, il ne cesse de se mettre au service des autres : «Notre mission, c’est de créer des leaders, surtout avec des jeunes venant de régions défavorisées, pour qu’ils soient des role models pour ceux qui sont autour d’eux mais aussi pour qu’ils soient les initiateurs de projets qui vont venir embellir la vie de leur entourage.»

 

Skill development

 

Il n’y a pas de baguette magique ou de solution facile, dit-il, pour trouver sa place dans la société. Selon lui, il faut juste avoir de bons guides : «En m’engageant à aider ceux qui en ont besoin, c’est une façon pour moi de retourner ce que j’ai reçu à la société. Les régions que nous ciblons aujourd’hui : Cité La Cure, Roche-Bois, Cité Briqueterie et Baie-du-Tombeau. Ce sont celles où il y a pas mal de problèmes de drogue. Ces substances illicites sont vendues à vue d’œil avec le risque que beaucoup de jeunes soient propulsés dans ce cycle infernal.   L’important, c’est au moins d’essayer de les dévier de ce chemin et de leur faire comprendre qu’on peut réussir dans la vie sans pour autant passer par les produits illicites, tout en les incitant à encourager d’autres jeunes à emprunter d’autres chemins.»

 

Et c’est en se donnant corps et âme au sein de MCC qu’il espère contribuer à aider son prochain : «Au sein de l’association, nous délivrons du soutien académique. Il y a aussi l’aspect du skill development que nous essayons de véhiculer. Le but, c’est de faire que des jeunes reçoivent quelque chose de la société et qu’ils rendent par la suite ce qu’ils ont reçu. On a maintenant 80 membres avec un exécutif d’onze personnes. En plus d’être à Sainte-Croix, nous sommes basés à Baie-du-Tombeau, plus précisément à Rouillard. On compte 60 membres à Sainte-Croix et 20 membres à Baie-du-Tombeau.»

 

Avec les autres membres de l’organisme, Michaël essaie de motiver les jeunes de sa région en les encadrant et en leur apportant quelques outils indispensables à leur épanouissement. «Parmi les activités que nous organisons, il y a la distribution de matériels scolaires aux enfants nécessiteux. Nous ne sommes pas uniquement dans le support académique, il y a aussi l’aspect de leadership development qui est important. De MCC, il y a plusieurs autres ONG qui sont nées. Les jeunes qui ont bénéficié de notre encadrement ont développé des leadership skills et aujourd’hui, il y a certains de nos bénéficiaires qui dirigent des ONG. Par exemple, je cite avec fierté l’association Enn Rev Enn Sourir. Le fondateur est un des bénéficiaires qui a travaillé avec nous.»

 

Role models

 

Chaque personne qui arrive à se distinguer est pour lui comme une petite satisfaction personnelle : «Je suis très content mais aussi un peu déçu parce que beaucoup plus de leaders auraient dû émerger. Ils n’ont pas pris le chemin que je voulais mais je suis très content de voir que d’autres jeunes assument ce statut de role models, de leaders dans le domaine où ils évoluent. Pas mal sont en train d’influencer d’autres amis pour qu’ils nous rejoignent. L’exécutif se rencontre mensuellement pour prendre des décisions sur les activités à venir. Nous dispensons nos cours de soutien académique à hauteur de trois à quatre fois par semaine. Tout est gratuit. Nos membres n’ont rien à débourser. Et personne n’est payé», souligne notre interlocuteur. «Si on organise quelque chose, on fait en sorte que ce soit les parents qui participent. Par exemple, si on fait un dîner pour les SDF, cela va être possible grâce à ce que les parents de nos bénéficiaires vont donner. C’est une façon de développer une culture de l’effort.»

 

Pour cela, insiste Michaël, il faut avoir l’envie : «Personnellement, je crois qu’on ne peut pas s’asseoir dans sa tour d’ivoire et s’attendre à ce quelqu’un fasse tout pour nous. Je fais partie des personnes qui veulent essayer de tenter quelque chose. Forcément, on ne peut pas faire des miracles mais il y a de la satisfaction : sur cinq personnes qu’on a essayé d’aider, deux ont pu emerge. Maintenant, on se considère comme une famille et on a plein de projets. Parmi, on essaie d’organiser plusieurs activités depuis le début de l’année. Par exemple, on prévoit un dîner pour les SDF le mois prochain et d’autres initiatives suivront…»

 

Paroles d’un engagé passionné !