Publicité

35 ans de votre hebdomadaire

5plus.mu : un site «new-look» pour être encore plus proche de vous

17 avril 2025

À vos ordinateurs, PC et téléphones portables, et connectez-vous au www.5plus.mu pour suivre l’actualité à la sauce 5-plus dimanche, votre hebdomadaire qui a soufflé ses 35 bougies le mardi 1er avril.

Qui dit anniversaire, dit souhaits mais aussi perspectives d’avenir... Et à l’occasion des 35 ans de 5-Plus dimanche – fêtés le mardi 1er avril –, l’hebdomadaire marque cette étape en dévoilant son site internet qui s’est offert un lifting pour l’occasion. Cela, pour offrir une meilleure façon de découvrir l’information aux internautes tout en étant complémentaire avec le journal. Quel enjeu pour le journal qui fête ses 35 ans à l’heure où le digital prend de plus en plus de place dans l’univers des médias ? La parole à Asha Sumputh, journaliste et directrice de publication et de rédaction du média digital Africa-on-air.com, Jean-Luc Mootoosamy, journaliste et directeur de Media Expertise en Suisse, et à Michaëlla Seblin, rédactrice en chef de 5-Plus...

Zoom sur la version digitale de 5-Plus dimanche

Elle a été complètement repensée. Et tout cela grâce à une équipe de professionnels : Eddy Lareine, directeur des systèmes informatiques, Ish Sookun, Systems Architect à La Sentinelle Ltd, et Josian Chedumbrum, Responsable de Production à 5-Plus, qui ont eu comme objectif principal de rendre facile et agréable l’accessibilité des internautes à la plateforme en ligne de 5-Plus dimanche. Le nouveau site 5plus.mu, qui est une extension du journal, se veut plus moderne et attractif. À vos ordinateurs, PC et téléphones portables, et connectez-vous au www.5plus.mu pour suivre l’actualité à la sauce de 5-Plus dimanche. Josian Chedumbrum nous fait une petite présentation de la nouvelle plateforme...

Il était une fois, 5plus.mu «new-look» : «Ce nouvel espace numérique a été conçu pour offrir une expérience enrichissante et fluide, tout en accompagnant nos followers dans l’exploration de l’actualité. Avec son design moderne et convivial, 5plus.mu invite les internautes à découvrir ses contenus grâce à une navigation intuitive. Nous avons soigneusement pensé à l’esthétique du site pour qu’elle soit plaisante à l’œil, avec des couleurs harmonieuses et des typographies attrayantes. Notre objectif principal est de rendre l’expérience de lecture en ligne non seulement agréable, mais aussi immersive, afin que les internautes puissent plonger au cœur de l’actualité sans effort.»

Complémentarité : «En tant que fidèle prolongement du journal 5-Plus dimanche, qui s’est installé comme un incontournable du marché dominical, 5plus.mu se veut être un allié dans l’information. Nous sommes fiers de vous offrir des articles percutants, des reportages approfondis, ainsi que des analyses rigoureuses de l’actualité, tant locale qu’internationale. Chaque contenu est élaboré avec soin pour fournir des perspectives intéressantes et éclairées sur les enjeux qui nous touchent tous.»

Le contenu : «Sur notre site, nous privilégions les faits divers, un genre qui permet de ressentir la dynamique de notre pays, mais nous n’oublions pas de mettre en avant de nombreuses autres rubriques de grand intérêt : Coups de cœur, Rendez-vous avec, Bollywood, Mode de vie, Santé, Politique, People, Cinéma, Arts et Tendances, Reportage, Sports et tant d’autres thématiques passionnantes. Quelles que soient les préférences, chacun peut trouver sur le site de quoi s’enrichir. Nous encourageons les internautes à visiter régulièrement notre site pour ne jamais manquer nos dernières publications et les invitons à rester connectés avec nous à travers nos réseaux sociaux. Nous invitons aussi nos followers à participer aux discussions, à partager leurs opinions et à s’engager avec d’autres membres de notre communauté. Vos retours seront précieux et contribueront à faire vivre notre plateforme.»

Michaëlla Seblin, rédactrice en chef de 5-Plus dimanche : «Notre site se veut être une extension du journal tout en permettant à la marque 5-Plus de s’adapter à l’ère du temps»

«Maintenir la longévité d’un hebdomadaire semble relever d’un exploit dans ce monde où le digital s’impose...» C’est ce que confie Michaëlla Seblin, rédactrice en chef de 5-Plus dimanche, en parlant des 35 ans de votre hebdomadaire préféré qui, à l’occasion de cet anniversaire spécial, présente une nouvelle version de la plateforme 5plus.mu. Elle explique la démarche et parle des enjeux qui guettent le journal...

5-Plus dimanche fête ses 35 ans à l’heure où le digital prend de plus en plus de place dans l’univers des médias. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Cela représente un énorme challenge. Car maintenir la longévité d’un hebdomadaire semble relever, dans ce monde où le digital s’impose, d’un exploit. Nous sommes reconnaissants envers nos partenaires commerciaux et aussi notre lectorat qui continue à nous acheter en dépit d’une concurrence déloyale à laquelle nous faisons face chaque dimanche matin : le partage de la gratuité de notre journal. Nous passons une longue semaine à fabriquer le journal, à trouver des idées, à discuter, à aller sur le terrain et à terminer tard le samedi soir pour découvrir le dimanche matin le partage gratuit en masse sur laquelle nous n’avons pas de contrôle. Si je peux me permettre, je fais un appel ici pour demander d’arrêter cette pratique et de soutenir la presse qui est un acteur indispensable dans une démocratie. De manière plus personnelle, c’est une émotion que de pouvoir fêter les 35 ans de 5-Plus, un journal que j’ai vu évoluer et dans lequel je travaille depuis bientôt  32 ans.  

À l’occasion de cet anniversaire spécial, le journal présente un site «new look» à ses lecteurs. Quelle est la démarche derrière?

La démarche est d’offrir un meilleur confort de lecture aux internautes à travers ce site relooké, tout en respectant notre identité éditoriale et nos valeurs. L’idée est aussi de mettre en perspective la qualité de nos plumes, tout en cultivant notre différence à travers nos angles et le choix de nos sujets qui sont toujours traités sous l’angle humain. Notre site se veut être une extension du journal, tout en permettant à la marque 5-Plus de s’adapter à l’ère du temps : on propose ainsi une autre plateforme à nos lecteurs habituels mais également à un nouveau lectorat qui découvre ainsi notre savoir-faire dans un format autre que le journal.   

Quels sont les défis auxquels devront faire face les médias dans les années à venir ?

Les défis sont multiples : continuer  à produire une information rigoureuse dans un environnement où beaucoup prennent la liberté de s’improviser journalistes, sans respecter les règles, avec le risque de la circulation des fake news. Au niveau de 5-Plus, comme pour d’autres groupes, la démarche est d’assainir la crise qui touche les journaux et qui s’est accentuée après les années Covid. Le challenge est aussi de maintenir une présence permanente sur le terrain, «là où bat le cœur du monde» et là où l’IA – avec qui il faut désormais compter – ne pourra pas se rendre. Un défi que tous les journaux qui ont une histoire et qui font partie du patrimoine local – comme le nôtre – sont prêts à relever.

Asha Sumputh, directrice de publication et de rédaction du média digital africa-on-air.com : «Je souhaite que 5-Plus puisse, grâce au digital, préserver le papier et le garder»

Le digital prend de plus en plus de place dans le monde des médias. Qu’est-ce que cela représente pour la presse écrite ? La Mauricienne Asha Sumputh, entrepreneuse, journaliste, productrice des émissions internationales, directrice de publication et de rédaction du média digital africa-on-air.com, et CEO de Waterlily Project (waterlilyproject.com), l’agence qu’elle a lancée à Maurice il y a un an, nous donne son avis sur le sujet.

L’univers des médias ces dernières années a beaucoup changé, surtout avec le digital qui prend un peu plus de place. Quel est votre avis sur ce sujet ?

Si on regarde aujourd’hui les tendances de tous les gros médias qui existent et qui ont eu des journaux historiques en papier, et si je prends en exemple la France avec les journaux comme Le Monde, Le Figaro, Les Échos, ces grosses presses existent toujours en version papier. Mais elles vont de pair avec la version digitale. Elles ont ainsi une stratégie print et digitale. Elles n’ont pas terminé l’histoire des journaux-papiers mais la vérité est que c’est le digital qui drive un peu le business. Les gens, hélas, ne lisent plus les journaux ; ils n’achètent plus les journaux-papiers. Ces grands groupes de presse ont des business B2B – qui désigne une situation dans laquelle une entreprise effectue une opération commerciale avec une autre entreprise. Ce n’est donc plus du B2C – une entreprise business to consumer, une compagnie qui cible des clients individuels particuliers. Ce qui veut dire que le gars B2C, il n’achète plus le journal. En B2B, par exemple, Air France va acheter un stock de journaux et le mettre sur ses passerelles et avant que tu montes dans l’avion, tu as le journal. C’est un peu ce modèle-là qui prévaut aujourd’hui. Il y a évidemment des personnes d’une certaine génération qui achètent encore des journaux dans des presses parce qu’on peut en trouver, mais c’est sûr que ce n’est plus comme il y a dix ans. On perd donc des abonnés aux produits papiers. Moi-même, je suis abonnée aujourd’hui à deux-trois magazines-papiers : j’ai le Courrier International, le Time, Fortune Magazine. Bref, des magazines-papiers économiques et business auxquels je suis abonnée et cela, pour garder le lien, mais je peux les retrouver en version digitale.

Et qu’est-ce qui fait que le digital s’impose ainsi ?

Il y a un aspect économique mais ça peut être un leurre. Je ne pense pas que le digital soit vraiment moins cher par rapport au papier. Parce qu’avec le papier, tu as un contrôle sur ce que tu achètes. Avec le digital, tu prends un abonnement, tu ne sais plus ce que tu achètes car c’est prélevé... Est-ce que tu consommes ce que tu paies avec ton abonnement digital ? Finalement, est-ce que tu consommes l’info à hauteur de ce que tu paies ? C’est un vrai sujet ! Moi, je pense que le digital enrichit plus les médias par rapport au papier. Parce qu’avant tu achètes un journal, tu sais que ça te coûte 3 euros. Tu l’achètes, tu le lis et tu sais ce que tu as consommé : tu as consommé tes 3 euros. Mais aujourd’hui, tu prends un abonnement mensuel ou hebdomadaire et est-ce que tu lis à la hauteur de ton abonnement ? C’est une vraie question ! Pour cet aspect, on va dire que ça concerne la presse spécialisée. Mais maintenant, si on va vers la masse, elle va dire : que si aujourd’hui j’ai accès à l’information via certaines applications de manière assez gratuite, pourquoi est-ce que je vais aller acheter un journal ? Moi, je pense qu’avec la tendance, on a dû perdre des abonnés en ce qui concerne le journal-papier. C’est aussi intéressant de voir la tendance auprès des personnes d’un certain âge et qui avaient l’habitude d’acheter des journaux il y a 30 ans ; est-ce qu'elles continuent d'acheter régulièrement les journaux ? On a qu’à faire un tour dans les kiosques pour constater que les jeunes n’achètent plus les journaux. Ils consomment l’information sur des applis et sur des journaux en version en ligne. Maintenant, sur ces plateformes, il y a une partie gratuite. Les gens se limitent à la partie gratuite. Ils ne vont pas s’abonner à la partie payante. Cette réalité existe.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience personnelle par rapport à cette tendance ?

Quand j’ai créé le média digital Africa on air, c’est parti de l’idée que je ne peux pas tout mettre dans mes émissions Business Africa et Initiatives Africa. Donc, qu’est-ce que je fais de toutes ces informations autour ? J’étais obligée de les publier quelque part. Il me fallait un canal pour diffuser ces informations qui n’allaient pas dans mes émissions. J’ai alors créé ce média. J’avais la stratégie de me dire que ce média, je veux le rendre accessible, c’est-à-dire ne pas faire payer. Aujourd’hui, on n’a pas de modèle d’abonnement. C’est un média qui est gratuit, qui est accessible à tous parce que je partais du principe que les informations que je mets, c’est pour les Africains et que tout le monde en Afrique n’a pas ce budget pour acheter un journal, pour s’abonner digitalement. Ça vient mais très lentement. Nous, on avait fait le choix qu’Africa on air soit libre et accessible aux étudiants, aux jeunes entrepreneurs et à tous, pour que les gens puissent avoir accès à l’information de manière gratuite mais tout en ayant de la publicité pour pouvoir compenser. Je ne le cache pas : c’est dur. Tout le monde me dit que c’est super ce que tu as sur ta plateforme, mais c’est quand même difficile de canaliser l’argent pour pouvoir produire. On a donc un autre problème qui fait que, pour moi, l’information n’est pas chère payée : c’est à cause de la désinformation.

C’est-à-dire ?

Aujourd’hui, qu’est-ce qui se passe ? Les jeunes et autres... Pas que les jeunes mais un peu tout le monde a accès aux réseaux sociaux et ces plateformes leur amènent une information qui n’est pas forcément journalistique, justifiée, fouillée, creusée, «cross-checkée» ; ce que font les journalistes. Non, ce n’est plus ça ! Les gens ont cette information. Ils vont regarder sur Instagram, sur TikTok et sur Facebook pour lire des sujets sérieux mais, souvent, il y a beaucoup de fakes. Il y a beaucoup de ramassis d’informations non-vérifiées, beaucoup de gens qui se prennent pour des influenceurs, des blogueurs qui vont écrire des informations et ils ne sont pas des journalistes. Ils ne vont pas faire de l’investigation. Eux, ils vont sur différentes plateformes et vont écrire des choses avec des désinformations. Ces informations ne sont pas traitées correctement. Elles sont survolées et sont souvent interprétées alors que les journalistes ne donnent pas leurs opinions. On n’expose que les faits. Le bon côté, c’est que ces influenceurs qui ont beaucoup de followers vont créer des intérêts sur certains sujets d’actualité auprès des jeunes, mais souvent les informations ne sont pas traitées correctement. Du coup, ça devient dangereux et pour moi, c’est ça aussi qui est en train de détruire la presse écrite papier. Les jeunes, ils lisent cela. Je m’en suis rendu compte quand j’enseignais à l’école de journalisme et en école de commerce. Je leur faisais un petit test en leur donnant une douzaine d’articles dans lequel je glissais quelques fakes et ils ne les trouvaient pas.

Est-ce que le digital va surpasser le papier ?

La réponse est simple : le digital a déjà mangé le papier. Aujourd’hui, les journaux papier qui restent sont des médias historiques qui ont toujours existés et il y a des grands groupes derrière. Il ne faut pas oublier : c’est eux qui perfusent. Il y a aussi un partnership avec le B2B et pas du B2C. Le B2C restera anecdotique et limité parce que les moins de 25 ans n’achètent pas les journaux. Ils sont complètement sur le digital.

Que souhaitez-vous à 5-Plus dimanche ?

Je pense que 5-Plus dimanche est un journal historique qui a toujours existé. Ça fait partie du patrimoine de la culture mauricienne et du folklore du pays. Il ne faut pas que ça disparaisse. Je ne suis pas contre le progrès ; je suis pour le progrès. Je pense que le digital, c’est l’avenir. On le vit aujourd’hui. On ne peut pas revenir en arrière mais il y a des choses qui doivent être préservées. Je souhaite à 5-Plus de trouver un équilibre et que vous gagniez beaucoup d’argent avec le digital parce que c’est l’avenir, mais aussi que vous puissiez, grâce au digital, préserver le papier et le garder. Ça a son intérêt de montrer à la jeune génération ce qu’est la presse écrite. Que le digital puisse permettre au papier de vivre et aussi qu’il ne disparaisse pas. Et c’est possible. Les grandes presses en France sont en train d’adopter ce modèle parce que c’est le digital qui va perfuser les journaux. Elles vont continuer d'imprimer même si ce ne sera peut-être pas autant qu’avant. Les journaux ne vont pas mourir complètement mais ils vont coexister avec le digital.

Jean-Luc Mootoosamy, journaliste et directeur de Media Expertise en Suisse : «Le digital permet de poursuivre la construction du journal...»

«La digitalisation offre une manière différente de produire, d’être lu, vu. Elle offre un rapport complètement nouveau au produit...» C’est ce que nous explique le journaliste Jean-Luc Mootoosamy en nous parlant de la digitalisation de la presse écrite...

Est-ce que la digitalisation de la presse est le bon moyen pour continuer d'exister ?

C’est une opportunité, une nouvelle voie qui est toujours en construction. Le support change mais la base – l’information et les valeurs – devrait rester la même. La digitalisation offre une manière différente de produire, d’être lu, vu. Elle offre un rapport complètement nouveau au produit. Pour les médias existants, c’est une transition. Et elle dépend de la nature du média et de sa ligne éditoriale. Tous les journaux ne sont pas faits pour le digital. Mais je dirais que c’est un passage obligé pour la grande majorité pour des raisons économiques et également pour répondre aux modes de consommation actuels de la presse. Les journaux en version papier se vendent de moins en moins – je ne vous apprends rien – et pour toucher des annonceurs et obtenir de la publicité, il faut arriver à justifier une masse importante de lecteurs, une couverture géographique large et un intérêt du public. Les médias-papiers qui ont une forte assise en termes de lectorat doivent pouvoir se réinventer dans ce milieu très concurrentiel. Aujourd’hui, un journal comme l’express, qui a 62 ans, se mesure à des médias nés quelques mois auparavant et qui ont su capter un public. Les joueurs sont nombreux sur le terrain. La grande difficulté est de pouvoir partager le gâteau publicitaire avec de nombreux médias en ligne qui poussent comme des champignons. Pour un hebdomadaire, c’est différent. 5-Plus dimanche a un rapport très particulier avec son lectorat. C’est un journal qu’on tient en main pour lire le dimanche. Il y a un rapport personnel avec ce journal comme avec les autres hebdomadaires du dimanche. La digitalisation voudrait donc dire offrir des contenus complémentaires de la version papier. Pour un quotidien qui ne peut plus compter sur le breaking news en version papier, cette digitalisation permet de faire évoluer une information en gardant la même qualité que la version papier, mais en ligne. Je dirais donc que le digital permet de poursuivre la construction du journal, de pérenniser une marque sous une forme unique pour ceux qui optent pour le tout digital ou une forme hybride pour les médias qui continuent en papier et en ligne. C’est un saut qui fait peur, qui nécessite des remises en question de format, de compétences. C’est une chance pour la presse en disant «nous sommes toujours là !».

Est-ce qu’il faut se préparer à la mort des journaux ?

Certains titres mourront, d’autres resteront. Les quotidiens ont plus de mal à survivre. Et les perspectives ne sont pas bonnes avec une jeunesse pour qui lecture = écran. Ils observent aussi leurs aînés qui s’éloignent des journaux. Beaucoup disent que les contenus ne les intéressent pas. Alors, si on reste dans le produit unique, peu attirant et moribond, c’est certain que la survie est difficile. En Europe, les journaux tiennent le coup parce qu’ils ont aussi diversifié leur présence sur d’autres supports et événements : des conférences, des voyages, des publications valorisant des productions artistiques. Cela donne de superbes produits. Mais cela nécessite des équipes motivées, encouragées. Les journaux sont comme des plantes. La créativité, les idées nouvelles arrosent les racines, apportent du sang neuf. Un journal qui meurt, c’est parfois par manque de renouvellement à tous les niveaux. Mais il y a aussi la situation économique, les autres modes de consommation de l’information. Et nous sommes parfois dans des situations injustes où des sites ou applications reprennent des informations de journaux établis, sans aucun scrupule. Ces sites font de l’argent en utilisant des contenus de journaux en difficulté économique.

Quelle place les sites d’informations ont-ils dans la vie des gens aujourd’hui ?

Les sites ont eu une place énorme. Dans les années 2000, les lecteurs allaient directement vers eux. Puis, les réseaux sociaux sont devenus des points d’escale avant les sites de journaux. En effet, un article partagé sur Facebook renvoie à une page de journal. Pratiquement toujours, cette présence sur Facebook passe sous le radar des caisses des journaux. D’un côté, ils subissent l’utilisation de leurs contenus par des réseaux sociaux comme Facebook et de l’autre, ils ont besoin de ces réseaux pour toucher un vaste public. Beaucoup espèrent qu’en lisant une information via Facebook, les lecteurs voudront découvrir d’autres productions, mais ce n’est pas toujours le cas. Par ailleurs, en passant d’une info à l’autre, les consommateurs oublient – ou ne mesurent pas – que tout ce qu’ils lisent a un coût. Dans les années 2000, les médias mauriciens ont trop habitué les internautes au «tout gratuit» et ils ont donné leur journal en cadeau en ligne. C’est le cas pour des émissions de radio aujourd’hui. Il y a des choses à monétiser, même si nous avons une masse faible de lecteurs. Il faudrait imposer des publicités dans la lecture en ligne ou offrir des options d’abonnement sans publicité. Dans un monde où nous avons peu de temps d’attention et où nous sommes pressés, cette option pourrait marcher. Cela voudrait aussi dire un site moderne qui surprend.

Publicité