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Affaire Medpoint au Privy Council : Présences «embarrassantes» dans la salle d’audience

Pourquoi Navin Beekarry était-il à Londres ? C’est la question que se posent de nombreuses personnes.

Des proches du pouvoir assistant aux plaidoiries, ça a de quoi faire tiquer, selon de nombreux observateurs. Surtout si l’un d’eux est Navin Beekarry, CEO de l’ICAC.

Petit sujet qui fâche. En amitié, tout n’est pas permis. Surtout ce qui ne peut pas être expliqué. La présence de Navin Beekarry, CEO de l’ICAC, dans la salle d’audience du Privy Council, lors des plaidoiries du mardi 15 janvier, ne peut pas passer comme une lettre à la poste. Éclipsant presque au passage, la présence d’autres proches du pouvoir lors de l’audition devant les Law Lords, à Londres.

 

Tous les yeux étaient braqués sur l’affaire opposant le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) à Pravind Jugnauth concernant le jugement de la Cour suprême dans l’affaire Medpoint. Du coup, il était impossible de faire profil bas : «Certains ont, peut-être, voulu montrer leur soutien ou ont simplement fait preuve de curiosité. Mais c’est assez embarrassant pour le gouvernement et pour le Premier ministre», confie une source proche du Prime Minister’s Office (PMO).

 

Le samedi 19 janvier, lors de la conférence de presse du gouvernement, les émissaires du MSM ont tenté, tant bien que mal, de répondre aux interrogations concernant ces proches du pouvoir qui étaient dans la salle de l’audience : «C’est ouvert au public.» Mais le plus embarrassant, précise notre interlocuteur qui ne veut pas que son identité soit dévoilée, c’est la présence de Navin Beekarry. Pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas encore était expliquée, selon lui ; le principal concerné n’a pas souhaité donner les raisons de sa présence. À l’ICAC, c’est silence radio. Le gouvernement a fait connaître son point de vue à travers un laconique : «C’est à Navin Beekarry de répondre aux questions.» Et les interrogations s’empilent : qui a payé pour ce déplacement, le voyage a-t-il été approuvé par le PMO (une question de per diem), avait-il besoin d’être sur place ?

 

Depuis ce qui a été qualifié de «volte-face de l’ICAC», à cause de written submissions pour le Privy Council qui «seraient en faveur du Premier ministre sur le dossier Medpoint», l’institution anti-corruption ne cesse de prendre l’eau. Surtout que les plaidoiries de l’ICAC n’étaient pas à l’ordre du jour, le mardi 15 janvier (d’où les interrogations).

 

Le monde juridique et politique, mais pas que, s’interroge donc sur cette présence qui fait polémique. Paul Bérenger a parlé de honte lors de son point de presse hebdomadaire : «Il se met divan divan à Londres. Et aux frais des contribuables ! C’est add insult to injury. Quelle honte.» Le leader du MMM a ajouté que le prochain gouvernement qu’il formera se chargera de le renvoyer. Shakeel Mohamed, chef de file du PTr au Parlement, demande lui des explications quant à ce déplacement.

 

Au sein du MSM en mode off, on ne souhaite pas commenter la présence de Navin Beekarry et d’autres proches du pouvoir à l’audience. Ça n’aurait rien à voir avec le gouvernement, laisse-t-on entendre : «Le plus important, c’est que le pays avance, se développe. Le reste n’a pas d’intérêt», confie un membre de l’équipe gouvernementale, visiblement agacé. Normal, c’est un petit sujet qui fâche.

 

Pravind Jugnauth : «Je ne peux faire de commentaire»

 

La réaction du Premier ministre était très attendue. Néanmoins, le chef du gouvernement n’a pas voulu commenter les plaidoiries du 15 janvier. Il s’est exprimé en ces termes lors d’une sortie publique, cette semaine : «J’ai suivi, comme tout le monde, les plaidoiries en direct. Je ne pourrais pas faire de commentaire. Chacun a présenté ses arguments. Les juges vont, maintenant, délibérer. Nous devons attendre.»

 

En attendant le verdict des «Law Lords»

 

D’un côté, Me Clare Montgomery (représentante de Pravind Jugnauth) et de l’autre, Me David Perry (représentant du bureau du DPP). Au centre, les Law Lords. L’audience du mardi 15 janvier a duré plusieurs heures et chaque camp a avancé ses arguments. Me David Perry a demandé que le jugement de la Cour suprême soit annulé. Pour lui, Pravind Jugnauth n’aurait pas dû participer à la transaction. Me Clare Montgomery a, elle, affirmé que la notion de «personal interest has to be made clear» afin de statuer s’il y a conflit d’intérêts ou pas dans cette affaire (alors qu’il n’y aucune preuve en ce sens, selon elle). Les Law Lords ont réservé leur jugement qu’ils feront prochainement connaître.

 

Une question de «further submissions». En fin de semaine, le bureau du DPP a déposé ses further submissions au Privy Council. L’avocate Clare Montgomery a jusqu’à mardi pour faire de même. Cette documentation n’est pas rendue publique.

 

En quelques mots

 

Au cœur de tout ça : l’achat par le gouvernement, en 2010, de la clinique Medpoint, qui appartenait au Dr Krishan Malhotra et son épouse Shalini Jugnauth, sœur aînée de Pravind Jugnauth, entre autres. Si Pravind Jugnauth affirme qu’il s’est retiré et a dit son intérêt quand le dossier est passé au Conseil des ministres, c’est sa signature qui apparaît au bas d’une note demandant à  l’Accountant General de payer le prix de la clinique. Il est alors ministre des Finances du gouvernement MSM-PTr-PMSD. Il est poursuivi pour infraction à deux articles de la Prevention of Corruption Act et est reconnu coupable en 2015 par la cour intermédiaire et condamné à 12 mois de prison. Il démissionne alors en tant que ministre, fait appel du jugement et est lavé de tout blâme par la Cour suprême en 2016. Mais le bureau du Directeur des poursuites publiques conteste ce jugement et a recours au Privy Council.