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13 juillet 2015 15:23
Les campagnes de sensibilisation à la sécurité routière s’enchaînent. Pourtant, le nombre d’accidents, dont beaucoup sont mortels, ne cesse de grimper. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
Avant toute chose, je voudrais présenter mes sympathies aux familles récemment endeuillées par la disparition précoce et soudaine de leurs proches. Mon explication est la suivante. Il y a d’abord le nombre de véhicules qui augmente tous les jours à Maurice, surtout les deux-roues qui sont les plus vulnérables. En décembre 2014, nous comptions 465 052 véhicules, dont 187 851 deux-roues motorisés. Nous approchons du demi-million au total aujourd’hui. La composition de notre flotte routière aurait pu occasionner beaucoup plus de tragédies si la sensibilisation n’était pas faite. Avec une telle proportion de deux-roues, il est exceptionnel que nous affichions un taux de 11,2 morts sur les routes pour 100 000 habitants. En Malaisie, où le pourcentage de deux-roues motorisés est légèrement supérieur au nôtre, ce taux est de 25 morts. Cependant, je crains que l’indiscipline, le non-respect du code de la route et des autres usagers, le manque de formation pratique des automobilistes, des motocyclistes et des cyclistes, ainsi que la fatigue, ne soient en train de contribuer à l’augmentation des accidents.
Pensez-vous que le retrait du permis à points et l’arrêt des speed cameras depuis le début de l’année ait eu une influence sur le nombre d’accidents ?
Fort probablement. Le permis à points et les speed cameras, malgré les défauts qui leur sont reprochés, sont des outils dissuasifs. Sinon comment expliquer la baisse de 8% du nombre de personnes tuées sur nos routes en 2013 et 2014 par rapport à la moyenne des huit années précédentes ? Comment justifier, pour les mêmes périodes, la chute de 25% du nombre d’accidents mortels pour 1000 véhicules ? Cela dit, le nouveau système préconisé pourrait remplir les mêmes fonctions et, souhaitons-le, de manière plus efficace. Mais il faut qu’il soit mis en place dans les meilleurs délais. En ce qui concerne les radars fixes, ils sont utilisés comme un moyen de dissuasion et comme un outil pédagogique dans tous les pays développés. Cependant, ils doivent être placés dans les zones accidentogènes afin de ne pas être perçus comme des pièges à sous.
Y a-t-il des manquements au niveau de la loi et des automobilistes eux-mêmes ? Que faut-il faire selon vous pour que la situation s’améliore ?
La police dresse plus de 210 000 contraventions par an, ce qui montre que l’application de la loi n’est pas négligée. Cependant, il serait souhaitable d’augmenter le nombre de tests d’alcoolémie, car plus de 30% des accidents graves sont liés à la conduite en état d’ébriété. Il faudrait aussi revoir les lois pour permettre aux piétons de reconquérir l’espace qui leur est dédié. Souvent, ces derniers doivent marcher sur la chaussée parce que les trottoirs sont occupés par les marchands ambulants ou des véhicules. Les automobilistes ne sont pas les seuls à blâmer dans la situation actuelle. Tous les usagers de la route sont responsables.
Le chauffeur du van scolaire qui a fauché sept personnes à Pointe-aux-Sables a expliqué avoir fait un malaise au volant. Imposer un test médical aux conducteurs serait-il une bonne chose ?
Dans l’idéal, toute mesure qui assure que le conducteur d’un véhicule motorisé dispose de toutes ses facultés est une bonne chose. Toutefois, il faudra définir les critères sur lesquelles nous nous baserions pour faire ces tests médicaux. En Europe, la majorité des pays imposent les tests médicaux à partir de 70 ans. À Singapour, ce sont les chauffeurs de taxi et de bus qui y sont soumis avant l’obtention du permis. Des tests pour les chauffeurs professionnels seraient souhaitables chez nous aussi car ces derniers sont plus exposés aux risques d’accident en raison de la distance parcourue. Mais avant tout, nous devons déterminer quelles sont nos priorités. Dans le contexte où les motocyclistes peuvent rouler toute leur vie avec un learner’s licence, sans formation pratique, qu’est-ce qui est prioritaire ? Des tests médicaux pour les chauffeurs ou la mise en place d’une moto-école ?
Quel rôle joue votre association dans la lutte contre la mortalité routière ?
PRAT favorise la sensibilisation à la sécurité routière. Nous croyons que les accidents n’arrivent jamais par accident. Dans la mesure de nos moyens, nous prévenons les usagers des dangers en leur expliquant le pourquoi. Nous nous orientons surtout vers les jeunes et les enfants. Nous comptons plus de 40 actions depuis notre création en 2011. Nous avons été les premiers à marquer le World Day of Remembrance for Road Accidents Victims et la Semaine mondiale de la sécurité routière. Le thème de cette dernière, en mai dernier, était consacré aux enfants. À cette occasion, nous avons réalisé un clip de 3 minutes qui est visible sur Youtube.
Âge: 49 ans
Statut: marié, père de trois enfants
Profession: Senior Flight Purser
Parcours scolaire: il a étudié au collège du Saint-Esprit, à Quatre-Bornes, avant d’obtenir un Diploma in Airline Studies à l’Air Transport Development Institute et un Certificate in Teaching and Learning à l’Australian Catholic University.
Ses passions: la lecture, les voyages et les questions sociales.
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