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Norbert Tarayre : Il est top, le chef !

27 avril 2015

En moins de dix minutes, le chef improvise et réalise une entrée.

Explosion d’épices et de bonne humeur. Comme un bon kari ! Dans la karay du chef Norbert Tarayre, on retrouve les ingrédients de cet incontournable mets de la cuisine mauricienne. D’ailleurs, c’est le premier plat mauricien qu’il a dégusté à son arrivée. Il y a le massala pour la rondeur du goût (et du personnage). Quelques feuilles de cotomili pour la fraîcheur. Le piment pour donner show. Le clou de girofle caché pour les surprises. Et de la pomme d’amour parce qu’il est un peu comme ce légume-fruit, le cuisinier français révélé par l’émission culinaire Top Chef. Li rant dan tou la sos. Et il adore ça ! Vous l’avez sûrement déjà vu dans des émissions télévisées telles que Norbert Commis d’Office ou Norbert et Jean, le défi ? Vous le trouvez un brin fantasque, terriblement drôle et, avouez-le,  parfois à côté de la plaque (de cuisson), car il en fait souvent trop ?

 

Vous avez totalement raison !  Pas de tromperie sur la marchandise,  l’entertainer de la cuisine française n’a rien de vraiment différent en vrai.  D’ailleurs, il ne passe pas par quatre feuilles de laitue. Tutoiement direct. Câlins faciles. Il laisse sa carte avec son numéro perso : «Si vous faites un tour en France, venez manger chez moi.» Très généreux, volubile et ultra tactile, Norbert se fait un devoir de retenir les prénoms : «La pire des choses, c’est d’appeler une femme  par un autre prénom. Dans le doute, parfois, j’appelle les gens papa, maman.» Il arrose tout avec une poignée d’humour, noie les sujets sérieux dans un délicieux bouillon de positivité, parle d’amour et de sexe à toutes les sauces, interroge sur «cette femme en Italie» dont tout le monde parle et bat les records de mots à la seconde.

 

Prestige

 

Le chef superstar qui découvre Maurice pour la première fois propose même des selfies à ceux présents et parle d’un «rêve devenu réalité». Il y a 20 ans, ses parents avaient visité l’île : «Les images que j’ai de leurs récits sont les mêmes que je vois, aujourd’hui. C’est un pays magnifique, une île de prestige.» Il a animé deux shows culinaires, cette semaine, à The Residence et à Lakaz Cascavelle. Mais comment Norbert a-t-il atterri à Maurice ? Il s’agit d’une initiative de l’Académie des Chefs. Une école de formation menée par le chef Patrick Vitry qui organise, pour ses élèves, des master classes animées par de grands chefs venus de France. Un événement organisé en collaboration avec Air France et The Residence.

 

C’est dans cet hôtel (où il compte bien laisser «des recettes à la sauce mauricienne») que Norbert a résidé le temps de son séjour «au paradis» avec son épouse Amandine et leurs trois filles. Inséparable de sa petite tribu, il s’excuse de leur absence en lançant : «Les petites ont attrapé un coup de soleil. C’est ça le problème des blancs. Un peu d’eau et un peu de soleil, et ils crament.» Charmant ! Et surtout très cash. Du Norbert tout craché.

 

C’est dans la cuisine de l’Académie que se poursuit la conversation. À la base, le but était de mettre Norbert en scène pour une belle photo. Néanmoins, pour celui qui a ouvert il y a quelques mois son bistrot chic, Saperlipopette !, ça ne prend pas (comme une mousse mal figée): «Il faut que je cuisine.» Il veut de l’authentique : «Je ne donne que du vrai.» Alors, sous le regard un peu ahuri de la responsable de communication de cet événement (qui a visiblement un timing très serré), le chef se met aux fourneaux. Comme ça ! Sans préparation : «C’est de l’impro totale. Même pas peur ! C’est comme quand on fait l’amour, quand faut y aller, faut y aller.» Au menu : un œuf mollet servi avec des petits dés de pomme et une petite sauce au fromage. Alors que ses mains s’activent, il parle de tout, mais jamais de rien.

 

Moins 40 kilos !

 

De son amour pour ses filles : «Notre famille est simple. Elles savent que le plus important, c’est l’école.» De la chance qu’il a d’avoir Amandine dans sa vie (elle est aussi son manager) : «C’est ma partenaire de vie.» Du procès que son père a gagné (il avait poursuivi Norbert Tarayre pour diffamation suite à des propos que ce dernier avait tenus dans un magazine français) : «Je n’ai pas honte d’en parler (…) D’ailleurs, je n’ai jamais eu de relation avec mon père. Ce qui me gêne, c’est ce que mes enfants en pensent. Mais bon, ça va. Elles ont un autre grand-père. Et il est super gentil.» De son super régime : «40 kilos en moins. Il fallait que je sois au niveau de ma femme. Elle est vraiment belle.» Mais aussi de ses petites déceptions : «Il y a des marques de prestige qui refusent de me suivre. Encore aujourd’hui. Je n’ai pas le côté ultra carré. Je dis ce que je pense. Et je fais ce que je dis. Ça doit gêner.»

 

Impossible de dire que le chef de 35 ans s’illumine quand il parle de cuisine. Qu’importe le sujet, il est étincelant. C’est un passionné de tout. De la vie, tout simplement. Mais son métier, c’est son oxygène : «Je suis né pour travailler.» Boulimique d’ondes positives, de belles rencontres, de gens vrais et d’émotions réelles, il l’est. Et c’est grâce à son truc en plus qu’il peut toujours recharger ses batteries de good feeling : «Je cuisine dans toutes les situations. Je peux viser l’excellence. Faire du gastronomique. Mais j’aime donner l’envie de manger sans prétention. C’est tout. Qu’est-ce qu’il y a de plus beau que ça ?» Sur son plan de travail, tout est carré. Au boulot, dit-il, il est rigoureux, exigeant, un «vrai emmerdeur» : «Je fais le con. Mais je ne laisse rien au hasard quand je travaille.»

 

Cet amoureux du goût et des beaux produits a débuté comme plongeur en 1998 dans un restaurant de Londres. Alors, il n’est pas compliqué de se l’imaginer plus sérieux, plus réfléchi. Pour affûter ses couteaux, se construire une carrière en tant que chef, mais aussi en tant que star de la télé, il a bien fallu l’être (et il faut certainement l’être toujours) : «J’ai fait le fou pendant longtemps. Mais quand j’ai décidé d’avancer, je me suis posé.» Et il n’est pas passé à côté de sa savoureuse success story. Aussi épicée qu’un bon kari poulet.

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