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Sunita Albert : des épices et une femme…

La femme entrepreneure a eu un beau parcours.

Un parcours hors du commun ! Celui de cette femme qui ose. Et qui souhaite vous présenter sa dernière trouvaille savoureuse.

Son trésor se trouve dans une petite boîte en carton. Elle est posée négligemment sur la table d’un café mais Sunita Albert ne la quitte pas pour autant des yeux. Juste, peut-être, pour en parler. Pour donner envie d’humer, de tester. De saupoudrer. D’en ajouter des pincées dans sa vie. D’agrémenter kari, salmi ou encore poisson grillé. Dans la voix de la coquette madame – col Claudine, fard à paupières et tika de la même couleur que sa robe, un vert soutenu –, pas qu’un zeste de passion. De tout son être émane une force tranquille qui doit être celle de la création. Car cette Mauricienne, établie à Rodrigues depuis plus de 28 ans, a une vie bien remplie et un parcours riche en expérience. Et aussi riche d’idées et d’innovation. D’histoires et d’anecdotes.

 

Sa dernière trouvaille a le parfum du succès à Rodrigues. Et en ce moment, elle est à Maurice afin de proposer ses produits aux enseignes locales : «C’est de l’innovation, une première chez nous.» Du masala organique, des fines herbes séchées et des «poudres» de papaye et de mangue ou encore du poivre de citron qu’elle présente comme étant bio (35 variétés au total). Madame ne recule devant rien. Les longues heures de travail, les refus, les mots durs, les déceptions, les galères… L’entrepreneure le dit : «Il faut oser. Tout ça fait partie du boulot.» Elle a osé changer de vie : en vacances à Rodrigues, «j’étais jeune fille», elle rencontre l’homme de sa vie et décide de quitter son île et sa famille. Elle était fonctionnaire, avait fait des études pour être bibliothécaire. Mais elle saute le pas. Et se fait vite une place, elle ouvre un supermarché à Mon-Lubin, qui a, depuis, fermé ses portes. Elle multiplie les idées, se rêvent en entrepreneure : «Je crois que ça vient du fait que je n’ai jamais rien eu facilement. Je viens d’une famille très pauvre, de planteurs de thé.»

 

Plus récemment, elle ouvre un restaurant, le Manze Lakaz à Port-Mathurin : «J’aimais faire la cuisine chez moi mais je n’étais pas chef. J’ai dû me former, bosser dur pour y arriver.» On y découvre une carte qui propose de la fusion entre la cuisine des deux îles : kari de fruit à pain et d’ourit sek ou encore ti pouri à base de farine de maïs. Elle a, également, animé des émissions culinaires sur les chaînes locales de télévision et a remporté de nombreux prix lors de concours culinaires. C’est en lançant son association pour les femmes, la RodQueen Alliance of Women, qu’elle a écrit une nouvelle page de son histoire. Certainement la plus savoureuse. Grâce à un financement de l’Union européenne, elle a mis en place une petite usine qui fabrique des fines herbes séchées, entre autres : «Le but, c’est d’employer les femmes afin de les sortir de la misère, de les former pour qu’elles deviennent entrepreneures.»

 

Pour se lancer, Sunita a contacté les petits planteurs de Rodrigues pour qu’ils fassent pousser, de façon naturelle, romarin, citron, safran, feuilles de kari poule : «Pas de pesticide ! J’ai sensibilisé les planteurs à ce sujet. Nous faisons quelque chose de petit, quelque chose qui n’est pas commercial. C’est comme du fait maison. C’est bon pour la santé.» Dans sa petite usine, les femmes qu’elle emploie se chargent de toutes les étapes : il y est question de séchage, de mélange, de packaging et de labelling. Et ça fonctionne. Cette semaine, elle est partie à la conquête des supermarchés de Maurice avant de voir plus grand, plus loin. Déjà, elle aurait des offres pour exporter vers la France et l’Australie. Alors, c’est normal qu’elle considère ce qui se trouve dans sa boîte en carton comme un trésor…