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Par Yvonne Stephen
15 février 2016 00:58
La pluie ne semble pas vouloir interrompre sa symphonie. Les nuages gris et lourds font du sur place, et admirent le spectacle en ce mercredi 10 février. Dehors, la nature se déchaîne. Mais dans le petit resto d’Asheeah Hoolash Jeehangur et Surekha Ramchurn, les turpitudes de l’extérieur sont oubliées.
La mélodie pluviale est lointaine, seul le spectacle, à travers les grandes baies vitrées, captive encore l’esprit … qui est vite détourné par un client qui arrive. Un habitué, si on peut dire.
Le Yummy Food N Grill a ouvert ses portes il y a quelques jours seulement, mais la convivialité des deux patronnes donne des envies de revisiter. On se croirait à lakaz mama(si on oublie le décor résolument contemporain). Pour se réchauffer, monsieur commande un thé chaud (Rs 15) et une part de massepain… Un petit déjeuner bien mauricien. S’il en avait eu envie, ce monsieur bien gentil aurait pu également s’offrir un pain gato pima, diber, fromaz. Miam !
La journée commence pour les jeunes femmes. C’est leur nouvelle vie. Et elles l’adorent. Les deux amies de longue date, collègues de bureau (dans le domaine pharmaceutique) il y a encore quelques jours, ont changé d’existence. «C’est une toute nouvelle aventure. Et nous sommes heureuses de la vivre à deux», confie Asheeah, 27 ans et habitante de Belle-Rose.
Amoureuses de bons petits plats (d’ailleurs Asheeah, première demi-finaliste féminine de la première saison de Super Chef, est une blogueuse culinaire qui a longtemps participé à notre rubrique «Dans la cuisine de…»), elles ont alimenté leur amitié de gourmandises et de recettes partagées.
Puis un jour, au détour d’une bouchée gourmande, elles ont fait un pacte culinaire : se lancer en tant que businesswomen. Devenir des patronnes. «Et montrer l’exemple. Les femmes peuvent tout faire. Elles peuvent réussir.»Ensemble, elles ont trouvé le local, décidé du menu et de la décoration, utilisé toutes leurs économies, «jusqu’au dernier grain», et mis en place un plan de travail.
«Nos maris nous ont aidées, bien sûr. Ils sont d’un soutien important. Mais c’est nous qui avons tout imaginé», confie Surekha, 34 ans, et habitante de Moka. Elles ouvrent leur petit restaurant à 10 heures tous les matins – mais sont là depuis 9 heures, après avoir fait le tour au marché, au supermarché et à la boucherie.
Et elles ne ferment pas avant 23 heures. De longues heures passées à nettoyer, cuisiner, recevoir les clients et les servir (elles n’ont pas d’employés pour le moment). «C’est beaucoup de sacrifices.»Un rythme de folie pour ces passionnées qui ne regrettent rien. «C’est crevant. Mais on le fait pour nous, ça fait toute la différence.» Et surtout, elles s’entendent très bien. Il n’y a pas d’huile sur le feu.
«On n’a pas de désaccord. Je crois que c’est parce qu’on apprend tous les jours. On discute, on s’entraide. Et ça marche !» Leur petit resto, aussi : «Les gens viennent et reviennent», confie, avec plaisir, Asheeah. Cette nouvelle bazest très bien située (pas très loin du Plaza, à Rose-Hill). Et le menu, un brin hétéroclite (et so Mauritius !), a de quoi vous faire saliver.
Rien de bien compliqué, que de petites choses simples et délicieuses à déguster. Du thé, du café et des gâteaux à toute heure de la journée. Des plats mauriciens pour le déjeuner (mais aussi le soir) : cari, briyani, vinday, dhal pita, mine et riz frits, bol renversé, entre autres. Un menu du jour à Rs 85.
Des grillades pour le dîner avec frites et salade (mais aussi la journée, si vous le souhaitez), des burgers, des twist potatoes(des frites mais en plus fun). Mais aussi des paninis, des pains fourrés et des wrapspour les petits creux. Et pour les grandes envies. Asheeah et Surekha jouent sur de nombreux tableaux miamet ça leur réussit plutôt bien.
Ce good feeling devrait faire du bien à votre gourmandise… mais aussi à votre moral. Chez les deux girls, on s’assied, on commande et on oublie les turpitudes du monde extérieur.
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