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Alliance de l’Espoir : des espoirs et du désespoir

Les leaders de cette plateforme.

La nouvelle formation de l’opposition fait un peu grincer des dents dans les rangs du MMM et du PMSD… 

Ah, voilà le petit dernier ! Dans l’histoire des rapprochements, des koz-koze et des désirs politiques d’être ensemble, le nouveau-né, c’est l’Alliance de l’Espoir (regroupant le MMM, le PMSD, le Reform Party et Nando Bodha). Mais au lieu d’apporter cette joie qui accompagne, souvent, les naissances, ce regroupement aurait plutôt fait naître quelques ressentiments. Mais pas pour tous, bien sûr. Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval, Roshi Bhadain et Nando Bodha, les initiateurs de ce mariage de circonstance, eux, sont satisfaits et pleins d’espoir. Ils en ont fait part lors d’une conférence de presse conjointe, il y a quelques jours.

 

En précisant que la nouvelle plateforme regroupant leurs partis ne serait pas une… alliance, comme beaucoup l’entendent malgré son nom. Mais une plateforme de travail. «Quand le moment viendra, nous parlerons d’alliance électorale», a expliqué Paul Bérenger, précisant que l’Espoir pourrait bien accueillir un cinquième membre.  Reste que, dans les coulisses de cette nouvelle formation, ce rapprochement fait de manière officielle n’a pas donné que des envies de dragées.

 

Les Bleus auraient été les plus chamboulés. Car la plupart d’entre eux n’auraient pas été au courant de ce nouveau kole-sere. Cela aurait été la goutte qui aurait fait déborder l’abreuvoir du Coq, provoquant plusieurs départs, dont celui du député Salim Abbas Mamode, fortement agacé par plusieurs choses. Lors du Bureau politique qui a suivi ces démissions, un autre élu du PMSD aurait fait part de son agacement face à ce changement de scénario. «Il n’était pas content du tout. Il a confié que c’était vraiment dommage que le BP n’ait pas été consulté. Il a fait comprendre qu’il y a une différence entre proposer une opposition unie et se mettre en alliance», confie une personne présente à cette réunion. Pour elle, le PMSD devrait plutôt rester ouvert (le PTr peut très bien rester une option, avec Arvin Boolell comme leader) et travailler sur sa présence dans les différentes régions de l’île : «Il faut qu’on renforce ce qu’on a déjà. C’est sur le terrain que ça doit se passer. Pas dans les salons, pour s’allier avec des personnes qui ne sont pas stables.»

 

Les choses s'enveniment

 

Ce qu’elle craint : que les choses s’enveniment à la moindre divergence d’opinion des leaders. «Paul Bérenger est une institution mais nous connaissons ses travers», poursuit-elle. Au sein du MMM, en utilisant d’autres termes, c’est bien la même idée que l’on retrouve. «Je pense que les militants ont besoin de stabilité et d’apaisement. J’espère de tout cœur que ce sera le cas avec les nouveaux alliés», confie un membre de la famille mauve. Si Xavier-Luc Duval n’inquiète pas plus que ça, c’est Roshi Bhadain et sa «liberté de penser et d’agir parfois à outrance», qui font frémir la layette mauve. Pour troubler la quiétude du berceau, il y a aussi la présence de Nando Bodha dans cet amalgame politique : «Nous sommes nombreux à le voir comme un liability. C’est étonnant, non ? Surtout que, pour Paul Bérenger, il est hautement premierministrable.»

 

Pour notre interlocuteur, le fait qu’il ait été dans les arcanes du pouvoir et proche de la famille Jugnauth refroidit bon nombre de militants : «Et puis, je crois que l’inaction des Affaires étrangères face aux Mauriciens qui étaient stranded à l’étranger ne s’oublie pas comme ça. Mais if he walks the talk, on pourrait, bien sûr, revenir à de meilleurs sentiments.» Pour un jeune membre du parti, il y a bien un peu de tout ça qui a provoqué l’accueil un peu froid de cette alliance. Mais pas seulement : «Il n’y a pas eu de discussions, de partages. La décision a été prise par des happy few… encore une fois. Je pensais que le passé avait apporté son lot de leçons. Je constate que peu d’entre elles ont été retenues.»

 

Surtout qu’une alliance est, selon lui, une réponse un peu simpliste à la problématique actuelle : «Les Mauriciens sont inquiets, ils ne voient pas la lumière au bout du tunnel ; il faudrait leur proposer une autre forme d’espoir : des réflexions constructives, des solutions viables… Le MMM a tout ça mais préfère se concentrer sur une alliance !» Une proposition simpliste alors que la situation complexe demande de la… complexité, regrette-t-il. Néanmoins, il estime que faire preuve d’espoir, c’est y croire malgré tout : «Franchement, tout est mieux que ce gouvernement incompétent que nous avons, de toute façon !» C’est un point de vue qu’appréciera… le petit dernier.

Yvonne Stephen

 


 

Ils s'interrogent sur le futur

 

Il faut faire attention et prendre ses responsabilités. C’est ce qu’ont déclaré Paul Bérenger, Nando Bodha, Roshi Bhadain et Xavier-Luc Duval le samedi 8 mai, lors de la conférence de presse de l’Alliance de l’Espoir. Il était beaucoup question de la situation sociale, sanitaire et économique du pays. «Il faut faire attention à ce qu’on ne devienne pas comme le Brésil (…) où la drogue et la corruption ont tout fini. Pour arrêter cette descente aux enfers où nous sommes, il faut que ce gouvernement s’en aille au plus vite», a soutenu Paul Bérenger. Il a aussi parlé du renvoi des élections municipales à cause de la crise sanitaire : «Nous condamnons le fait que ces élections ont été renvoyées sans que le gouvernement prenne l’engagement que ces élections se tiennent dès que possible.» 

 

De son côté, Nando Bodha a parlé d’une «situation sanitaire hors de contrôle», tout en confiant sa crainte d’une troisième vague. Il a également parlé d’une «cartellisation» du milieu de la drogue, avec «blanchiment et connexion politique». Roshi Bhadain se demande, lui, où en sont les précédents gros cas de saisies de drogue. Pour lui, le fait que le Premier ministre vienne féliciter la récente grosse saisie n’est que «de la poudre aux yeux (…)». Est-ce qu’il y a une volonté de vraiment combattre la drogue ? s’interroge-t-il. «On n’arrive jamais à avoir les gros poissons…»

 

Xavier-Luc Duval, pour sa part, s’est attardé sur le récent rapport du Fonds monétaire international sur Maurice, disant, entre autres, que le taux de croissance a été revu à la baisse par le Fonds, par rapport aux prévisions du gouvernement.

 

Stephane Chinnapen