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24 août 2025 13:15
Depuis le 28 juillet, Jacques Legentil, 63 ans, n’a plus donné signe de vie. Parti pour une campagne de pêche, ce marin-pêcheur expérimenté aurait disparu sous les flots au large de St-Brandon. Entre témoignage troublant, retard dans les secours et zones d’ombre, la famille réclame des réponses à ses nombreuses questions, tout en espérant que le disparu rentrera bientôt à la maison.
L’angoisse, l’attente, l’espoir qui s’amenuise à mesure que les jours passent… Cela fait plusieurs jours que cette famille de Cap-Malheureux vit l’insoutenable. Depuis le 28 juillet, elle est sans nouvelles de l’un des siens, Jacques Legentil, marin-pêcheur expérimenté de 63 ans, qui avait quitté Maurice le 18 juillet à bord du FV Perfect One pour participer à une campagne de pêche à St-Brandon qui devait s’achever le 30. Mais, alors qu’il pêchait en pleine mer, sur une simple pirogue, en compagnie d’un collègue habitant un faubourg de Port-Louis, trois vagues meurtrières auraient eu raison de la petite embarcation et Jacques Legentil n’aurait pas tardé à disparaître sous les flots.
Son fils Samuel a rencontré l’autre marin-pêcheur, à son retour à Maurice, mais même après la version des faits de celui-ci, il est toujours hanté par des questions entourant la disparition de son père. «Il m’a raconté que mon père et lui venaient de terminer leur partie de pêche vers midi et se dirigeaient vers le FV Perfect One lorsqu’une grosse houle s’est écrasée sur leur embarcation. Il m’a également dit que la pirogue, qu’il dirigeait, avait alors pris l’eau. Selon ses dires toujours, une deuxième grosse houle s’est alors écrasée sur eux et mon père faisait tout son possible pour enlever l’excédent d’eau de leur bateau. Il aurait lancé à son collègue “pa per” mais peu après, une troisième vague se serait abattue sur eux et leur pirogue aurait commencé à sombrer», raconte Samuel, 28 ans.
S’étant retrouvé à l’eau, Jacques Legentil, considéré comme un vieux loup de mer, se serait agrippé à «enn pel lesans» que lui aurait lancé l’autre homme. «Koleg-la dir mwa ki linn desir so pardesi pou li kapav naze pou al ver enn lot ti bato ki ti pe lapes pre ek zot. Zot bato inn koule zis apre. Ti ena enn sel peser lor lot pirog-la. Letan zot finn vinn kot mo papa ti ete, zot pa finn trouv li. Zot finn trouv zis so pel lesans pe flote», confie Samuel. Selon ses dires toujours, le skipper du FV Perfect One – qui se trouvait alors à environ 18 000 nautiques de là où le drame s’est joué – aurait été alerté deux heures plus tard. Il se demande si ce long délai n’a pas joué contre son père. Il veut aussi savoir si la National Coast Guard (NCG) a été aussitôt alertée car, selon ses informations, tel n’aurait pas été le cas. D’ailleurs, affirme-t-il, ce n’est que le lendemain que la NCG a commencé les opérations de recherche. Trop tard, avance le fils du disparu. «Nous sommes toujours sans nouvelles de mon père à ce jour. Toute la famille vit une angoisse terrible», lâche Samuel avec émotion.
Perplexe
Le jeune homme affirme que les circonstances du drame le laissent terriblement perplexe : «Toute cette affaire est bien louche. Monn gagn inpe linformasion ki troublan lor lekipaz. Aparaman, ena enn bann personaz lous ki inplike dan bann transaksion ki pa korek. Sa baz kot mo papa ti pe lapes la sipoze danzere akoz sa bann zafer-la. Mo anvi kone kouma mo papa pann kapav sorti la an vi, kontrerman a so koleg, alor ki li ti konn sa lamer laba la ek lamer en zeneral tre bien. Je veux savoir si la mer a pris mon père… ou si d’autres mains sont derrière ce drame.»
Samuel veut aussi savoir si la NCG fait toujours des recherches dans la zone du drame et si elle a déployé les gros moyens pour retrouver son père, comme elle l’a fait pour d’autres cas de disparition en mer. En attendant des réponses à ces questions, sa famille et lui vivent dans une angoisse et une attente insoutenables. La compagne de Jacques ainsi que ses quatre enfants de Jacques – deux fils nés d’une première relation et un fils de 8 ans et une fille de 5 ans avec son actuelle concubine – espèrent de tout coeur qu’il est quelque part vivant et qu’il finira par rentrer à la maison. D’autant qu’il était un vieux loup de mer qui connaît l'océan comme sa poche. Jacques Legentil exerce le métier de marin-pêcheur depuis 47 ans. Il a commencé sa carrière à Rodrigues d’où il est originaire avant de venir s’installer à Maurice. «Samem so metie», souligne son fils.
Le skipper et le survivant sont restés injoignables pour commenter cette affaire et répondre aux questionnements de la famille. Contacté, Isan Hoosenee, secrétaire de la coopérative propriétaire du navire, parle, pour sa part, d’un «regrettable accident» et assure qu’une enquête est en cours. Une prime d’assurance sera probablement versée à la famille quand les différentes enquêtes autour de ce drame seront bouclées. Mais pour Samuel (et les siens), l’argent ne remplacera pas la vérité. La mer garde ses secrets, mais les proches de Jacques veulent des réponses.
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