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6 juin 2017 02:51
Il y a des rencontres qui marquent. Et des histoires qui laissent des traces à jamais. Pour Martine Luchmun, journaliste à Essentielle depuis sept ans, avoir croisé le chemin de la chanteuse Jasmine Toulouse est définitivement un épisode de sa vie qui est ancré en elle. S’il y a d’abord eu un échange entre les deux femmes il y a deux ans, pour les besoins d’un article, elles sont aujourd’hui liées par un prix.
Lors des Laadli Media Awards for Gender Sensitivity, qui se sont tenus le 12 mai à Mumbai, en Inde, la journaliste a reçu un prix grâce à son article sur la chanteuse. Martine Luchmun figure parmi une trentaine de professionnels dont le travail a été reconnu par l’ONG indienne Population First comme contribuant à la promotion de l’égalité des genres dans les médias.
«Je ne m’attendais pas à gagner. Je n’ai jamais été tentée de participer à des concours avant mais j’ai été encouragée par les autres à faire partie de cette aventure. Pour une fois, il y avait un concours qui n’avait rien à faire avec les papiers d’investigation. Alors je me suis lancée. Comme c’était anglé sur la presse féminine, j’ai choisi quelques-uns de mes textes, dont celui sur Jasmine, et je les ai envoyés», confie Martine Luchmun.
Revenant sur les circonstances de sa participation, elle ne peut pas ne pas avoir une pensée «très spéciale» pour Jasmine Toulouse, cette jeune femme dont le parcours l’a touchée et qui est définitivement une source d’inspiration. «Ce n’est pas moi qui ai gagné, c’est Jasmine. Elle m’a raconté des morceaux d’elle, des choses qu’elle n’avait peut-être pas envie de raconter et je ne la remercierai jamais assez de s’être livrée à moi et de m’avoir permis de raconter son histoire. Désormais, mon histoire est à jamais associée à elle.»
De cette rencontre, Martine se souvient d’une personnalité hors du commun, d’une femme qui s’est construite à force de courage et de détermination. «Le texte a été publié en novembre 2015. Jasmine Toulouse est une fille positive. Elle a le sourire large et beaucoup de qualités.» Martine est très vite captivée par sa bonne humeur communicative : «C’est une artiste qui a la pêche. Elle est une exception. Dans le papier, je raconte sa revanche sur la vie. C’est une fille qui vient d’un milieu pauvre. Elle a voulu étudier, elle milite pour les droits des femmes, elle encourage celles de sa région, Rivière-Noire, à progresser, elle aide autour d’elle, elle est engagée, elle veut devenir avocate et elle chante. Elle a d’ailleurs fait une chanson sur l’exclusion.»
Autant d’informations qui ont permis à Martine de cerner ce visage incontournable de la scène musicale locale. «Elle a vécu tellement de choses, elle était même battue à un moment. Mais son histoire est une success story. Elle est arrivée à surmonter tout cela, à accomplir des choses, à dépasser ce milieu qu’on dit défavorisé. D’ailleurs, elle a aujourd’hui décroché son diplôme. Elle a une histoire touchante et c’est d’ailleurs ce que le jury a dit», souligne la journaliste. Elle a tenu à informer la chanteuse très vite après avoir appris les résultats du concours : «Je lui ai envoyé un mail et elle m’a répondu pour me dire qu’elle était contente pour moi. Et que, quelque part, elle avait aussi gagné avec moi. Ce prix n’est pas pour moi, c’est pour elle. C’est son vécu.»
De l’Inde, où elle a été recevoir son prix, la journaliste d’Essentielle retient surtout avoir côtoyé des personnes passionnées : «On ne peut pas faire ce métier si on n’est pas passionné par l’information et l’envie de faire avancer les choses. Au fil de ma carrière, je me suis rendu compte qu’il existe toujours des femmes maltraitées, battues, mal payées. D’où mon engagement. On ne peut pas prétendre pouvoir changer les choses mais on peut participer à élever le débat en racontant justement les histoires des autres. Je me dis que je peux aider ces femmes à croire en elles.»
La journaliste se nourrit toujours de chacune de ses rencontres :«Je ne considère pas cette récompense comme un aboutissement. On ne fait pas ce métier pour gagner des prix. On le fait pour informer, pour essayer de donner à réfléchir et inciter les gens à voir les choses autrement. Le but, ce n’est pas de dire que les femmes sont supérieures aux hommes. On croit dans une société égalitaire ; que les femmes autant que les hommes ont des droits.» Et c’est avec cela en tête que Martine continuera à raconter ces femmes courageuses pleines de promesses.
Elle se dit doublement contente. D’abord pour la journaliste Martine Luchmun qui a «si bien raconté (m)on parcours», puis pour le fait que son vécu a touché les membres du jury d’un concours. Jasmine Toulouse confie : «J’ai été très heureuse en recevant le mail de Martine. Je suis contente pour elle. Je me sens également honorée que mon histoire ait traversé les frontières et qu’elle ait touché des gens. C’était le but. J’espère que mon vécu inspirera d’autres personnes, d’autres femmes, et qu’elles aurons du courage pour continuer à se battre et à avancer.»
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