Selon le plan d’action des services de la prison pour 2013-2023, 85 % des détenus ont rechuté ces 18 dernières années. Comment analysez-vous ce chiffre ?
Jean Bruneau : Le but principal de ce plan d’action, qui découle d’une étude étalée sur 18 ans, est de nous aider à élaborer une nouvelle façon de faire. Il a ainsi permis de définir des objectifs pour contrer le problème de la récidive. Des actions vont être mises en place pour réduire ce taux élevé.
Saïd Ameerbeg : C’est un peu comme un bâtiment sur lequel on construit plusieurs étages. Si la base n’est pas solide, tout va s’effondrer. C’est pour cela que ce chiffre n’est pas étonnant. Souvent, les délinquants ont quelque chose en commun : l’environnement dans lequel ils ont grandi. Une fois adultes, ils ne font que répéter ce qu’ils ont toujours connu. Il est donc difficile de les remettre dans le droit chemin.
Est-ce que cela veut dire que la réhabilitation des prisonniers n’est qu’un vain mot ?
Jean Bruneau : Nous voulons en finir avec la perception que les prisonniers sont gardés dans des warehouses. Nous voulons que la prison soit un centre de réhabilitation et de réinsertion.
Saïd Ameerbeg : La réhabilitation est un travail de longue haleine. Pour les détenus qui écopent de peines de prison de quelques mois, un programme de réhabilitation ne sert à rien. C’est quelque chose qui doit se faire sur la durée.
Comment faire pour renverser cette tendance ?
Jean Bruneau : Notre priorité est de réduire le taux de récidive. On va travailler sur plusieurs axes, notamment en considérant que les détenus sont les victimes de fléaux et qu’il faut les aider à s’en sortir.
Saïd Ameerbeg : On a tous droit à une seconde chance. Si les détenus passent par un bon programme de réhabilitation avec un suivi à leur libération, tout est possible.