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Affaire Mamy Ravatomanga

À peine en détention, le voilà qui repart à l'hôpital

1 décembre 2025

Plus d’un mois après son arrestation, le Malgache Mamy Ravatomanga (photo) avait finalement intégré une cellule au centre de détention de Moka, le vendredi 28 novembre. Mais voilà que dès le lendemain, il a à nouveau été admis à l'hôpital de Candos après qu'il aurait été pris d'un malaise. Depuis qu’il a été appréhendé par la Financial Crimes Commission (FCC) le 24 octobre, il a été admis à la clinique Premium Care pour des complications de santé, puis à l’hôpital de Candos pour une angioplastie, avant d’être admis à nouveau à la clinique pour sa convalescence.

Vendredi matin, son médecin traitant à l’hôpital avait jugé que son état était stable, ce qui avait mené à son transfert vers le centre de détention de Vacoas, mais sur place il s’était senti mal et avait finalement été transféré au Moka Detention Centre. Et le voilà, maintenant, de retour à Candos.

Mamy Ravatomanga fait face à trois accusations provisoires : deux de blanchiment d’argent portant sur plus de Rs 7,3 milliards et une d’entente délictueuse impliquant plusieurs individus, dont un ancien commissaire de la FCC. Le jeudi 27 novembre, devant le tribunal de Port-Louis, les débats le concernant avait d’abord porté sur sa demande de remise en liberté à laquelle la commission s’oppose catégoriquement, invoquant des risques de fuite, d’ingérence dans l’enquête et de manipulation de preuves. Mais la discussion avait vite dévié vers son état de santé. Deux certificats médicaux, produits en cour par la Woman Police Chief Inspector Arline Raymond, indiquaient que l’homme d’affaires demeurait inapte à comparaître, nécessitant deux semaines supplémentaires de repos après une intervention chirurgicale. Il n’avait alors pas encore été examiné par le cardiologue public Dr Ahmud Soreefan.

Toutefois, la FCC avait estimé que rien dans ces certificats ne justifiait son maintien prolongé en clinique. Selon Me Trishul Naga du State Law Office, seules deux semaines de repos étaient recommandées, «mais pas pour des raisons médicales urgentes». La commission avait, par ailleurs, affirmé que la prison de Melrose dispose des facilités médicales nécessaires. Le médecin traitant de Mamy Ravatomanga dans le privé, le cardiologue Dr Mamode Aniffkhan Yearoo, avait, lui, dressé un tableau préoccupant de son état : perte de 11 kg en 10 jours, douleurs thoraciques persistantes, état qualifié d’«unstable» et risque de crise cardiaque. Le praticien avait affirmé que le patient devait rester sous observation permanente et déconseillait toute détention en cellule.

Il avait également admis ne pas connaître le niveau d’équipement médical disponible en milieu carcéral. En réponse, l’assistant surintendant de prison Alex Casimir avait soutenu que la prison de Melrose offre les meilleures conditions médicales de l’océan Indien : présence d’infirmiers 24h/24, médecins «on call», dispositifs d’urgence, ambulance sur place, hygiène contrôlée, ainsi que la possibilité pour les détenus d’être suivis par des médecins privés. Quatre détenus cardiaques y seraient actuellement surveillés en continu.

Pour Me Siddhartha Hawoldar, Leading Counsel de Mamy Ravatomanga, ces assurances restaient insuffisantes face à la gravité du dossier médical de son client. Il avait plaidé le droit fondamental à recevoir des soins appropriés afin de pouvoir affronter la justice. «Il faut garder les gens en vie pour qu’ils puissent répondre devant le tribunal», avait-il déclaré. La défense avait également rappelé la présomption d’innocence. La FCC, elle, avait insisté : rien ne justifiait que l’accusé «se repose» dans une clinique privée alors que Melrose est équipée pour le recevoir.

Finalement, l’état de santé de Mamy Ravatomanga avait été jugé stable par le médecin du public et il avait été transféré en centre de détention. Pour être à nouveau admis, dès le lendemain, à Candos.

L’étau se resserre autour de Sattar Hajee Abdoula

Sattar Hajee Abdoula, ancien dirigeant du cabinet Grant Thornton Ltd et ex-administrateur d’Air Mauritius, a été arrêté le 19 novembre 2025 par la FCC, dans le cadre d’une enquête sur un contrat de services-conseils non honorés, d’un montant de Rs 3,696 millions. Après son arrestation, il a été transporté d’urgence à l’hôpital Dr Jeetoo après avoir signalé un malaise. Présenté en cour, il a vu la FCC s’opposer à sa remise en liberté sous caution, invoquant des risques de manipulation de preuves et de fuite.

La motion en faveur de sa libération sera débattue le 2 décembre, la cour ayant pris en compte qu’il demeure hospitalisé à la clinique Wellkin suite à une intervention chirurgicale. Parallèlement, une perquisition a été menée dans ses bureaux à Ebène et à Réduit. Plusieurs documents sensibles, un coffre-fort, des stylos de luxe et d’autres biens ont été saisis. L’enquête s’étend désormais – outre le contrat d’Air Mauritius – à des dossiers potentiellement liés à d’anciens prêts «toxiques» accordés par la banque SBM Holdings Ltd, dont Sattar Hajee Abdoula a été le président.

La situation reste donc incertaine : si le principal concerné conteste les accusations, la FCC maintient la pression et la justice semble prête à creuser en profondeur un dossier aux ramifications majeures.

Tevin Sithanen au cœur d’une enquête explosive

Il a été arrêté avant d’être remis en liberté conditionnelle le même jour. Dans l’après-midi du vendredi 28 novembre, Tevin Sithanen a été appréhendé par les hommes du Central Criminal Investigation Department suite à une plainte déposée par Stéphane Adam et Aditi Boolell, deux figures visées par une enquête entourant la Mauritius Investment Corporation. Ils allèguent que le fils de l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, leur aurait adressé des menaces, notamment par téléphone et via WhatsApp.

Tevin Sithanen a ensuite comparu devant le tribunal de Curepipe, où une accusation de Breach of ICTA a été logée contre lui, avant d’obtenir la libération conditionnelle. Il a dû s’acquitter d’une caution de Rs 20 000 et signer une reconnaissance de dette de Rs 80 000. Un «prohibition order» a également été émis à son encontre, lui interdisant notamment tout contact avec la plaignante, Aditi Boolell. Son avocat, Me Imthiaz Mamoojee, a présenté deux motions : la radiation de l’accusation provisoire et la levée de cet ordre d’interdiction. La police s’y est opposée et ces requêtes seront examinées le 17 décembre.

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