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17 arpents de la plage de St-Félix retirés au public : la révolte des habitants du Sud

22 septembre 2016

Premduth Ramchurun et Sam Gounden sont contre le projet hôtelier sur la plage de St-Félix.

Ils sont déterminés à lutter pour que les plages publiques ne soient pas monopolisées par des promoteurs privés… Il est 10 heures. En ce jeudi 15 septembre, nous nous trouvons à la plage de St-Félix. Ici, des gens venus faire une petite marche. Là, d’autres, des cleaners, venus nettoyer les plages. Le soleil est au rendez-vous. Le lagon, d’un bleu turquoise, et la plage, émerveillent. Pourtant, un bout de ce paysage pourrait disparaître.

 

En effet, le 24 août, le ministère du Logement et des terres a décidé que 17 arpents de la plage de St-Félix seront retirés du domaine public. Une décision qui a provoqué l’inquiétude et le mécontentement des habitants du Sud. «Cela fait huit ans que je travaille comme cleanerpour la plage de St-Félix et je ne sais pas comment je vais faire pour gagner ma vie si toutefois ils décident de faire de cette plage un terrain privé», lance Marie Josée Labeauté, la cinquantaine.

 

Cette mère de quatre enfants est contre ce projet du ministère du Logement et des terres : «Nous ne voulons pas que nos plages soient détruites par des bâtiments. Ils sont nombreux, touristes et Mauriciens, à venir profiter de cette plage au quotidien. Je connais cet endroit depuis que je suis toute petite. Je sais que c’est une plage bien fréquentée.»

 

Même son de cloche du côté de Dyanand Luchumun. Selon cet habitant de Chemin-Grenier, la plage de St-Félix est un patrimoine à préserver. «Nous sommes des enfants de la côte et nous avons besoin de profiter de nos plages. Autant que possible, il faut éviter d’accaparer nos plages pour des projets hôteliers car il ne restera plus rien pour que le public puisse en profiter», fait-il ressortir. Un avis partagé par Premduth Ramchurun, 72 ans. Cette décision de construire des hôtels sur les plages, dit-il, ne devrait pas aboutir :«Jeunes, moins jeunes, enfants, familles : ils sont nombreux à venir sur cette plage tous les week-ends pour profiter de sa beauté et de cet endroit paisible. On ne peut pas voir des bâtiments partout !»

 

«Qu’un ministre se permette de privatiser une plage publique pour faire les affaires de promoteurs privés», Sam Gounden, habitant du Sud et citoyen engagé, trouve cela aberrant. «C’est une décision qui va à l’encontre de l’intérêt général des habitants de la localité de St-Félix et de la population en général. Le développement à Maurice peut se conjuguer autrement que par plus de bétonnage, plus d’hôtels, entre autres. Il faut prendre conscience qu’on va perdre le cachet naturel et authentique de notre pays au profit d’hôtels aseptisés, nous perdrons aussi notre attractivité touristique. Si le ministre Soodhun ne peut comprendre des choses simples et logiques, il peut avoir l’assurance que les citoyens engagés et responsables les lui feront comprendre avec insistance»,avance Sam Gounden.

 

Outre les habitants du Sud, une plateforme, Aret Kokin Nu Laplaz, a décidé de faire entendre sa voix. Cela, en portant l’affaire en Cour suprême. «Alors que la bataille pour l’annulation du projet d’hôtel à La Cambuse n’est pas encore gagnée, voilà que le gouvernement qui se dit Lepep prive les Mauriciens de la jouissance de 17 arpents de plage publique à Saint-Félix, dans une région du Sud où il manque déjà cruellement d’espaces de loisirs», a déclaré Yan Hookoomsing, le porte-parole de la plateforme, lors d’une conférence de presse au siège de Rezistans ek Alternativ, à Moka, le mercredi 14 septembre. Et d’ajouter  que les hôtels ont déjà «pris 20 % de notre littoral», alors que les Mauriciens ne profitent que de 10 % de ces plages. C’est pourquoi, dit-il, il est contre la «déproclamation des 17 arpents de St-Félix».

 

La plateforme Aret Kokin Nu Laplaz, qui a déjà lancé une pétition sur le plan national, a ainsi retenu les services des Mes Sunil Posooa et Arvin Ramsohok pour la représenter. Une campagne de levée de fonds a également débuté en vue de financer cette affaire. Une marche pacifique est aussi prévue.

 

Par ailleurs, nous avons tenté de contacter le ministère du Logement et des terres. Mais à l’heure où nous mettions sous presse, il n’avait toujours pas répondu à nos sollicitations.

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